«Si nous n’avons pas saisi cette opportunité, c’est parce que nous étions fous», explique Cécile Lumello, première adjointe de Bassillac-et-Auberoche. Cette opportunité a un visage et un nom, ceux d’Anthony Michaud, un habitant de la commune. Ce futur médecin généraliste, père de famille de 39 ans en reconversion, est actuellement en troisième année à la faculté de médecine de Limoges.
Il lui a proposé de s’installer durablement dans son village natal à la fin de ses études, dans six ou sept ans. En échange, il demande une aide financière au Conseil municipal pour l’aider à compléter ses études.
Préparez l’avenir
Depuis octobre, le futur médecin a perçu 500 euros par mois pendant dix-huit mois. Il pourra alors solliciter une aide de l’État via le Contrat d’Engagement de Service Public (CESP). Il prévoit le versement aux étudiants en médecine, à partir de la quatrième année, d’une allocation mensuelle. « 95 % à 100 % des demandes sont acceptées », assure Anthony Michaud.
Mais si une déception devait se présenter à lui, le Conseil municipal de Bassillac-et-Auberoche est prêt à le soutenir plus longtemps. La mairie lui a également demandé de trouver un deuxième étudiant en contrat, pour préparer l’avenir.
La commune de 4 500 habitants compte trois médecins généralistes, mais ils ont tous plus de 60 ans. “En l’état, nous ne sommes pas considérés comme un désert médical, mais cela pourrait arriver très vite si nos médecins décident d’arrêter”, projette Cécile Lumello.
Avec ou sans cet accord, Anthony Michaud souhaitait quand même exercer sa nouvelle activité dans sa ville natale : « Tout le monde est gagnant. »
Infirmier jusqu’en 2023, il a exercé au bloc opératoire de Périgueux et comme médecin libéral. « Cette année-là, en janvier, j’ai lu un énième article sur la reconversion et je me suis dit que c’était maintenant ou jamais », confie-t-il.
“Nous ne sommes pas considérés comme un désert médical, mais cela pourrait arriver très vite”
Il quitte alors son emploi, entreprend des démarches pour entrer en faculté de médecine et effectue son premier retour aux études depuis près de quinze ans, en septembre. Grâce à son statut d’infirmier, il a pu entrer directement en deuxième année de cursus, sans passer par le redoutable concours.
Manque de revenus
Mais quitter son emploi, c’est aussi renoncer à une Source de revenus fixe. « J’ai pu économiser de l’argent dans ma carrière, mais au cours de l’année, je me suis vite rendu compte que cela ne suffirait pas pour finir décemment », raconte Anthony Michaud. Il a donc passé son été 2024 à chercher de l’aide. Non éligible à ceux de la CAF en raison de son statut d’infirmier, trop âgé pour bénéficier des bourses du Crous, son dernier recours était la mairie de son village.
Ce changement de carrière a également perturbé sa vie de famille. « J’ai un bébé de 19 mois, avec des cours et trois heures de déplacement par jour, ce n’est pas toujours évident. Heureusement, ma femme est complètement avec moi, témoigne le père de famille. Sans cet accord, je n’aurais pas continué mes études. »
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