Les lucarnes ouvertes aèrent à peine l’odeur âcre. Elle imprègne encore la cage d’escalier du 14, rue du Commerce à Poitiers. Elle imprègne encore les appartements après l’incendie criminel du dimanche 15 décembre 2024 (1). Cela imprègne également les esprits. Comme un rappel permanent du drame. “J’ai tout le - peur maintenant” nous dit un riverain qui va porter plainte pour les besoins de l’enquête ouverte.
Peur du feu. Peur de ceux qui voulaient ça. « Ils ont quand même tiré sur la porte pour mettre le scooter et les chariots. Nous avons dû sortir par la fenêtre de l’appartement voisin. »
L’enquête permettra de savoir si l’idée de vengeance, sur fond d’endettement visant un jeune hébergé dans l’un des appartements de l’immeuble, est la bonne.
« Je suis dans le quartier depuis plus de quarante ans, mais maintenant j’ai envie de partir. Nous n’avons jamais vécu des choses pareilles, ce n’est pas possible. »
Les vidéos de l’incendie sont impressionnantes. Ils alimentent la peur mais aussi les interrogations sur la montée rapide des flammes.
Façade éclairée
Les deux couches croisées d’isolant extérieur en polystyrène ont pris feu jusqu’au faîte du petit bâtiment. A l’arrivée des pompiers, elle éclaire toute la façade, perçant sous le parement.
Le sol de la cage d’escalier a été nettoyé lundi 16 décembre au matin. Les portes et les plafonds restent sales de suie. Et l’entrée est à ciel ouvert. « En même -, il leur suffisait de tirer fort sur la porte pour l’ouvrir ! »
« Les pneus étaient entassés là depuis des mois ! »
Elle pointe du doigt le petit dôme noirci. Ce n’est pas de la suie qui recouvre les inutiles caméras de surveillance du stationnement souterrain de la résidence Acadie. C’est de la peinture !
“Ils sont tous comme ça” nous raconte un riverain qui nous guide dans ce parking touché par un incendie, lundi, en fin de journée.
C’était là, à l’emplacement n°. 20, qu’un énorme stock de pneus automobiles était intronisé. C’est là que des pneus ont pris feu, libérant une épaisse fumée grasse. Une quarantaine de pneus ont été démontés par les secours.
« Cela faisait des mois qu’ils s’entassaient là-bas. On l’a signalé à Ekidom, on leur a même envoyé des photos (lire ci-dessous). Tout le monde entre dans ce parking. Les portes de la résidence, peu importe combien ils les réparent, elles s’ouvrent toutes seules ! Et pour pouvoir accéder au parking après, soit ils ont un pass, soit ils bloquent la porte. »
Un thriller à la porte
Trois fois la fin du mondecela ne s’invente pas, mais c’est bien le titre du grand thriller, coincé dans la porte pour en garder l’accès ouvert. Le sas est encombré de canettes et de bouteilles de bière. Comme le reste du parking déserté par les voitures.
“Ils se retrouvent là-bas”, témoigner des locataires de la résidence. Ils ? “Les squatteurs!” C’est devenu bien pire ici, tu sais. »
(1) Le septuagénaire évacué dans un état grave était toujours hospitalisé mardi, sous respiration artificielle.
« Le bâtiment répondait à toutes les normes »
Ekidom est sur le pont depuis dimanche matin auprès des services sociaux. Faire face à l’urgence en trouvant des solutions de relogement pour les occupants des trois logements les plus touchés. Le fils du septuagénaire hospitalisé a préféré se débrouiller tout seul. Après quelques nuits en hôtel, pas toujours prises en compte par l’assurance, un relogement définitif attend les deux autres familles. « Ils sont très satisfaits de l’accompagnement », commente Ekidom. Il faudra environ six mois pour espérer réhabiliter les logements.
Le hall d’entrée devra également être réparé et la façade brûlée retravaillée.
« Le bâtiment répondait à toutes les normes en vigueur au moment de sa construction. L’isolation aussi. Son installation date de 2012. Les normes évoluent constamment. Aujourd’hui, nous installons de la laine de roche comme isolant. »
Ekidom souligne au passage que le désenfumage et les détecteurs de fumée ont bien fonctionné lors de cet incendie criminel.
A la résidence Arcadie, Ekidom a rencontré une difficulté pour évacuer le stock de pneus. « Le problème, c’est que personne ne voulait en prendre autant. Avant, il y en avait entre 80 et 90. Les agents les ont évacués petit à petit, cinq par cinq. Nous ne savons pas pourquoi il y a eu cette livraison. De toute façon, cela ne dépendait pas de la personne disposant de cette place de parking. »
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