Soulagement à gauche
Mais pour la gauche, cette élection n’est pas un plébiscite. Si le résultat a été accueilli par des acclamations au centre de communication de la place Robert Walser, celles-ci trahissaient plus de soulagement que de joie immense. Quant aux votes fédéraux, Bienne Rouge a été fidèle à sa réputation: sa population s’est dite non à quatre reprises, tant à l’extension du réseau autoroutier (à 68%) qu’au nouveau financement du système de santé (à 59%). Mais elle n’a élu Glenda Gonzalez Bassi qu’avec une majorité de 50,9 %. Le nombre de bulletins blancs (269) a même dépassé l’écart de voix entre les deux rivaux. Perçu comme trop « arrogant » et « dogmatique », le nouveau maire n’a pas réussi à lever tous les doutes à ce sujet. “Ces nombreux bulletins blancs sont un désaveu pour la nouvelle maire, qui n’a pas fait l’unanimité même dans son camp”, commente l’édile du parti radical alémanique, Andreas Suter.
A droite, Natasha Pittet n’a pas caché sa déception, mais elle a été tout près de créer la sensation en échouant à 1% de majorité. « J’ai réussi ma campagne. J’ai clairement collecté des voix en dehors du centre-droit. Cette année, il a formé une alliance allant du mouvement centriste Avenir Bienne à l’UDC. Ce dimanche, tout le monde était d’accord : « Cette alliance a bien fonctionné », s’est réjoui Pierre-Yves Grivel, le directeur de campagne de la candidature de droite.
Cela n’a pas été simple, car l’exercice s’apparentait à une rupture définitive pour Natasha Pittet. Cette dernière devait à la fois rassurer l’UDC tout en séduisant le centre-gauche en affichant son soutien à la culture et une politique financière moins stricte que celle de l’extrême droite. Le 5 novembre dernier, Natasha Pittet a participé à l’assemblée de l’UDC organisée dans les locaux de l’entreprise de son président Patrick Widmer. “Ça s’est bien passé”, a déclaré ce dernier. Mais cela ne suffisait pas. «Il ne lui manquait qu’un peu d’expérience politique au sein du conseil municipal», suppose Andreas Suter. Natasha Pittet n’est là que depuis un an et demi.
Bienne la Romande
Le succès de Glenda Gonzalez Bassi est avant tout une victoire des femmes. «Enfin une femme à la tête de la dixième ville de Suisse», se réjouit la future bourgmestre. « Dans l’administration, je travaillerai à faciliter l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des femmes, par exemple en favorisant le partage du travail », annonce-t-elle. Elle se félicite également du fait que l’écart salarial entre hommes et femmes se soit réduit ces dernières années, passant de 4,5% à 2%.
Son élection est aussi une très bonne nouvelle pour les francophones – 43 % de la population – qui y gagneront en crédit et en influence. Outre un nouveau maire, la cité horlogère aura également un chancelier francophone, en la personne de Julien Steiner. «De quoi rappeler à toute la Suisse que Bienne est aussi une ville francophone», a résumé Natasha Pittet.
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