LLe sujet, suffisamment préoccupant, doit faire l’objet d’une tribune à l’occasion du Congrès des maires de France organisé cette semaine, du 18 au 21 novembre, porte de Versailles, à Paris. « Assurance des collectivités locales, il est temps d’agir ! » Il faut donc revenir sur un phénomène relativement récent qui a durement frappé les communes, confrontées à une hausse spectaculaire des prix de leurs contrats d’assurance, une résiliation brutale ou encore une absence de réponse à leur appel d’offres. En Gironde, plusieurs communes ont dû se battre et finalement casser leur tirelire pour pouvoir s’attacher les services d’une entreprise ces derniers mois.
À Artigues-près-Bordeaux, ville de près de 9.000 habitants de la métropole bordelaise, le maire Alain Garnier a réussi à signer la semaine dernière un contrat « dommages aux biens », qui assure tous les bâtiments communaux, avec une compagnie suisse. Non sans difficulté : la communauté est restée quatre mois sans aucune couverture. L’ancienne entreprise, d’origine allemande et qui devait fonctionner jusqu’en 2026, s’est brusquement retirée. « Une jurisprudence l’a obligé à nous couvrir jusqu’en juin mais ensuite, nous n’étions plus assurés », raconte Alain Garnier. Nous avons lancé une consultation sans recevoir aucune offre. Avec l’aide d’un courtier, nous avons finalement reçu la proposition de cette entreprise suisse, avec un doublement de notre prime qui avait déjà sensiblement augmenté les années précédentes, et une franchise très élevée, jusqu’à 500 000 euros en cas d’incendie… »
Un contexte tendu
Pourquoi les conditions d’assurance des communautés se sont-elles détériorées à ce point ? L’inflation n’explique pas tout. Les événements liés au changement climatique mais aussi aux violences urbaines de 2023 ont plombé les finances de certains organismes, et notamment la Compagnie d’assurance des collectivités territoriales (SMACL, passée sous le contrôle de la Maif), qui a enregistré un déficit de 200 millions d’euros l’an dernier. . Dans son dernier rapport sur sa solvabilité et sa situation financière, elle souligne « la survenance de catastrophes graves, de violences urbaines et de changements dans les pratiques d’approvisionnement ».
« Pourtant, réagit le maire d’Artigues-près-Bordeaux, nous n’avons pas été touchés par les inondations, la grêle ou les dégâts lors des émeutes. Nous ne sommes pas une commune particulièrement à risque et nous sommes confrontés aux mêmes difficultés… » Même illustration de ce paradoxe à une trentaine de kilomètres de Bordeaux, près de Créon, qui compte environ 5 000 habitants et où il fait plutôt bon vivre. Pour assurer l’an dernier la douzaine de véhicules de la Ville, l’administration Créon a eu du mal à finalement accepter une offre au prix vertigineux : +70 %, la prime annuelle passant de 4 300 à 7 500 euros…
“On se dit qu’il faudra certainement passer par des contrats moins protecteurs à l’avenir si l’on souhaite continuer à être assuré”
« Mais pour l’assurance dommages aux biens, nous avons vraiment eu du mal », confie le maire Pierre Gachet. La commune s’est retrouvée dans la même difficulté que celle d’Artigues-près-Bordeaux. Plantée par la même entreprise allemande, elle a dû s’employer à trouver un successeur, signant son nouveau contrat le 29 décembre, deux jours avant de se retrouver sans couverture. Le prix a été multiplié par cinq avec surtout une franchise de 100 000 euros en cas d’incendie. « 100 000 euros ! C’est effrayant pour une ville de notre taille. Nous ne sommes pas du tout habitués à cette gamme de prix, nous nous sommes même posé la question de ne pas souscrire d’assurance et d’assumer les risques. On se dit qu’il faudra certainement passer par des contrats moins protecteurs à l’avenir si l’on souhaite continuer à être assuré”, poursuit Pierre Gachet.
« Un sujet devenu politique »
« C’est un vrai sujet devenu politique », souligne le maire de Créon. Au niveau national, en tout cas, les rapports s’enchaînent. Celui du sénateur de Meurthe-et-Moselle, Jean-François Husson, sur les problèmes d’assurance des collectivités territoriales, a été remis à l’ancien gouvernement au printemps dernier. Un autre, intitulé “l’assurabilité des biens des collectivités territoriales et de leurs groupements”, rédigé par Alain Chrétien, maire de Vesoul (70), et Jean-Yves Dagès, ancien président de Groupama, a été transmis en septembre au gouvernement Barnier. Lors de la conférence de presse de présentation, Alain Chrétien a prévenu : « Si nous ne faisons rien, lors de la prochaine crise sociale ou climatique, le système d’assurance communautaire s’effondrera. »
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