De retour d’une blessure aux côtes, l’international néo-zélandais a mis à rude épreuve la défense de Glasgow dimanche dernier, inscrivant notamment un doublé au terme d’un intense bras de fer (30-29). Le centre, au profil « rare » selon l’entraîneur des trois-quarts Andrea Masi, est devenu, au fil des mois, l’une des clés de voûte de l’attaque toulousaine.
A Toulon comme ailleurs, il y a toujours unn côté mystique de voir un All Black arriver parmi les siens. Débarqué il y a deux ans sur la rade, avec un curriculum vitae plus que parfait (vice-champion du Monde, vainqueur de trois Super Rugby et meilleur buteur de la compétition en 2022-2023 avec 13 essais en autant de matches), Leicester Fainga’ Anuku n’aura pas déçu, comme certains avant lui, les dirigeants et supporters varois. L’international néo-zélandais (7 sélections) réalise cet exploit dans une position de trois-quarts centre inattendue.
Ailier le plus efficace en Super Rugby pour les Crusaders sous la houlette de Scott Robertson, devenu depuis l’entraîneur des All Blacks, le natif de Nuku’alofa (Tonga) a eu l’intelligence, en concertation avec le staff varois, de s’adapter au jeu joué dans l’hémisphère nord. A Toulon, lors de ses premières apparitions en Top 14, il a été placé dans le couloir avec consigne “aller chercher du travail”.
Au final, l’intéressé s’est retrouvé dans un juste milieu, tiraillé entre l’attente de ballons qui n’arrivaient pas toujours sur l’aile et un rôle pas vraiment assimilé dans le jeu actuel. Depuis février dernier, Pierre Mignoni et ses adjoints ont enfin pris une décision claire : Fainga’anuku est devenu le point d’ancrage au centre du jeu. Pour quelles raisons ? « Parce que Leicester est un joueur qui change tout sur le terrain, admet Andrea Masi. Vous voulez le voir, autant que possible, avec le ballon dans les mains. Son plus grand atout, comme chacun peut le constater, c’est sa force de contact.
Masi : “Je n’ai jamais été dans un trois-quarts aussi puissant”
Au cœur des débats, le fils de Malakai Fainga’anuku, ancien pilier international tongien, peut ainsi affirmer son pouvoir à plusieurs reprises de suite. « Il a vraiment un physique unique, poursuit son coach. Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit capable de suivre le rythme imposé par Glasgow. C’est un gars spécial, un gars spécial. C’est un gars qui revient comme s’il n’avait jamais été blessé. efficacité en jeu direct C’était notre plan contre Glasgow, ce qui est le cas. une équipe à l’aise en défense de l’extérieur Dans ces cas-là, Leicester est redoutable car il prend systématiquement le dessus face à ses adversaires directs, et ce même lors des séances de ‘pick & go’.
C’est dans ce domaine qu’il a inscrit son premier essai dimanche dernier. Une spécialité maison qui s’était déjà révélée l’année dernière, notamment face à Paris. « Je n’ai jamais eu ni connu un trois-quarts aussi puissant. Mais il ne faut pas seulement parler de pouvoir. Il est capable d’attaquer l’épaule droite, ou le bon espace. En fait, il attaque au bon endroit et ensuite il fait confiance à ses jambes et à ses cuisses. Ses jambes lui permettent toujours, même à l’arrêt, de gagner des mètres face à n’importe qui. Mais Leicester est bien plus qu’un joueur puissant. “
Cependant, c’est sous cet aspect qu’il est utilisé le plus souvent. Durant son absence, les Varois ont également mis beaucoup plus l’accent sur le jeu de mouvement avec des centres aux caractéristiques différentes. “C’est vrai, concède l’Italien, qu’on aimerait aussi utiliser un peu plus les qualités de Leicester dans ce sens. Tout dépend aussi du plan de jeu. Je vous assure que Leicester sait faire les deux. C’est un garçon brillant dans les déchargements. Contre Glasgow, nous avions un plan clair : jouer un match direct. Nous avons décidé de moins déplacer le ballon par rapport aux Stormers (Fainga’anuku n’était pas là pour assister à la naissance de son fils, NDLR). Leicester aime donner vie au ballon, notamment parce qu’il a été formé à la culture néo-zélandaise, car il aime jouer par contact. Il sent le jeu et sait gérer le tempo. Parfois, il sent que le ballon est lent et qu’il doit avancer. Quand les ballons sont rapides, comme lors du deuxième essai contre Glasgow, il sait aussi attaquer les espaces. Leicester est utile car il peut changer sa façon d’attaquer par rapport à ses adversaires. Il y aura Pau ce week-end, qui a une défense différente de celle de Glasgow. Ce que j’aime, c’est avoir une équipe capable de s’adapter à ce qui se passe devant elle. Leicester fait partie de ce rugby et nous sommes vraiment heureux de l’avoir parmi nous. Pour encore quelques mois.
Fainga’anuku vit en effet ses derniers instants à Toulon après avoir répondu à l’appel du pays et des Croisés dans le but de disputer la Coupe du Monde 2027 en Australie. Entre--, lors de son discours d’adieu à ses partenaires, il a annoncé qu’il comptait rentrer dans son pays natal avec une médaille autour du cou. Un souhait qu’il souhaite également réaliser pour entrer définitivement dans le cœur des Toulonnais.
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