Un sexagénaire, ancien cadre de l’hôpital de Rodez, est jugé par le tribunal correctionnel pour viol sur l’une de ses ex-conjointes en 2017. Il nie les faits. Verdict attendu ce vendredi 22 novembre.
Les cinq magistrats du tribunal correctionnel départemental formeront-ils une intime conviction, à l’image du serment qu’ils prêtent habituellement aux jurés populaires de la cour d’assises ? Ou le doute profitera-t-il à l’accusé, comme l’exige la loi ? Depuis jeudi 21 novembre, des questions sont ouvertes dans les débats sur une affaire de viol. Un procès où, une fois de plus, les paroles de l’un se heurtent à celles de l’autre. Il y a d’abord celui de « Madame », une retraitée ruthène au “réservé”. En 2017, elle avait dénoncé des faits de viols.
Et fournit de nombreux détails. Un an plus tôt, dans le cadre de son travail, elle avait rencontré Philippe C., un homme occupant le poste de cadre supérieur à l’hôpital de Rodez. Tous sont veufs et souffrent toujours de la perte de leur premier amour. Douleur atténuée, pour ainsi dire, par la consommation d’antidépresseurs. Ils partagent également des passions communes, comme la marche. Bref, la relation devient vite extra-professionnelle. Les dîners au restaurant débouchent sur les premières relations sexuelles. Nous sommes en décembre 2016. Il souhaite se lancer rapidement dans cette nouvelle romance, parle de mariage, d’achat d’une maison. Elle est plus prudente. « Suis-je votre compagne ou votre compagne de vie », aime-t-il lui répéter. Les violons ne s’accordent pas vraiment et plusieurs cassures surviennent. « L’un a aimé l’autre, puis l’autre a aimé », résume un ami du couple.
Viol dans la chambre
Pourtant, à la fin de l’été 2017, le 17 août exactement, les deux hommes ont décidé de se retrouver dans un restaurant. C’est l’occasion de fêter les 58 ans de « Madame ». Le champagne est sorti, on trinque. Tout semble bien se passer. Mais alors que « Monsieur » doit ramener « Madame » chez elle, il change soudain d’avis. Selon le récit de cette dernière, il se dirige, à toute vitesse, vers son domicile… Elle lui montre son refus et tente même de sortir du véhicule. En vain. Arrivé dans le quartier Saint-Félix où il habite, il l’a alors pris par le bras et les cheveux et l’a emmené dans sa chambre. Là, elle dit avoir été violée. Elle a crié, mais personne n’a entendu, pas même le fils du monsieur, qui jouait à des jeux vidéo avec ses écouteurs sur les oreilles, à quelques mètres de cette pièce… Elle a également raconté avoir tenté de s’enfuir par une porte-fenêtre. de la pièce. Lui assure qu’il s’agissait “d’un jeu sexuel” entre eux. Et surtout que la relation était consensuelle.
“Je suis épuisé”
Il l’a répété avec force jeudi devant le tribunal : « Je suis épuisée, cela fait 7 ans qu’on m’accuse de ce viol que je n’ai pas commis ! Je n’en peux plus, ça me ronge l’esprit chaque jour. Accompagné de sa nouvelle compagne, cet homme sec, gros fumeur, vit désormais à Clermont-Ferrand. Il assure qu’après cette longue procédure « où nous ne l’avons pas entendu », il attend avec impatience « le verdict ». Il faut qu’il tombe aujourd’hui.
Entre-temps, le tribunal s’est principalement concentré sur les rapports d’experts psychiatres et psychologues. Quatre ont témoigné. Et tout le monde a donné «C’est du crédit» au récit de la plaignante, une femme «qui présente tous les symptômes post-traumatiques d’une victime d’agression sexuelle». Ils ont également dressé un portrait peu glorieux de l’accusé : un homme « narcissique », présentant des traits « paranoïaques » alimentant en lui « une angoisse d’abandon et d’une rupture impossible qui pourrait conduire au chaos »… Ils se sont également interrogés sur la consommation d’alcool ce soir-là. Car il y a à peine deux ans, cela a déclenché la colère du sexagénaire : il a été reconnu coupable de violences conjugales envers l’une de ses compagnes. “Je l’ai poussé et je l’avoue”, ne s’est-il pas caché, tout en prenant frénétiquement des notes sur les débats.
Pour l’avocat de la défense, « une enquête totalement à charge »
Et écoutant attentivement les nombreuses observations de son conseil, Me Cédric Galandrin. En attendant sa plaidoirie, ce dernier a déjà dénoncé « une enquête totalement incriminante », au point de créer l’émoi auprès du major de police, en charge de ce dossier à l’époque et appelé à la barre pour témoigner : « Je n’ai pas Je ne sais pas que c’était mon procès aujourd’hui», s’est-elle agacée à la barre, tandis que l’avocat l’interrogeait, entre autres, sur l’absence d’enquête de voisinage dans cette affaire… En fin de journée, il a également pointé plusieurs éléments à décharge. pour son client : la plaignante a assuré qu’avant le rapport sexuel, il lui avait montré un résultat d’analyse sur les MST – « Connaissez-vous beaucoup de violeurs qui prennent le temps de faire ça ? –, elle a d’ailleurs d’abord déposé une main courante avant de finalement porter plainte. Cette fois, c’est le président, François-Marie Cornu, qui s’est dit… « surpris ».
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