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Dans l’Eure, un artisan donne de son temps pour sauver le patrimoine bâti

Par

Charles Giovacchini

Publié le

22 novembre 2024 à 11h07

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C’est un petit espace clos comme des centaines d’autres Évreux. Fragilisé par le temps et l’humidité, le mur en torchis d’un abri de jardin menaçait de s’effondrer. Pour tenter de le sauver, son propriétaire a contacté plusieurs artisans. Les devis sont arrivés au moment même où son assurance habitation répondait par un refus de couverture.

Attachée aux techniques de construction traditionnelles, la propriétaire a de nouveau contacté l’entreprise A2M dans l’espoir d’obtenir un prix plus avantageux pour rénover son mur en terre, où quelques blocs de béton et un sac de ciment pourraient faire l’affaire. moindre coût.

« Je n’avais pas les moyens, Mathieu m’a proposé de venir faire les travaux avec moi gratuitement », s’étonne encore l’Ébroïcienne.

Par passion du métier

Formé à Rouen aux métiers du bâtiment ancien après avoir passé un CAP en maçonnerie conventionnelle, Mathieu Zouin a établi son entreprise à Ventes en 2023 après s’être spécialisé pendant plus de dix ans dans la restauration de bâtiments antérieurs à 1910.

Passionné par son métier, il accepte, dit-il, « une fois par an » d’aider un particulier sur un petit projet de rénovation. « L’idée est de montrer qu’on peut préserver un bâtiment ancien et qu’il existe un moyen de le faire à moindre coût en le faisant soi-même. Il n’est évidemment pas question de recouvrir un mur de 10 mètres d’échafaudages. »

Accord conclu.

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Samedi matin, après avoir passé la veille à enduire le mur en danger d’une couche d’apprêt à base de chaux, Mathieu est arrivé avec sa bétonnière à l’assaut du chantier.

Terre, sable, chaux, paille et eau

Une fois l’ancien mur en torchis renforcé de quelques petites branches de noisetier pour le recharger en terre crue, Mathieu et son « client » se sont mis à préparer le matériau. Jetés dans la cuve de la bétonnière, plusieurs seaux de terre argileuse à peine tamisée, de chaux, de sable, d’eau et de paille ont suffi à produire une pâte suffisamment collante pour adhérer aux vieux murs.

De la paille, de l’eau, de la terre, du sable et de la chaux suffisent à restaurer les anciens murs en terre crue. ©CG

Jetée en fagots par l’artisan et son apprenti d’un jour, la terre comble rapidement les trous. En une matinée, le mur a retrouvé son état d’origine. Après quelques semaines de séchage à l’air libre, l’artisan reviendra recouvrir l’abri et finir le mur. Tout en continuant de conseiller son client, comme il le fait auprès de Maisons Paysannes de lorsqu’il intervient pour sensibiliser les habitants à la préservation des murs en torchis. « Ils témoignent d’un savoir-faire ancestral. On les retrouve aussi bien dans les zones rurales, au cœur ou en périphérie des villages, que dans les zones urbaines.a souligné, lors d’une formation organisée en juin 2022 aux Baux-Sainte-Croix, Maisons Paysannes de l’Eure qui, depuis 45 ans, œuvre à protéger, restaurer, valoriser le patrimoine et les techniques de construction vernaculaires.

Une technique ancestrale que l’artisan tente de préserver. ©CG

Parce qu’« il y a plus dans la vie que le commerce et l’argent », Mathieu le philanthrope tente aussi de « faire passer un message » à travers ces petits projets de rénovation. « Nous nous battons avec les centres de formation d’apprentis pour faire évoluer les pratiques. Si, à la fin de ma carrière, nous parvenons à ouvrir des sections dédiées aux bâtiments anciens, ce serait formidable.

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