À leur tour, Gisèle Pelicot et son ancien mari se sont exprimés mardi 19 novembre lors de la 48e journée d’audience, une nouvelle fois pleine de tension et d’émotion, au tribunal correctionnel du Vaucluse, où 51 prévenus sont jugés pour viols aggravés par soumission chimique. Les débats se terminent ce mercredi 20 novembre, avec les premières plaidoiries des parties civiles.
« Soumettre une femme rebelle était mon fantasme. Par égoïsme. Sans la faire souffrir. Tu as mon mobile ». Est-ce là le secret des crimes de Dominique Pelicot, enfin révélé après quatre ans de procédure et 48 jours d’audience, ce mardi 19 novembre devant le tribunal correctionnel du Vaucluse ? Interrogé pendant deux heures mardi 19 novembre au tribunal correctionnel du Vaucluse, le septuagénaire originaire de Mazan, qui jure essayer de comprendre ses actes, appelle encore le passé à l’aide.
Le viol subi à l’âge de neuf ans, à l’hôpital de Châteauroux, cette autre scène de viol collectif, à l’âge de 14 ans, sur un chantier, auquel il aurait été contraint de participer. «Cela a créé une fissure dans ma vie qui ne m’a pas quitté. Le fantasme que j’ai indélicatement fait revivre s’en rapproche.
Une question d’image, des images de femmes
C’est peut-être avant tout une question d’image, d’images de femmes. « J’ai eu deux dieux dans ma vie. Ma mère depuis 18 ans et celle avec qui j’ai vécu pendant 50 ans. C’est pourquoi je parle d’un saint.
Gisèle, cette sainte qu’il adore et qu’il profane, la capturant inconsciente dans ces milliers de photos et vidéos d’une rare obscénité, où il la dégrade et l’humilie, avec ces hommes qu’il dirige. Au-delà de ça, d’autres visions émergent, celle de cet employé d’agence immobilière, qu’il a tenté d’endormir à coups d’éther et de viol en 1999 à Villeparisis (Seine-et-Marne).
Voir la victime en lingerie
“J’avais besoin de voir à quoi elle ressemblait en lingerie.” a-t-il expliqué en garde à vue, en 2022, lors de l’enquête menée par le juge Turquey, de la cellule Cold Case de Nanterre. “L’image de cette jeune femme de 1999 est proche de ce que j’ai vécu à 14 ans” dit-il aujourd’hui.
« Est-ce un excès d’amour qui vous a fait dévier ? demande Me Fanny Pierre. « Peut-être que vous avez en partie raison. Cette fissure m’a conduit à cela, à avoir des complices, avant que nos corps ne vieillissent. C’est vrai que j’en suis un peu dingue. Peut-être que cela m’a amené là-bas.
« Ce procès est le procès de la lâcheté »
Le matin, Gisèle donne une dernière fois son point de vue sur tout ce qu’elle a vécu. En s’attaquant surtout à ces hommes, recrutés par son mari pour venir la maltraiter, inconsciente, dans leur chambre.
« Je savais à quoi je m’exposais en renonçant à ce huis clos. Mais dès le début, j’ai entendu beaucoup de choses inaudibles de la part de l’accusé. J’ai été télécommandée, droguée… Pour moi, ce procès est un procès de lâcheté, je ne vais pas en rajouter, mais pour moi il est grand temps que la société ouvre les yeux sur cette société machiste, patriarcale, où le viol est banalisé. change notre façon de voir le viol.
“Vous êtes victime de viol et d’emprise”
Me Nadia El Bouroumi ne veut pas en rester là. « Vous avez eu des mots très durs pour nos clients, et pas un gros mot en deux mois pour Dominique Pelicot » Gisèle Pelicot explains: « Il a reconnu les faits, contrairement à vos clients. Ceux qui l’ont admis, je les ai regardés dans les yeux, contrairement à ceux qui s’excusent pour s’excuser eux-mêmes.
L’avocat insiste, rappelant les investigations menées à Nanterre : « Vous êtes victime de viol et de contrôle. Il est constamment mis en scène. Vous pensez que cela a duré dix ans, mais peut-être que c’était quarante ans.
Des fantasmes qu’il ne pouvait pas satisfaire
Gisèle Pelicot y voit un autre motif, purement sexuel. “M. Pélicot avait beaucoup de fantasmes qu’il ne parvenait pas à assouvir avec moi, il était très frustré car je ne voulais pas aller dans les clubs échangistes. Ce qu’il voulait, c’était Mme Pelicot. Il ne voulait pas d’une autre personne, il a trouvé la solution en m’endormant.
Caroline explose : “Tu mourras seule dans un mensonge !”
C’est encore sur une question d’images que le public est bouleversé. Celles de Caroline, endormie, nue, retrouvées dans l’ordinateur de son père, qu’il nie avoir pris.« À ce stade, si je les avais fait, je le dirais. Je lui ai dit dans ses yeux, je ne t’ai jamais rien fait, Caroline.
Caroline explose. « Vous mentez ! Vous mentez ! Vous n’avez pas le courage de dire la vérité ! Même à propos de votre ex-femme ! Tu mourras seul dans le mensonge, Dominique Pelicot ! C’est dommage pour toi, tu n’as pas de visage”
Fin des questions ce mercredi, avant les plaidoiries des parties civiles. Mise en accusation lundi 25.
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