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le grand désarroi des Libanais en

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Lors d’une manifestation de soutien au Liban et à la Palestine, à Paris, le 5 octobre 2024. MICHEL-CHRISTOPHE / ABACA

Faut-il parler de tristesse avant de parler de colère et peut-être même de rage ? Ou faut-il commencer par cet immense désarroi dans lequel sont plongés les Libanais et Franco-Libanais de , depuis près de deux mois, et qui pousse certains à resserrer les contacts et les liens au sein de la communauté pour s’informer, s’organiser, se réchauffer, quand d’autres repliés sur eux-mêmes, rongés par un sentiment d’impuissance ?

Depuis le 23 septembre, date de l’escalade de la guerre entre Israël et le Hezbollah et du début des bombardements massifs sur le Liban, la communauté libanaise de France (entre 50 000 et 60 000 membres) vit en apnée, les yeux rivés sur les chaînes arabes, WhatsApp. des boucles et des sites internet relayant les informations du pays. Les nuits sont courtes et anxieuses – quel nouveau bombardement, quel quartier, quelle nouvelle catastrophe ? –, les journées entrecoupées de messages en provenance de Beyrouth ou des régions du sud, où vivent certaines familles. Alerte Instagram aussi : ici, en région parisienne, une collecte de vêtements a lieu pour les déplacés du Liban ; là-bas, on peut envoyer de l’argent aux écoles de Beyrouth transformées en refuges…

« Mon premier réflexe le matin est d’appeler mon frère à Beyrouthraconte Jocelyne Moubarak, arrivée en France pour étudier les sciences politiques en 1996 et n’en est jamais repartie depuis. C’est plus fort que moi. Début septembre, je me suis passionné pour les bouleversements de la politique française. Et, en quelques heures, je ne pensais qu’au Liban. Cela m’étonne moi-même. » Cette guerre, analyse-t-elle, a suscité de l’anxiété, des traumatismes et tant d’images douloureuses. « C’est un retour en enfance, et un rappel de ce qui a manqué au Liban… Le lien que je pensais distendu avec mon pays natal s’avère viscéral. Je ne pensais pas que ça ferait autant de mal. »

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C’est aussi ce qu’exprime Maria Nehme, 34 ans, arrivée en France après son baccalauréat, et dont la famille est restée au Liban. « C’est tellement difficile de vivre un tel événement à distance ! Je vibre pour le Liban. Mes racines sont là. C’est de l’ordre du charnel. Mais que faire ? Je vis dans une inquiétude folle, désolée face à mon impuissance. Je me renseigne frénétiquement, j’appelle et, même si ma famille semble en sécurité, nous avons tous des amis ou amis d’amis touchés, déplacés ou tués. J’aimerais aider! Et j’aimerais retrouver davantage d’échos de cette guerre en France. Mais c’est très compliqué d’en parler ici. Le débat s’échauffe vite, il faut être prudent. Qui ressent ici la véritable tragédie du Liban ? »

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