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Sur les cartes, ces quartiers bretons où plus d’un habitant sur trois vit dans la pauvreté

Leur nom rejoint parfois celui d’un immeuble ou d’une avenue très fréquentée. D’autres, au contraire, apparaissent plus rarement dans les quartiers auxquels on pense lorsqu’on parle d’une ville. Ces quartiers sont ceux d’une dizaine de communes bretonnes, dans lesquelles plus de trois habitants sur dix vivent sous le seuil de pauvreté.

« Les taux de pauvreté moyens au niveau des départements ou des grandes villes cachent parfois d’énormes disparités locales », rappelle l’Observatoire des inégalités, dans son rapport sur la pauvreté qui vient d’être publié. Entrer dans ces détails urbains reste cependant plus rare et suscite parfois des craintes de stigmatisation. « Loin de pointer les territoires les moins dynamiques ou les plus mal gérés, cette cartographie permet d’identifier là où les besoins sont les plus aigus en termes de politiques publiques de lutte contre la pauvreté », souligne sur ce point l’association.

Rennes et Brest abritent les quartiers les plus pauvres

Tout d’abord, une évidence : les villes de Rennes et Brest comptent le plus de quartiers marqués par une très forte pauvreté, tant en nombre qu’en intensité. A Rennes, près de l’allée de Brno, quartier Maurepas, deux habitants sur trois sont pauvres, selon le seuil habituellement retenu par l’Insee (voir encadré en fin d’article). Cette proportion très marquée, qui n’est pas la norme en Bretagne, s’apparente au niveau de pauvreté mesuré dans certains quartiers défavorisés de Marseille, comme La Castellane.

Toujours à Rennes, Dalle Kennedy, à Villejean, ou Torigné, au sud de la ville, comptent plus d’un habitant sur deux vivant sous le seuil de pauvreté. A Brest, les quartiers de Pontanézen et Kerangoff abritent une proportion similaire de pauvres, soit environ 50 % de la population.

Ces lieux correspondent à un zonage INSEE, déterminé en fonction d’une certaine homogénéité des logements et de limites urbaines significatives (routes, voies ferrées, parcs, etc.). Parfois plus spécifiques qu’un quartier ordinaire, ils ont l’avantage d’héberger une population comparable, de 1 200 à 3 600 habitants. Les taux élevés ne peuvent donc pas s’expliquer par le seul effet d’un faible nombre de personnes y résidant.

Moins de 730 euros par mois

Vannes, Lorient, Saint-Brieuc et Quimper comptent également un quartier dans lequel au moins une personne sur deux est pauvre. A Vannes, une partie de Kercado est concernée. Le parc du Scorff à Lorient, la Ville-Oger à Saint-Brieuc, la place d’école à Quimper ont également cette proportion.

Dans tous ces quartiers, les 10 % d’habitants les plus pauvres vivent avec moins de 730 euros par mois. Même sans cibler les revenus extrêmes, le faible niveau de ressources vitales est perceptible : sur tous les habitants de ces lieux, la moitié vit avec moins de 1 200 euros par mois.

Toutes ces zones de grands centres urbains couvrent, en partie, un territoire désigné quartier prioritaire de la ville (QPV). Logique : le périmètre de ces QPV dépend des revenus des habitants. Des niveaux de pauvreté élevés chevauchent donc en partie ces zones identifiées.

A des niveaux légèrement inférieurs, mais toujours très marqués, la zone Nord-Ouest de Guingamp (22), qui couvre notamment le quartier Castel-Pic, compte près de quatre habitants sur dix (39%) vivant dans la pauvreté. Un peu plus loin, une autre zone intégrant le Roudourou et la Madeleine compte un tiers (33%) de pauvres.

Au total, sept communes bretonnes abritent un quartier avec un taux de pauvreté d’au moins 33 %. Au-delà de ce seuil significatif d’un tiers, quelques autres villes de taille moyenne, moins souvent associées aux problématiques de pauvreté, se démarquent. A Saint-Malo (35), plus de trois personnes sur dix (32%) vivant dans le quartier Découverte sont pauvres. A Fougères (35), celui de Cotterets affiche le même tarif. Enfin, Lanester (56) rappelle que la précarité n’est pas seulement une question de distance, dans certaines villes : le quartier centre-ville affiche le même taux.

D’où viennent ces cartes ?
En juillet 2024, l’Insee a publié des statistiques sur les revenus et la pauvreté par zone Iris en 2021. La géographie des quartiers est diffusée par l’IGN. Les cartes et données présentées dans cet article se basent sur ces chiffres, après avoir isolé les quartiers où le taux de pauvreté atteint 33%.

Le seuil de pauvreté dépend des ressources disponibles après impôt pour un adulte (le niveau de vie) dont dispose la moitié de la population. Il est d’usage de fixer le seuil de pauvreté à 60 % de ce niveau de vie médian. En 2022, cela correspond à 1 216 euros par mois pour une personne seule.

 
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