C’est un refus catégorique qui risque d’enliser encore davantage le débat lors des prochaines auditions de la
procès des viols de Mazan. Depuis plus de deux mois, 51 hommes sont jugés pour viols commis sur Gisèle Pelicot. Une affaire hors du commun qui se joue devant le tribunal correctionnel du Vaucluse.
Le mercredi 13 novembre 2024, le Dr Philippe Darbourg, expert psychiatre, a livré des analyses suscitant autant de perplexité que de polémique. Ses conclusions sur les sept derniers prévenus, jugés cette semaine, ont également relancé les débats sur leur profil et les risques de récidive.
Le refus de l’expert sous le feu des critiques
Le Dr Philippe Darbourg, psychiatre expérimenté de 75 ans, a affirmé que les sept hommes examinés ne présentaient pas non plus « troubles psychopathologiques ” est ” tendances sexuelles déviantes « . Il a insisté : aucun ne peut être qualifié de « agresseur sexuel « . Or leurs actes, filmés à leur insu, démontrent des relations sexuelles avec une victime inconsciente. Deux d’entre eux sont poursuivis pour détention d’images pédopornographiques. Des contradictions alimentant les tensions, notamment avec l’avocat de la victime, Me Stéphane Babonneau, qui a interrogé l’expert sur les limites de ses conclusions.
Des éléments inquiétants mais une analyse inchangée
Parmi les accuséNicolas F., ancien journaliste de 42 ans. Lors de l’audience, le Dr Darbourg a découvert que ce dernier possédait plus de 200 vidéos pédocriminelles, zoophiles ou sadomasochistes sur son ordinateur. Des images qu’il nie également avoir téléchargées. Toutefois, malgré la gravité de ces éléments, le médecin à la retraite maintient son analyse. “Il y a un contraste entre votre position et l’image du pénis dans la bouche de Mme Pelicot, inconsciente”, a souligné Me Stéphane Babonneau, avocat de la victime. “Cela confirme la notion d’une sexualité incertaine avec un comportement exploratoire quelque peu malsain” a-t-il admis.
Des actes graves mais des profils « positifs »
Charly A., 30 ans, jeune cariste, illustre également ce décalage. En 2016, lorsqu’il débarque pour la première fois chez les Pélicots, il n’a que 21 ans. Il reviendra dans le couple à six reprises, jusqu’en 2020. Selon l’expert, il s’agit d’un homme qui a agi dans des « circonstances particulières ». Malgré ces éléments inquiétants, l’expert persiste à croire qu’il ne correspond pas non plus au profil d’un violeur en série.
Une définition à repenser face au refus des experts
Cette audience remettait ainsi en cause la définition même d’un « agresseur sexuel ». Le Dr Darbourg réitère son refus. Selon lui, aucun signe clinique n’indiquait que ces hommes étaient parmi eux. Il a souligné l’importance de son rôle d’expert. « Préciser un risque de récidive et différencier un agresseur sexuel circonstanciel et habituel » a-t-il noté. Cette distinction, bien qu’essentielle, suscite de vives critiques de la part de la partie civile, qui y voit une minimisation des faits. En effet, l’avocat de Gisèle Pelicot a insisté sur la répétition des faits et leur gravité. ” N’est-ce pas la définition d’un agresseur qui doit être revisitée ? » a-t-il plaidé.
Manipulations en arrière-plan
Un autre point évoqué lors du procès concerne l’influence de Dominique Pelicot. Le Dr François Amic, qui a interrogé dix prévenus plus tôt dans l’affaire, estime que ces hommes pourraient avoir été manipulés. “A mon avis, il y a eu un mensonge : M. Pelicot n’a dit à personne que sa femme était droguée” dit-il. Suggérant, au passage, que bon nombre des accusés étaient en « un deuxième État »
face à la situation. Une hypothèse contestée qui apporte un éclairage différent sur le comportement des acteurs. En effet, ces derniers étaient décrits comme « fasciné » et sans réelle conscience de la gravité des actes commis.
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