Un instant »historique” et “chaotique» : ces deux mots reviennent à plusieurs reprises dans la presse étrangère, notamment dans la Tribune de Genèvele soir ou Journal sud-allemand. Depuis mercredi 4 décembre, au soir, tous les grands titres proposent en direct sur leur site, pour suivre minute par minute la dramaturgie de l’Assemblée et la chute du gouvernement.
Jeudi matin, la presse et les médias étrangers continuent de commenter cette séquence inédite. Comme Rai, qui parle d’un ‘»Crise italienne» – une expression qui traduit un certain sentiment de revanche et d’ironie face au modèle français tant vanté pour sa stabilité, tout en faisant référence aux années 2010, où la péninsule connaissait aussi cette combinaison d’instabilité politique et de fragilité économique. Pour mémoire, Michel Barnier aurait dû être à Rome ce vendredi 6 novembre pour rencontrer la Première ministre, Giorgia Meloni.
En Espagne, Le pays se moque, sur un autre registre : ce mercredi 4 décembre, écrit le quotidien de centre-gauche, « La France a vu se terminer une opérette dont tout le monde connaissait le dénouement dès le jour où elle a commencé. »
Pour la plupart des journaux, la censure du gouvernement Barnier marque sa défaite, mais surtout la victoire de Marine Le Pen. Le patron du RN »a mis le gouvernement à genoux» considère le site Politico. Frankfurter Allgemeine Zeitung estime pour sa part que «Barnier a peut-être fait de grosses concessions (…) Elle l’a mené par le nez». Beaucoup considèrent que c’est grâce au Premier ministre que ce parti anti-immigration, considéré depuis des décennies comme un danger pour la démocratie et qu’il faut à tout prix tenir à l’écart de la politique générale, a, pour la première fois en 50 ans d’histoire, été traités sur un pied d’égalité.
» La tactique de Marine le Pen pourrait lui permettre de remporter la prochaine élection présidentielleà l’avance Le spectateur. Mais attention au “politique de la terre brûlée », juge Matthew Lynn dans le magazine britannique. “La réponse du RN est de dépenser encore plus» : «elle héritera d’une économie en lambeaux – et ce sera entièrement de sa faute« .
Le principal responsable de ce chaos est évidemment Emmanuel Macron, qui en prend largement pour son grade. La plupart des médias reviennent sur la dissolution du 9 juin, une «coup de poker présidentiel» pour l’hebdomadaire allemand Stern, un «folie” pour le - Financier, ce qui vaut au chef de l’Etat un nouveau surnom : le «saboteur de la Ve République» (expression du Süddeutsche Zeitung). Greenhouse Courier a fait cette observation définitive : «Le macronisme est mort».
Un mois après l’implosion de la coalition d’Olaf Scholz en Allemagne et quelques semaines avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump à la Maison Blanche, cette crise française arrive au pire moment.
Le FTcomme d’autres, s’inquiète de l’affaiblissement de la France, véritable risque pour l’Europe. Le quotidien britannique décrit «un président de la République bouleversé par les événements, incapable de les contrôlerr », à l’heure où l’Europe a justement besoin de «d’un leadership fort« dans ses principales capitales. Or, comme l’explique l’ARD, la simultanéité des crises gouvernementales en France et en Allemagne est «un pur poison pour la stabilité de l’ensemble de l’Union européenne« .
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