L’intersyndicale composée de la CGT, SUD et FO du département de la Haute-Garonne a déposé un préavis de grève. Le motif de la colère : un « plan social d’une violence sans précédent ».
Les syndicats dénoncent des « mesures antisociales ». Comme d’autres collectivités, le Conseil départemental de la Haute-Garonne va devoir procéder à des arbitrages pour entrer dans le vif du projet de loi de finances 2025 (PLF) du gouvernement Barnier. Ce dernier leur demande de sauter 5 milliards d’euros. « En Haute-Garonne, il y a 160 millions d’euros d’économies supplémentaires qu’il nous faut trouver, nous connaissons une baisse de nos recettes de plus de 253 millions d’euros, nous sommes confrontés un mur d’efforts sans précédent qui aura des conséquences dramatiques sur les services publics pour chaque citoyen, sur nos missions essentielles de protection sociale, et à plus long terme sur l’investissement public», a déploré Sébastien Vincini, le président du Département, à l’occasion de la Conférence des Départements de France à Angers.
Et il y aura aussi des conséquences sur la main d’œuvre. La communauté a ainsi été « obligée de prendre des décisions douloureuses pour réduire le nombre de travailleurs contractuels employés du Conseil départemental et réduire les dépenses liées à la masse salariale», indique-t-elle dans un communiqué. En effet, sur les 160 millions d’économies qui lui sont imposées, elle dispose de « 21 millions d’euros d’économies à trouver dans ses propres opérations de ressources humaines ». « C’est colossal et cela s’impose en un temps record, constate Sébastien Vincini.
Ce que dénoncent les syndicats du Conseil départemental
Et si le Département a « décidé de préserver le montant des rémunérations de ses agents », il doit « réduire l’effectif global de la collectivité ». « Depuis la crise du Covid, nous avons fortement développé le remplacement avec l’embauche de contractuels. Notre masse salariale a atteint un niveau bien supérieur à celui de départements comparables au nôtre. Il faut revenir à un niveau durable et réduire le nombre d’agents», annonce le président de la communauté. Mais cela n’est pas du goût de l’intersyndicale composée de la Confédération générale du travail (CGT), de SUD et de Force ouvrière (FO) du Conseil départemental de la Haute-Garonne. Il s’agit pour elle d’un « plan social d’une violence sans précédent ». Dans un tract distribué à la presse, les syndicats font état de « 500 postes contractuels en moins ». La communauté nuance : « Entre 400 et 500 ».
Outre cette baisse des effectifs, les syndicats protestent contre « la révision de l’organisation de leur temps de travail avec la disparition des la formule à 41:25 et la perte de 12 jours de RTT. “Pour information, cela ne génère pas d’économies financières car ces 12 jours ne sont pas un cadeau de la communauté, mais une redevance pour le temps de travail choisi”, soulignent-ils. Le Département indique que ce changement dans l’organisation interne du temps de travail ne doit pas permettre des économies, mais « préserver au mieux la continuité des services publics départementaux « . « Chaque agent travaillera la même durée, soit 1 607 heures par an, conformément à la loi. Mais la semaine à 41h25, qui génère 35 jours de RTT par an, sera supprimée. Le passage à la semaine de 39 heures, accompagné de 23 jours de RTT, permettra de générer 44 000 jours de présence supplémentaires sur un an », évalue-t-il.
Un préavis de grève déposé depuis le 14 novembre
Pour protester contre ces mesures, l’intersyndicale CGT, SUD et FO du Département de la Haute-Garonne a déposé préavis de grève illimité ce jeudi 14 novembre. Elle a également organisé une assemblée générale ce mardi 19 novembre. Objectif de celle qui a réuni 1 162 agents départementaux : décider « des modalités d’action à mener pour faire reculer » la collectivité. L’intersyndicale est en effet déterminée, et l’est d’autant plus que les fonctionnaires sont déjà visés par des mesures qui pourraient être prises au niveau national. « A l’heure où l’on nous promet trois jours de carence, le gel du point d’indice, la perte du GIPA (Garantie du pouvoir d’achat des particuliers, NDLR) et peut-être un jour férié, la majorité de gauche du Département en rajoute des couches ! » estime l’intersyndicale.
Sébastien Vincini, de son côté, déclare que la collectivité « n’est en aucun cas responsable de la situation qu’elle vit ». « Mais, avec mon exécutif, nous devons assumer les choix que nous sommes obligés de faire », juge-t-il. Ce lundi 18 novembre, il a rencontré « une partie des représentants du personnel afin d’expliquer en toute transparence la situation de la collectivité ». « Je suis conscient que nous demandons un effort individuel important, mais il aura un impact considérable pour notre communauté. Nous devons collectivement en faire le point, dans le même esprit de responsabilité. Il en va de la préservation du Conseil départemental de la Haute-Garonne », conclut Sébastien Vincini.
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