L’Association des microbrasseries du Québec (ABNQ) déplore que certains de ses membres aient connu un « acharnement policier » au cours de la dernière semaine concernant l’application d’une réglementation qu’elle juge archaïque. Le règlement en question, l’application du timbre fiscal, est même censé être aboli depuis 2020.
Nous abusons des ressources, il y a vraiment une chasse aux sorcières sans aucun gain pour le gouvernement
denounces Marie-Ève Myrand, general director of the AMBQ. Without commenting further, the Régie des alcools, des courses et des jeux confirms that seizures have taken place.
Selon l’association, ces derniers jours, les policiers ont effectué de multiples opérations de vérification à travers la province auprès des détaillants pour voir si les bières avaient été correctement estampillées ou non selon le type de commerce. Le timbre fiscal ne doit figurer que sur les produits alcoolisés destinés à la vente dans les bars et restaurants.
La Barberie, une microbrasserie du quartier Saint-Roch à Québec, fait partie de celles qui ont été touchées. C’était vraiment beaucoup de gestion de crise. Nous avons reçu des avis de nos commerçants, mais aussi de bars et de restaurants, qui nous informaient que des brigades de police arrivaient pour venir chasser le timbre.
raconte Valérie Lapointe, directrice des ventes et du marketing à La Barberie.
Dans de nombreuses microbrasseries, les timbres fiscaux sont appliqués manuellement par un employé.
Photo : Radio-Canada / Rosalie Sinclair
Elle donne l’exemple d’un pub à Montréal qui s’est fait confisquer une caisse sans étiquette et qui l’a contactée pour lui dire qu’il recevrait une lourde amende
. En cas de non-conformité, les microbrasseries s’exposent à des amendes allant de 500 $ à 7 500 $.
Il ne s’agit pas tant de la nature des interventions policières que de l’acharnement des PME qui paient leurs impôts et dont le seul délit est de commercialiser par erreur humaine des produits destinés à un autre canal de distribution.
remarque le directeur de l’AMBQ.
L’introduction du timbre remonte aux années 1970 pour différencier les produits vendus pour consommation sur place, obtenus directement auprès du brasseur, de ceux destinés à la consommation à domicile, le niveau de taxation n’étant pas le même. Toutefois, depuis 2014, les taxes sur l’alcool ont été harmonisées.
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La directrice générale de l’Association des microbrasseries du Québec, Marie-Ève Myrand.
Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Bouillon
Cela fait dix ans que ce petit timbre n’a plus aucune utilité fiscale. Pour nous, c’est vraiment un irritant opérationnel important
souligne Marie-Ève Myrand. Ce que nous vivons actuellement est une énième situation qui démontre qu’il est grand temps d’abolir le timbre pour les microbrasseries.
Au moment de la publication, la Sûreté du Québec n’était pas en mesure d’offrir aucune réponse.
Une abolition reportée
En 2018, le projet de loi 170 (Nouvelle fenêtre) visant à faciliter la vie des personnes et des titulaires de permis d’alcool
prévoyait, entre autres, la suppression du système de timbre deux ans après l’adoption du projet de loi. En prévision de cette abolition, la Régie des alcools, des courses et des jeux a été mandatée pour revoir les processus de contrôle des boissons alcoolisées ses partenaires.
peut-on lire dans un communiqué du gouvernement Couillard, en juin 2018.
Cependant, l’abolition a continué d’être reportée et, six ans plus tard, elle est toujours en attente.
Le gouvernement a fait marche arrière avant que ces dispositions du projet de loi n’entrent en vigueur. Là, ce qu’on demande au gouvernement, c’est de le décomposer autrement
fait valoir Marie-Ève Myrand, évoquant une potentielle exclusion spécifiquement pour les microbrasseries.
En début d’année, l’AMBQ, qui compte plus de 200 membres à travers la province, a lancé la campagne L’estampage, c’est l’estampillage !
pour avancer la suppression du timbre.
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Les microbrasseries apposeront des timbres aux couleurs de la campagne sur les bières en canettes et en bouteilles vendues dans les restaurants ou les bars.
Photo : Gracieuseté de l’Association des microbrasseries du Québec
Ni le ministère de l’Économie ni celui de la Sécurité publique n’ont souhaité commenter. Il en va de même pour la Régie des alcools, des courses et des jeux.
Toutefois, les canaux de communication seraient ouverts entre les différentes parties prenantes selon Mme Myrand. Il y a un dialogue avec le ministère de l’Économie et de la Sécurité publique. Tous ces éléments sont clairement en discussion en ce moment, mais le temps presse et ce que nous vivons cette semaine est clairement un abus.
fait valoir le directeur de l’AMBQ.
Les partisans du timbre
En mai, l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ) a adopté une résolution en faveur du maintien du système de marquage de la bière, arguant qu’il permet de mieux lutter contre le crime organisé et l’évasion fiscale tout en offrant des garanties quant à la sécurité des produits.
Depuis longtemps, les représentants des établissements agréés et des microbrasseries, qui ne constituent que 10 % de l’industrie, soulignent les avantages économiques de cette abolition. Cependant, ces arguments négligent les répercussions négatives potentielles
a précisé dans un communiqué Pierre Brochet, président de l’ADPQ.
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Philippe Roy, le directeur général de l’Association des brasseurs du Québec, au Centre des congrès de Québec en 2022. (Photo d’archive)
Photo : Radio-Canada
La missive a notamment reçu le soutien de l’Association des brasseurs du Québec (ABQ), qui représente, pour sa part, les trois grandes brasseries de la province : Molson Coors, Labatt et Sleeman. Ce débat dure depuis 10-15 ans au Québec, nous ne sommes pas opposés à l’abolition du timbre, mais nous voulons maintenir un certain marquage
souligne Philippe Roy, le directeur général de l’ABQ.
Pour eux, il est de plus en plus courant d’abandonner le tampon papier et d’écrire le code directement sur la canette. Une technique qui offre moins de flexibilité sur la destination des produits, selon l’association des microbrasseries, mais qui fonctionne bien sur les gros volumes.
Nous représentons également des microbrasseries qui utilisent encore le label. On sait qu’ils trouvent ça très lourd, mais d’un côté ils comprennent que c’est la loi et qu’il y a des points positifs à maintenir le système actuel
nuance néanmoins Philippe Roy.
Son association s’inquiète particulièrement de la possibilité d’ouvrir la porte aux restaurateurs et propriétaires de bars utilisant d’autres canaux que le brasseur pour se procurer leurs produits alcoolisés. Il faut que le gouvernement trouve une autre façon de marquer, sinon comment va-t-on valider que la Cage aux sports ou que le bar au coin de votre rue est bien allé chercher sa bière chez Costco
il s’inquiète.
L’ABQ ne se sent pas très écoutée par le gouvernement sur cette question. On a l’impression qu’il parle beaucoup aux microbrasseries et qu’il pousse un sujet, alors que la majorité de l’industrie n’y est pas favorable.
soutient le directeur général.
Nous pouvons trouver des solutions, mais pour cela, nous devons nous asseoir et les réfléchir ensemble et nous ne nous sentons pas inclus dans le débat.
plaide Philippe Roy.
Avec les informations de Rosalie Sinclair et Marie-Ève Trudel
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