La population suisse a rejeté dimanche le projet d’élargissement de l’autoroute. A Genève, le troisième tracé entre Nyon et Le Vengeron n’a pas convaincu les électeurs. Pierre Maudet, conseiller d’État chargé de la Mobilité, appelle à des solutions à court et long terme pour une mobilité repensée.
52,7% des Suisses refusent le financement du prolongement des autoroutes et le canton de Genève, bien que directement concerné, par la possibilité d’avoir une troisième voie autoroutière entre Nyon et Le Vengeron, suit la majorité, avec 57,1% non.
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«Les Genevois souffrent des embouteillages comme les autres cantons, mais ils ont jugé ce projet incohérent ou trop coûteux. Je le regrette, car le Conseil d’État s’est engagé sur ce projet, comme il l’est généralement sur le « prolongement et l’élargissement de la rocade. Mais le peuple a toujours le dernier mot. Il faut donc reprendre notre travail», a expliqué Pierre Maudet lundi dans La Matinale.
Mais pour le conseiller d’Etat chargé de la Mobilité, il faudra de toute façon trouver des solutions, car la question de la mobilité n’est pas près de disparaître. Pour lui, le projet refusé par la population aurait eu des effets dans les dix, quinze années à venir, mais il n’aurait été « qu’un stent, pour reprendre une métaphore médicale ». En le refusant, on risque désormais « un septuple pontage coronarien d’ici dix ans si on ne fait rien », analyse-t-il.
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Des solutions provisoires… et insuffisantes
Pour améliorer temporairement la situation, Pierre Maudet évoque l’utilisation de bandes d’arrêt d’urgence, comme cela existe déjà à Morges, ou encore favoriser le covoiturage dans certaines zones. Il reconnaît cependant que ce « bricolage » ne résoudra pas les problèmes fondamentaux. « Aujourd’hui, nous avons un problème d’arythmie : certaines heures et certains segments sont complètement saturés. Ces petites solutions, bien que nécessaires à court terme, ne sauraient suffire. Une vision globale est essentielle», assure-t-il.
Une vision qui implique de repenser les priorités entre les infrastructures routières et ferroviaires. « Nous avons trop souvent opposé le rail et la route. Mais il faut que les deux soient complémentaires», ajoute-t-il.
Un contexte de méfiance et de crise
Pierre Maudet place ce vote dans un climat national marqué par la méfiance et les inquiétudes économiques. « Aujourd’hui, les gens cherchent à être rassurés, que ce soit sur leur emploi ou sur leur pouvoir d’achat. Dans ce contexte, l’argument financier, avec un coût estimé à 5 milliards de francs, a sans doute pesé lourd», explique-t-il.
Selon lui, ce rejet s’inscrit aussi dans un débat plus large sur la croissance : « En fait, il y a un péage, notamment à l’entrée des zones urbaines, qui existe. Et nous ne payons pas ce tribut financièrement avec de l’argent, mais avec du temps. Et cette réalité coûte aussi à l’économie et à ceux qui vivent de leur activité.»
L’élu genevois estime également que nous avons « évacué une grande partie du débat sur le trafic de marchandises, qui est une réalité sur nos routes. Cette réalité coûte cher à l’économie. Je crois que le message qui est ressorti, c’est que désormais, il faut peut-être penser aux routes, au rail, aux axes structurants (…) avant le développement. C’est une condition préalable.
Pas de fin aux projets routiers
Malgré le revers du vote, Pierre Maudet refuse de considérer ce résultat comme un rejet. Il appelle notamment à la prudence face à certaines réactions des politiques. «Que des personnalités comme Gerhard Pfister ou Marcel Dettling parlent de représailles contre les cantons opposés à ces projets, cela me dérange. Cela ne correspond pas du tout à l’ADN de la Suisse. Je vois de plus en plus de votes qui débouchent sur des fronts très durs, avec des logiques de représailles. Je trouve cela très maladroit et je pense que ce n’est pas ainsi que notre pays va avancer”, commente-t-il.
Pour lui, le refus de ce prolongement d’autoroute ne doit pas être vu comme un non définitif à tout projet routier. “Il y a évidemment des projets routiers qui vont être développés.” Et de citer l’échangeur Villars-Sainte-Croix (VD) ou le reste du contournement autoroutier de Genève, “qui ont en principe déjà acquis des financements et qu’il n’est pas question de remettre en cause”.
Commentaires recueillis par Delphine Gendre
Adaptation web : Tristan Hertig
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