Après deux mandats et demi à la tête de la Chambre d’agriculture, l’actuel président Jacques Molières passera la main lors des prochaines élections qui se tiendront en janvier prochain. Lundi 25 novembre 2024, il présidera sa dernière séance de la Chambre d’agriculture avec un regard forcément particulier sur la crise que traverse actuellement la profession.
Lundi 25 novembre 2024, Jacques Molières présidera sa dernière séance de la Chambre d’agriculture. Après deux mandats, celui qui a succédé à Jean Laurens en novembre 2010 aborde cette nouvelle étape « sereinement » avec le sentiment du « devoir accompli même s’il reste encore des choses à faire ». Mais les manifestations qui agitent le monde agricole depuis le printemps dernier et qui ont repris ces derniers jours, avec la signature prochaine de l’accord commercial du Mercosur qui a rallumé le feu qui couvait sous les braises, ne laissent pas le président de la chambre qui suit de près la situation et son évolution.
Les agriculteurs devront bientôt embaucher une secrétaire pour remplir toutes les formalités qui leur sont demandées
Comprenez-vous pourquoi les agriculteurs sont revenus dans la rue après les manifestations du printemps dernier ?
On voit bien que la simplification administrative, une des revendications du printemps dernier, n’a pas été mise en œuvre. Les agriculteurs devront bientôt embaucher une secrétaire pour remplir toutes les formalités qui leur sont demandées. Ensuite, il y a évidemment des secteurs qui souffrent plus que d’autres : le bio, certains élevages, etc. Et en plus, l’accord commercial du Mercosur complique tout. Nous pouvons craindre pour notre bétail.
L’accord commercial du Mercosur complique tout
Ne pourrait-on pas penser qu’à l’approche des élections à la Chambre d’Agriculture, les syndicats ne choisiraient pas eux aussi de se mobiliser pour voter ?
En tant que président de la Chambre d’agriculture, ce n’est pas à moi de dire cela, il faut poser la question directement aux syndicats. Mais actuellement, la crise est suffisamment grave pour que les agriculteurs descendent dans la rue et je les comprends parfaitement. Ensuite, chaque syndicat se positionne différemment par rapport à cette échéance électorale.
Mon successeur doit maintenir l’unité dans la profession
Lundi 25 novembre, vous présiderez votre dernière séance de la Chambre d’agriculture. Quel sentiment éprouvez-vous après avoir passé deux mandats à sa tête ?
Tout n’est bien sûr pas parfait et il y aura toujours du travail à faire. Mais, avec les équipes, je pense que nous avons su maintenir un équilibre entre les exploitations et l’outil de production. Je vous rappelle que l’Aveyron compte encore 7 500 exploitations agricoles et plus de 10 000 agriculteurs. Aujourd’hui, l’agriculture représente 30 % du PIB de l’Aveyron et près d’un quart de l’économie de l’Occitanie.
C’est considérable et ce poids ne doit pas être sous-estimé. Pour conserver ce poste, je pense que mon successeur devra s’attacher à travailler avec tout le monde, qu’il s’agisse des agriculteurs mais aussi des services de l’Etat, et maintenir cette unité dans la profession. Lorsqu’on m’a proposé de diriger la Chambre d’agriculture, j’ai posé plusieurs conditions, notamment celle de donner la priorité à la commercialisation de notre production. Notre rôle ne consiste pas seulement à collecter des bonus. Nous devons consolider cette image concernant nos produits. J’ai toujours dit que l’Aveyron disparaîtrait si on faisait comme tout le monde.
L’enjeu majeur, le renouvellement des générations
Pensez-vous qu’il soit encore possible de maintenir cette unité dans une profession qui apparaît, sur certains sujets, divisée ?
Oui, je le pense. Lorsque j’ai pris la présidence de la Chambre d’agriculture, les choses n’étaient pas faciles non plus. J’ai toujours préféré le consensus au compromis. Et cela demande du temps et des discussions. Il ne faut pas perdre le lien avec le terrain, avec la réalité de notre agriculture.
Quel sera le défi majeur du prochain président de la Chambre d’agriculture ?
Ce sera celui du renouvellement des générations. Aujourd’hui, près de la moitié des agriculteurs ont plus de 50 ans. Mais nos efforts ont permis de placer le département de l’Aveyron parmi ceux où il y a le plus d’équipements.
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