A Bidart, la « Zone d’aménagement différé (ZAD) du centre », créée en 2008 par arrêté préfectoral à la demande de la commune, pour la future extension du centre-ville, puis transférée à l’Agglomération Pays Basque, a été sacrifiée. sur l’autel de l’écologie ? Elle comprend plusieurs parcelles et s’étend sur près de 10 hectares… Dont 1 hectare appartenant à la copropriété de la famille Bernateau. Comme toutes les ZAD, celle de Bidart permet à la collectivité de bénéficier d’un droit de préemption particulier, qui la protège d’une flambée des prix dans le but d’aménager le foncier comme elle le souhaite.
Reste à savoir si cette évolution reste sur la bonne voie. Jean-Pierre Bernateau regrette en tout cas de ne plus être prophète sur ses terres, voisines du camping Erreka. Acquise par son grand-père en 1939, cette parcelle est restée « simplement » constructible jusqu’à la création de la ZAD, il y a quelques années. Un zonage qui a compliqué les choses pour la première fois.
Depuis, Jean-Pierre, ancien patron de la discothèque La Licorne – mais toujours copropriétaire des lieux – a dû s’adresser à l’Agglomération Pays Basque, chargée de la politique du logement et de la ZAD sur l’ensemble de son territoire. « A l’origine, c’était 4 hectares de terrain que mon grand-père souhaitait léguer à sa famille. Mes enfants et petits-enfants pourraient ne pas en bénéficier », craint Jean-Pierre.
Tentatives infructueuses
Il faut dire qu’à ce stade, les projets lancés ici ont tous été balayés. Le Crédit Agricole s’est penché sur la question. Mais l’établissement public foncier local (EPFL, chargé du « stockage » des terrains pour la collectivité) a préempté : « Au lieu de 444 euros le m², comme sur les terrains voisins, notre copropriété est passée à 50 euros le m². Nous avons dû arrêter sa vente», regrette Jean-Pierre Bernateau. Sagec aurait également présenté un projet. Mais en vain. Au grand désespoir de l’ancien patron de boîte de nuit.
Cependant, un énième développeur aurait prévu de présenter un nouveau projet à la communauté. Probablement début 2025, selon nos informations. Une opération de la dernière chance aux yeux de Bidartar et des autres propriétaires fonciers de cette ZAD. A moins qu’il ne s’agisse simplement d’une rencontre dans le vide. « En octobre, nous avons appris que la loi Zero Net Artificialisation (ZAN) allait réduire nos possibilités de faire avancer un projet ici », poursuit Jean-Pierre. Il faut dire que le ZAN vise à freiner l’artificialisation des sols (lire par ailleurs).
Proche du centre
Pourtant, le terroir d’ici n’est pas celui d’ailleurs, selon notre propriétaire. « Notre terrain est non loin du centre ville et facilement viabilisé. Lorsque Jean Jaccachoury était maire de la commune, il avait promis d’y construire des maisons pour loger les jeunes de Bidart. Aujourd’hui, les discours en faveur du logement ne manquent pas, mais l’Agglomération ne semble pas intéressée par ce terrain. Je ne comprends pas. »
Pas si simple. Car dans une lettre que « Sud Ouest » s’est procurée, le maire d’Anglet, Claude Olive, ne semble pas avoir le choix. Et l’édile ne laisse pas beaucoup d’espoir aux propriétaires, en sa qualité de vice-président de l’Agglomération chargé des actions foncières. « Le projet d’extension du centre-ville souhaité par la commune de Bidart et soutenu par la Communauté urbaine n’est actuellement plus envisageable », écrit-il. La faute au principe de la ZAN, selon le maire d’Anglet : « Les terrains classés comme les vôtres, en zone à urbaniser à court ou moyen terme au PLU 2011 de Bidart, ne peuvent plus être ouverts à l’urbanisation. »
L’élu d’Anglet exprime les regrets de l’Agglomération : « Le projet [de la ZAD du centre, NDLR] doit permettre à nos territoires de produire les logements, les équipements publics et les espaces de vie dont nous avons tant besoin. » Et l’élu accuse une nouvelle fois le ZAN dans sa lettre.
Hier…
Avant la guerre, le grand-père de Jean-Pierre accueillait ici les vaches d’un fermier, en échange de quelques litres de lait de - en -. Bien plus tard, des maisons et autres résidences surgirent tout autour. Ensuite, le petit-fils a loué son terrain au camping… Avant de dénoncer ce bail pour restituer en zone 1AU2 (« à urbaniser ») ce terrain que les services de l’urbanisme avaient transformé en zone de camping, donc impropre à la construction.
« Le choix a été fait par l’État de demander aux communes de restituer un certain nombre d’hectares. Bidart se retrouve dans cette situation, comme Anglet, Boucau, Bayonne et d’autres, rappelle Claude Olive. Nous ne faisons qu’appliquer la loi. Rien qu’à Anglet, il faut restituer 110 hectares. Le ZAN a souvent été débattu. Un autre Premier ministre vient d’arriver (François Bayrou, NDLR). Attendons. Et parlons-en. Parce que ce n’est pas un petit sujet. »
D’ici là, d’autres Bidartars refuseront peut-être de « brader » leurs terres, comme les Bernateau. «Des propositions d’acquisition ont été envoyées par l’EPFL aux propriétaires», rappelle le bourgmestre de Bidart, Emmanuel Alzuri. Certains acceptent, d’autres, comme la famille Bernateau, ne souhaitent pas aller jusqu’au bout. […]. C’est dans le respect de l’impératif réglementaire de réduire l’artificialisation des espaces naturels et agricoles que l’Agglomération a répondu à la famille Bernateau. »
Et la nature de faire valoir ses droits au détriment du logement et des services, demande de trouver refuge ailleurs : sur une ancienne friche ou selon le précepte de la ville bâtie sur la ville.
Je vais
Quid de l’horizon 2031, fixé par la loi climat ? A ce stade, il est toujours prévu de réduire de moitié la consommation des espaces naturels et forestiers avant cette échéance. C’est le principe de la Zero Net Artificialisation (ZAN), qui fixe l’objectif ultime de ne plus consommer les terres sans compensation, d’ici 2050.
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