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au procès pour viol de Mazan, Me Antoine Camus est le premier à plaider

Partie civile, l’avocat est le premier à plaider pour Gisèle Pelicot et sa famille, après le dernier interrogatoire du principal accusé. La deuxième plaidoirie pour les victimes, celle de Me Stéphane Babonneau, doit avoir lieu en début d’après-midi.

Gisèle Pelicot a choisi de transformer cette boue en matière noble, et de dépasser la noirceur de son histoire pour y trouver un sens. Elle compte sur le tribunal pour l’aider. plaide ce mercredi 20 novembre au procès des viols de Mazan Me Antoine Camus, premier des deux avocats de la partie civile à plaider en faveur de la septuagénaire violée depuis dix ans, sous soumission chimique, par son mari et par le 50 d’autres coaccusés jugés par le tribunal correctionnel du Vaucluse.

Un procès déjà qualifié d’historique

En une heure, l’avocat, qui parle au nom de Gisèle, de ses enfants et de ses petits-enfants, a exprimé son inquiétude d’être « à la hauteur du courage et de la dignité dont ils ont fait preuve tout au long de ces mois » dans ce procès “que l’on qualifie déjà d’historique”.

“JEIls ont fait le choix immédiat mais réfléchi de soutenir Gisèle Pelicot dans ce geste quasi politique de refus du huis clos. Il fallait trouver du sens, ouvrir les portes de cette salle au plus grand nombre, faire en sorte que de nos débats le terreau d’une prise de conscience, d’un changement de mentalité et enfin de rompre avec une violence que l’on voudrait d’un autre âge ».

70 individus dans un rayon de 70 km

Et l’avocat s’interroge sur ce que révèle cette affaire hors norme. « Comment en en 2024 une femme peut-elle encore subir ce qui a été infligé à Gisèle Pelicot pendant 10 ans ? Comment trouver 70 individus dans un rayon de 70 km pour profiter d’un corps inerte, sans conscience, dont « on se croirait mort ?

Me Antoine Camus s’interroge sur les lacunes de notre droit en la matière. “LLes qualifications juridiques sont bien trop insuffisantes, trop étroites pour aborder cette question dans toute son horreur. Comme s’il y avait dans notre droit une forme d’aveuglement qui ne poussait pas assez loin l’imagination des abjects. NNe s’agit-il pas plutôt d’un viol massif, commis depuis près de dix ans ? Cette qualification n’existe pas. Pourtant chacun au moins en quittant cette maison de l’horreur a compris que d’autres étaient passés avant et d’autres encore après, personne n’a jugé bon de prévenir la police, il y a eu plus de 200 viols en dix ans.

La banalité du mal de Hannah Arendt

Tout le monde a contribué à cette atrocité. C’estC’est la banalité du mal d’Hanna Arendt, qui prend la forme d’un viol d’opportunité et de lâcheté. Il n’y a aucune offense à cela, même si c’est de cela qu’il s’agit.

Autre lacune : la connaissance que l’on a des activités criminelles de Dominique Pelicot, qui a reconnu une tentative de viol en 1999 en région parisienne, et affirme n’avoir commencé à asservir chimiquement sa femme qu’en 2010. Nos clients ont un peu de mal à croire qu’en 1999 et 2011 Dominique Pelicot part jouer au majong ou apprendre la couture, ils attendent tout, rongés par l’angoisse d’en découvrir plus, et ce depuis des années. “

“Nos clients ont un peu de mal à croire qu’entre 1999 et 2010 Dominique Pelicot soit allé jouer au Mahjong ou apprendre la couture, ils attendent tout, rongés par l’angoisse d’en découvrir plus, et ce depuis des années.”

L’arme de la soumission chimique

La soumission chimique n’est rien d’autre que le modus operandi du crime parfait. Gisèle Pelicot ne s’est pas réveillée sur un trottoir avec le visage tuméfié ou dans un lit à côté d’un inconnu. Elle se réveillait chaque matin à côté de l’homme qui partageait sa vie depuis 50 ans. Comment imaginer que le danger vienne de l’intérieur, au cœur d’un foyer sécurisé ? NNos clientes ressemblent à toutes les femmes qui sont montées à la barre pour soutenir les accusés. Ils n’ont rien vu non plus, ils sont tous tombés de haut.

L’avocat n’a d’ailleurs pas mâché ses mots face à l’attitude de plusieurs avocats de l’accusé à l’égard de Gisèle Pelicot.

L’attitude de certains avocats de la défense critiquée

« Les accusés ont le choix de ce qu’ils disent et de leur ligne de défense, c’est leur liberté ultime. Mais on a aussi la liberté de dire ce qu’on pense de cette ligne de défense, de s’étonner qu’en France on ait encore l’obligation de passer par la démonstration qu’on est une bonne victime. Hier, nous avons sombré dans une forme de maltraitance dans la salle d’audience. Ils sont venus nous dire, en aboyant après elle, qu’elle aurait été aveugle aux signaux pendant 50 ans, un aveuglement tel qu’elle serait responsable des viols qu’elle aurait subis puisqu’elle aurait pu les éviter. Certaines de ces stratégies de défense n’ont plus leur place dans la France du XXIe siècle.»

Dernier point que souligne M. Antoine Camus sur les enseignements à tirer du procès, au-delà de la renommée mondiale acquise aujourd’hui par Gisèle Pelicot : “ÀMais les victimes de viol n’ont pas la chance d’être conduites chaque matin sous les applaudissements à leur procès et d’en repartir avec une haie d’honneur. LLa grande majorité des victimes vivent seules cette épreuve, enfermées dans la pièce avec leur violeur. Si nos débats sont un laboratoire, ils donneront sûrement matière à réflexion.»

La deuxième plaidoirie de partie civile, celle de Me Stéphane Babonneau, aura lieu en début d’après-midi ce mercredi 20 novembre, avant la mise en examen du lundi 25 novembre.

 
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