L’Etat s’est penché sur les comptes de la ville de Mont-de-Marsan. Dans un rapport, des responsables de la DGFiP (direction générale des finances publiques) alertent sur le «dégradation accélérée» des finances de la ville au cours des trois dernières années. Ce document, que France Bleu Gascogne révèle ce lundi 18 novembre, a été remis ces dernières semaines au maire de Mont-de-Marsan, Charles Dayot. L’existence d’un tel rapport, et le fait que la ville de Mont-de-Marsan soit inscrite dans un réseau d’alerte sur les finances locales, ont été évoqués lors des derniers conseils municipaux de septembre et octobre. Mais le contenu exact du rapport n’avait jamais été révélé au grand public.
La ville obligée de recourir à l’emprunt pour payer les salaires
Dans ce document de 87 pages, les auteurs dressent d’abord un inventaire finances de la ville. Ils notent que «la situation générale de la commune s’est détériorée« de 2021 à 2023, avec »dégradation accélérée depuis 2022« . Fait notable : les frais de personnel (il s’agit essentiellement de la somme des rémunérations versées au personnel) a bondi de 17,5% de 2021 à 2023, passant de 12 039 639 € en 2021 à 14 142 701 € en 2023, budgets additionnels compris. En même temps, la dette de la ville a augmenté de 7%pour dépasser les 34 millions d’euros en 2023, contre 31,6 millions en 2021. En 2023, la ville de Mont-de-Marsan a dû payer un million d’euros d’intérêts d’emprunt. Certes, le contexte international n’a pas aidé, avec une envolée des prix de l’énergie sur la période, entraînant, de 2021 à 2023, un bond de 45 % des dépenses électriques de la ville et de 62 % des dépenses électriques de la ville. de carburant. Mais les experts en finances publiques assurent néanmoins dans ce rapport que la ville de Mont-de-Marsan dispose de finances bien moins bonnes que d’autres villes équivalentes du pays. “La situation de Mont-de-Marsan est très dégradée par rapport aux communes de même strate» notent-ils. La « strate » représente des communes de taille équivalente en France, soit 356 comprenant entre 20 000 et 49 999 habitants.
Le rapport révèle qu’à la fin de 2023, la ville avait pas assez d’argent pour payer les salaires de ses fonctionnaires et a dû recourir à deux emprunts de 1,5 million d’euros. “Sans ces prêts, la commune ne disposait pas d’une trésorerie suffisante pour payer les salaires et charges en fin d’année.» soulignent les auteurs.
Le projet d’un nouveau musée à Despiau-Wlérick a-t-il été reporté ?
Après l’état des lieux, les experts de la DGFiP formulent des recommandations. Ils préviennent que les hausses de taxe foncière votées cette année (+3% pour le taux communal de taxe foncière à Mont-de-Marsan en 2024 par rapport à 2023) ne suffira pas à rétablir les finances. Ils estiment que l’accumulation de dettes devrait conduire la ville de Mont-de-Marsan à revoir à la baisse ses ambitions d’investissement. “La situation de la commune de Mont-de-Marsan est particulièrement fragile pour faire face aux futurs investissements» soulignent les auteurs. Ils constatent que le maire de la ville Charles Dayot a déjà renoncé à certains de ses projets, comme l’ouverture d’une « maison des traditions ». Mais ils pensent qu’il faut aller plus loin. “Peut-être faudrait-il envisager de reporter le projet d’extension du musée Despiau si les subventions ne sont pas suffisantes“, écrivent-ils. En bref : Mont-de-Marsan ne peut plus se permettre de trop emprunter pour ses futurs projets, car les taux seront trop élevés.
Charles Dayot a dit « serein »
Contacté par France Bleu Gascogne, le maire de Mont-de-Marsan a déclaré :travailler“sur le sujet”avec beaucoup de sérénité et de responsabilité« . Il annonce qu’il ne compte pas arrêter les investissements, mais admet qu’il devra les limiter. “On ne peut pas faire autant d’investissements qu’entre 2008 et 2014 (durant le mandat de Geneviève Darrieussecq, ndlr) car il y a moins d’argent dans les caisses et plus de dette.”» estime Charles Dayot, tout en rappelant que la ville vient de financer la rénovation du CaféMusic’, l’entrée ouest de la ville et entreprend actuellement des travaux sur l’île Laulom, pour créer un jardin public entre la place des arènes et la place Pancaut.De nombreuses actions sont entreprises», selon Charles Dayot. L’état des finances de la ville a déjà été évoqué par les élus lors des derniers conseils municipaux. Charles Dayot y voit un «tentative de récupération», à l’approche des élections municipales de 2026. “Des gens bien intentionnés veulent en faire un événement interplanétaire» note-t-il ironiquement.
Mathieu Ara : « Colère et grande inquiétude »
Interrogé par France Bleu Gascogne, Mathieu Ara dénonce de son côté un «dérive improbable» des finances publiques. Élu majoritairement en 2020, il est désormais un opposant à Charles Dayot, et a été le premier à évoquer l’inclusion de la ville dans le réseau d’alerte sur les finances locales lors d’un conseil municipal en septembre dernier. Cet ami proche de Geneviève Darrieussecq (ancienne maire de Mont-de-Marsan et actuel ministre de la Santé) dit ressentir « .colère et grande inquiétude« . Il accuse le maire de dissimulation : «Cela fait trois ans que nous alertons sur ces dérives, trois ans que Charles Dayot nie les faits et manipule les chiffres, trois ans qu’il ment aux Montois et à ses propres élus.« Selon lui, le maire actuel »a réussi le tour de force de réduire tous les investissements (écoles, routes, quartiers, etc.) tout en mettant tous les compteurs au rouge», tout en augmentant les impôts. Il estime que, faute de financements, le projet de rénovation du musée Despiau-Wlérick (fermé depuis deux ans et demi) doit être reporté. “Oui, nous avons besoin d’un musée, mais nous ne pouvons pas lancer, à un an des élections municipales et alors que les caisses sont vides, le plus grand projet jamais réalisé par notre communauté.» juge Mathieu Ara.
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