L’enquête administrative du Centre de réadaptation de la Cité-des-Prairies a mené au congédiement de quatre employées, dont deux pour inconduites à caractère sexuel. C’est ce qu’a révélé mardi Assunta Gallo, directrice de la protection de la jeunesse au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.
D’autres licenciements pourraient suivre, selon ce qu’a déclaré le directeur par intérim des ressources humaines au CIUSSSValérie Jacob.
En matière d’inconduite à caractère sexuel, Mme Gallo a confirmé qu’au moins une relation complète a eu lieu entre une employée et une jeune, dont a résulté une grossesse. Et il y a eu d’autres situations d’inconduite et d’abus sexuels.
À la suite de cette enquête, deux dirigeants sont également suspendus avec salaire.
Au total, 24 signalements, relatifs à des jeunes résidant présentement à la Cité-des-Prairies, ont été faits à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
Des cas d’abus sexuels plus ou moins graves ont été signalés, ainsi que des situations de comportements inacceptables qui ne sont pas nécessairement de nature sexuelle.
Certains rapports n’ont pas été retenus, a indiqué Mme Gallo, et certaines situations sont encore en cours d’évaluation.
Livrés en conférence de presse mardi à Montréal, les résultats de l’enquête administrative ont souligné que la loi du silence prévalait au centre de la Cité-des-Prairies. Les employés avaient peur de signaler des situations inappropriées par crainte de représailles.
Jason Champagne, directeur du programme jeunesse (dont le bureau est maintenant situé dans les locaux du centre) affirme que ce climat a été brisé
dès que la situation aura été portée à la connaissance des responsables. Tous les membres du personnel ont été rencontrés. Et nous avons demandé et exigé [du personnel] qu’il fasse les rapports nécessaires, qu’il s’agisse de situations présentes ou passées, a-t-il précisé.
Selon Assunta Gallo, sortir publiquement pour encourager les gens à dénoncer toute situation problématique est l’une des stratégies.
Les révélations faites par La presseen octobre dernier, a donné lieu au lancement de cette enquête administrative qui s’est déroulée du 1er octobre au 14 novembre. Une cinquantaine de témoins ont été rencontrés, 80 documents ont été analysés et des visites inopinées sur le terrain ont été effectuées.
De son côté, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a ouvert une enquête sur ces allégations, qui pourrait conduire à des poursuites pénales.
Des jeunes souffrant de graves problèmes
Située au nord-est de l’île, la Cité-des-Prairies accueille 158 jeunes âgés de 12 à 21 ans; cas graves auprès de la Direction de la Protection de la Jeunesse (DPJ). Certains d’entre eux présentent de graves problèmes de comportement allant de la toxicomanie à des fugues répétées en passant par une agressivité marquée. D’autres ont commis des crimes graves, notamment des meurtres, du trafic de drogue et du proxénétisme, ou ont utilisé des armes à feu. Certains sont en garde à vue.
D’après ce qu’illustre l’enquête, les rapports ne sont pas non fait comme prévu à la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ)
à la Cité-des-Prairies. Le soutien clinique est déficient. La majorité du personnel éducatif en milieu de garde est composée de jeunes femmes inexpérimentées. Enfin, il y a une perte d’expertise, les éducateurs expérimentés quittant leur rôle.
Par conséquent, le DPJ je ne peux pas le faire exercer pleinement son mandat
disent les auteurs du rapport.
Une sécurité pleine de failles
Le centre de réadaptation de la Cité-des-Prairies accueille 158 jeunes âgés de 12 à 21 ans. Certains d’entre eux présentent de graves problèmes de comportement allant de la toxicomanie, des fugues à répétition et une agressivité marquée. D’autres ont commis des crimes allant du vol à l’homicide.
Photo : La Presse Canadienne / Christine Muschi
De plus, les enquêteurs ont découvert que beaucoup d’objets interdits entrent
dans l’établissement : drogues, téléphones portables, armes artisanales. Ils proposent d’ajouter des détecteurs de métaux et une arche de sécurité à l’entrée du centre. Mais dans le rapport, douze des recommandations relatives à la sécurité ont été copieusement expurgées.
L’enquête n’a pas permis de recueillir des indices quant à une éventuelle infiltration de gangs de rue dans le centre de réadaptation. Il n’a pas non plus été possible d’établir si les employés pouvaient avoir agi sous la menace de gangs de rue.
Un peu plus de 300 personnes travaillent à la Cité-des-Prairies, dont des éducateurs. Le rapport recommande de vérifier systématiquement les antécédents
de ces derniers, avant leur embauche. Valérie Jacob, directrice par intérim des ressources humaines, estime que l’entrée en vigueur de Santé Québec aidera considérablement à cet égard, puisque tout le monde a maintenant le même employeur.
Jason Champagne promet pour sa part que les recommandations du rapport seront suivi de très près
par la direction générale du centre, par le conseil d’administration, par le comité de vigilance et par Leslie Hill, la nouvelle directrice nationale de la protection de la jeunesse.
La même ouverture de l’enquête administrative a soulagé le personnel de la Cité-des-Prairies, a ajouté M. Champagne : nous nous sentons soulagés de pouvoir parler de situations qui ont pu être difficiles ces derniers mois et années
» ont déclaré les employés.
De graves lacunes organisationnelles
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) a réagi en affirmant que le le rapport révèle de graves déficiences organisationnelles, résultat d’une mauvaise gestion et d’un manque de soutien administratif
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Tout en appelant le gouvernement à investir massivement, le syndicat affirme qu’une formation appropriée, un encadrement clinique et une gestion proactive des ressources humaines sont des remparts contre ces situations inacceptables et évitables
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Avec les informations de La Presse Canadienne
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