“Ils laissent derrière eux la désolation” : les voleurs de bois ciblent, depuis le début de l’année, des parcelles où fleurissaient des chênes centenaires, causant d’importants dégâts moraux et financiers dans la Meuse, où ces faits sont inédits.
Le vol de bois « existe depuis la nuit des temps », rappelle François Godinot, président du Syndicat des propriétaires forestiers de Meuse (Fransylva 55). Elle peut provenir d’un opérateur qui dépasse « à droite ou à gauche de sa parcelle » ou peut se caractériser par le vol de grumes déjà coupées. « Nous savons comment gérer cela », dit-il.
Mais ces vols de chênes, dont le prix est élevé, sont « beaucoup plus graves » et « nouveaux » dans le département : concrètement, « des indices remarquent qu’une telle parcelle est située assez discrètement », pas trop loin de la route nationale. , avec de « beaux chênes », et en un ou deux jours, ces arbres, souvent centenaires, sont abattus et emportés. Les petites parcelles privées sont les plus appréciées, selon lui. On compte plus de 20 000 propriétaires en Meuse.
C’est ce qui est arrivé à Éric Berton, dans le quartier de Louppy-le-Château. Ce propriétaire forestier a été informé, fin mars, par un représentant de la Chambre d’agriculture de la Meuse, que sa parcelle avait été pillée. Sans sa permission, évidemment.
Les malfaiteurs « avaient pour objectif de récolter le plus de logs possible en allant en ligne droite », explique-t-il. Dans et autour de son terrain, il y avait de nombreux chênes qui étaient la cible des voyous. « Ils ont agi en bande organisée, c’est sûr », pense le propriétaire forestier, qui souligne l’immensité de la tâche à accomplir : « Il faut non seulement l’abattre, mais aussi l’étêter : cela ne prend pas cinq minutes ! »
Selon lui, même si la plupart des vols ont eu lieu l’hiver dernier, lorsque la forêt était moins fréquentée, les « pilleurs » ont tout fait pour être discrets : ils « devaient sortir le bois au fur et à mesure, le charger sur un camion, et l’expédition a été effectuée immédiatement », estime-t-il.
Une perte financière et morale
La perte est avant tout financière. M. Berton estime ses pertes à “5 000, 6 000 euros”, mais “les voisins de la parcelle ont perdu au moins le double”, souligne-t-il. Mais c’est aussi « déchirant » pour Éric Berton. « Ceux qui ont été abattus étaient des chênes âgés de 120 à 150 ans », regrette-t-il.
Il faut aussi réhabiliter les terres que les criminels ont endommagées en creusant avec leurs machines des trous profonds qui n’ont pas été comblés et qui « pénalisent aujourd’hui la régénération de la forêt comme elle devrait être faite ». “Ils n’ont aucun scrupule”, déplore-t-il. «Ils laissent la désolation derrière eux», résume M. Godinot.
Mi-septembre, sept procédures liées à des plaintes pour vol de bois ont été enregistrées à la compagnie de gendarmerie de Commercy, a indiqué à l’AFP le procureur de la République de Bar-le-Duc, Sofian Saboulard. Mais “à ce stade des investigations, aucun élément ne conforte la thèse (…) d’une bande organisée ou de réseaux mafieux”, précise le magistrat, qui explique que “la quasi-totalité des procédures” concernent “des coupes de bois, des activités illégales menées en dépassement des limites des parcelles initialement autorisées aux entreprises forestières ou de coupe de bois.
Cinq victimes à Louppy-le-Château
Or, à Louppy-le-Château, une procédure identifiant cinq victimes « est liée à un acte de vol au sens littéral du terme », où « aucune autorisation ni contrat n’aurait été délivré par les victimes » à des entreprises « non identifiées ». . jusqu’à ce jour » qui a abattu et emporté des arbres. La Brigade de recherches de Commercy enquête sur ces faits « causant un préjudice économique important », rappelle le procureur.
Les investigations se poursuivent, a-t-il ajouté. Elles sont « complexes », « les différentes procédures ne présentant pas toutes des éléments objectifs permettant de faire un lien évident ». Par ailleurs, « les témoignages et les preuves policières techniques et scientifiques sont rares sur ce type d’affaires ».
La Chambre d’Agriculture de la Meuse a appelé les riverains à la vigilance, à relever les plaques d’immatriculation des véhicules et à prendre des photos. Une aide « précieuse » qui pourrait permettre la mise en place d’« un réseau de surveillance ».
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