Sur le très animé boulevard Raspail, au cœur de l’effervescence parisienne, l’élégante façade de pierre et la belle marquise de l’hôtel semblent s’être toujours dressées ici avec sagesse. Au début du siècle dernier, c’était le endroit où être d’un illustre Saint-Germain-des-Prés, refuge de l’élite intellectuelle parisienne, admirée aux quatre coins du globe. Le Grand Hôtel Cayré fut un témoin privilégié de ces quelques décennies glorieuses, mêlant aisément l’exubérance des années folles et l’après-guerre existentialiste. Après un an de travaux, l’hôtel fait peau neuve et offre à ses hôtes de revivre un fragment de ce passé légendaire, dans une ambiance finement orchestrée par leL’architecte britannique Michaelis Boyd.
Photo : Pierre de taille et charmante marquise en guise de bienvenue au Grand Hôtel Cayré.
La courte et longue histoire du Grand Hôtel Cayré
Situé au 4, boulevard Raspail, cet immeuble de sept étages, construit en 1915 par learchitecte Achille Champymaître des styles Art Nouveau et Art Déco, a vu passer du beau monde. Inauguré en 1920 par Auguste Cayré, l’hôtel incarne depuis des décennies une adresse chic, discrète et sans ostentation, prisée des personnalités en quête de tranquillité dans ce quartier à l’énergie foisonnante. De nombreux écrivains s’y sont arrêtés, que ce soit pour une nuit ou pour de longues périodes. Réquisitionné par les services de renseignement allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, convoité par les éditeurs locaux et fréquenté par les artistes dans les années 1950 pour son bar et son restaurant au charme unique, Grand Cayré a traversé le siècle et connu mille vies auparavant. être racheté par le Groupe Miiroun nouvel acteur de l’hôtellerie urbaine, invitant ses hôtes à repenser leur rapport au temps, à ralentir et à savourer pleinement l’instant présent.
Photo : Entre la réception et le restaurant Annette, le comptoir offre une ambiance raffinée et intemporelle.
Le Grand Hôtel Cayré, un expérience intemporelle
Dès que vous franchissez la porte du Grand Cayré, on est instantanément transporté dans un Saint-Germain-des-Prés d’une autre époque : celle des ambiances raffinées, au charme feutré, où l’on aime se retirer, loin de l’agitation parisienne, que ce soit pour un verre, un déjeuner ou une nuit. . Pour cette rénovation d’envergure qui a duré près d’un an, l’architecte Michaelis Boyd a su inscrire son intervention dans l’histoire exceptionnelle des lieux tout en y injectant une touche subtile de sa fantaisie british.
Sans jamais tomber dans le cliché, son style ciselé diffuse une flopée de détails qui attisent la curiosité. On entre au Grand Cayré comme on monterait à bord d’une machine à voyager dans le temps, sans être intimidé, mais plutôt conquis par un profond sentiment de sécurité. A chaque étage, l’art veille, tel un fil conducteur rassurant, surtout pour ceux qui ont tendance à le placer sur un piédestal. A côté des meubles en bois teinté, des sièges aux tissus brodés, des lampes à franges et des lustres fascinants, on s’émerveille devant une œuvre encadrée de Boris Vian, une autre de Bernanos, une photo de Simone de Beauvoir, puis de Juliette Gréco, et bien d’autres. Tous veillent ici, en arrière-plan, pour raconter ce temps disparu qui a construit la légende du quartier et de l’adresse.
Photo : L’escalier revisité par le tableau poétique de Mathias Kiss.
A l’élégance des années folles et des existentialistes s’ajoute une touche presque surréaliste au cœur du grand escalier d’origine qui dessert les sept étages du bâtiment. Le décor a été confié à l’artiste Mathias Baiserconnue notamment pour ses voûtes célestes. Il a imaginé un ciel discret, telle une œuvre d’art tournante, que l’on emprunte pour accéder aux 123 chambres de l’hôtel, toutes empreintes d’un charme délicat mi-britannique mi-Art déco. La plus belle suite de l’hôtel joue une toute autre partition. Baptisé La Suite du Collectionneur, cette suite double avec vue sur la Tour Eiffel a été conçue comme une véritable expérience, un moment suspendu au cœur des toits de zinc de la capitale.
Photo : La Suite Collector et ses pièces exceptionnelles.
Niché au septième étage, il a été entièrement décoré par Gilbert Canspécialiste des arts décoratifs des XXe et XXIe siècles. Plongeant dans une page de l’histoire mondiale du design, de l’art et de la littérature, cette vaste salle de 45 m² invite ses hôtes à laisser vagabonder leur esprit au gré de la vue, des pièces sélectionnées ou des œuvres mises à disposition. Ici, le Rencontres théâtrales de Pierre Sala côtoyez les fauteuils aux lignes modernes de Heinz Witthoeft, les futuristes éclairage par Olivier Mourgue répondre aux sculptures ludiques et sinueuses de Marthe et Jean-Marie Simonnet – des pièces uniques, toutes disponibles à l’achat. La bibliothèque modulable, aux allures de paravent, est à l’image de l’hôtel : intellectuelle et éclectique, capable de satisfaire les amateurs de littérature française et américaine, les passionnés de photographie et de poésie. En un mot : un séjour hors du temps.
Savourez l’instant présent chez Annette
Pour ceux qui voudraient se satisfaire autrement que par la littérature et l’art, l’hôtel, fidèle à son histoire, possède son propre restaurant pour le dîner et le déjeuner, ouvert aux clients de l’hôtel et aux simples passants. Baptisé Annette, en hommage à l’écrivaine franco-allemande Annette Kolb, qui a vécu ici pendant 17 ans, le lieu cultive une esthétique française tant dans sa décoration que dans ses plats. Là par Bruno Brangeaancien chef exécutif d’Alain Ducasse, revisite quelques plats emblématiques du répertoire français (œufs en meurette en tête). L’ambiance raffinée emprunte ses codes au style des brasseries d’antan, très appréciées des artistes de la rive gauche, avec ses banquettes pour se lover, ses lumières tamisées et ses voiles dispersés sur les petites lampes de table ou sur les hauteurs de banquette. pour garantir l’intimité d’un dîner partagé. Autre refuge où se retirer pour terminer la soirée : leBac Pharmacie. Ce bar aux allures de speakeasy, caché derrière d’épais rideaux, fait revivre l’ambiance des soirées années 50 dans le quartier. Un refuge pour initiés où l’on déguste les cocktails du charismatique Oscar Blackstone, ancien de Silencio, qui a imaginé une carte aromatique aux accents herbacés rappelant la botanique et les années folles. Encore et encore…
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Le Grand Hôtel Cayré
4, boulevard Raspail
75 007 Paris
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