l’essentiel
Le troisième jour du procès de Kévin et Gaspard, poursuivis pour tentative de meurtre, violences et complicité, a vu les deux accusés expliquer leur version des faits, sans que les parties civiles ne semblent satisfaites de leurs explications.
Après les victimes, témoins ou experts, l’un des moments importants d’un procès d’assises est celui où le ou les accusés prennent la parole pour donner leur version des faits. Les propos de Kévin* et Gaspard*, qui comparaissent jusqu’au 15 novembre devant la cour d’assises de l’Ariège pour tentative d’assassinat et complicité, entre autres, étaient donc très attendus par les membres de l’audience du tribunal de Foix.
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Pourtant, même après une journée consacrée à leurs paroles, on a le sentiment d’en être resté quasiment au même stade. De nombreuses questions restent encore sans réponse : à commencer par qui est responsable du coup qui a brisé la tête de David, désormais en fauteuil roulant. L’interrogatoire des magistrats tourne longuement autour de qui pourrait avoir le plus de raisons d’être en colère contre le jeune homme.
Lorsqu’il a appris qu’Aurélie avait renoué avec David, son ex, “Kévin avait la mort contre lui”, accuse Gaspard, qui continue de le décrire comme martelant sans cesse “comment a-t-elle pu me faire ça”, “fou”, “effrayant”. « Je jure sur la tombe de ma mère que je n’y ai pas touché », a-t-il répondu à la mère de David, dans un silence pesant. Plus tôt, il avait même remercié la victime de ne pas l’avoir « démasqué » dans plusieurs affaires judiciaires : « Je lui étais plus redevable qu’autre chose. »
Quel degré de complicité ?
Pour autant, Gaspard ne sort pas innocenté de l’histoire. Face à lui, Maître Vitrac, l’avocat d’Aurélie, hausse le ton : “Vous nous dites que, plusieurs heures avant les faits, Kévin vous appelle pour vous dire qu’il arrive avec une mitrailleuse à camembert, et des intentions clairement violentes.” . A Lavelanet, il se rend, avec vous à ses côtés, chez plusieurs personnes pour retrouver un fusil. Et tout cela ne vous inquiète pas ? » Le jeune homme ne lâche rien, mais une gêne devient presque palpable : « Non, je ne pensais pas que ça allait se passer comme ça… »
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Le procureur général, Pierre Aurignac, en rajoute une couche : « Vous savez qu’il cherche une arme, qu’il frappe sa compagne, il vous dit qu’il veut juste aller chercher ses affaires, et vous le croyez ? Ou vouliez-vous le croire ? » Car lui et les parties civiles ne manquent pas de rappeler que, même si Gaspard invoque sa crainte de représailles de la part de Kévin, il l’a accompagné au moins dans sa recherche d’armes, jusque sur le palier de l’appartement, puis s’en est débarrassé. de l’arme du crime présumée, le pied de table. «Il m’a dit : ‘Frappez la porte, sinon je vais vous tuer avec eux’, mon cerveau s’est envolé à ce moment-là. Il est fou, il a laissé son cerveau au Pas de la Casa ! », s’exclame Gaspard, ajoutant qu’il a tout fait pour tenter de l’en dissuader.
“Je me suis externalisé sur elle, pas sur lui”
De cette image d’un Kevin effrayant, qui semblait terroriser une grande partie de la jeunesse de Lavelanet, il ne reste plus grand chose au bar. Pas un mot ne vole plus haut que l’autre de la part du jeune homme, qui commence par ces mots : « Je suis désolé, c’est à 100% de ma faute, je suis là devant vous pour assumer la responsabilité des erreurs que j’ai commises. »
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Il nie son comportement « de merde, exécrable », qui l’a poussé à frapper Aurélie, il promet « à plus de 200 % » qu’il n’est venu à Lavelanet que pour avoir des explications. « Alors pourquoi lui écris-tu avant de partir : « Tu vas tout perdre et je vais le tuer ? », s’interroge Maître Puig, qui représente David et sa famille. « Non, mais je le dis avec nerfs, sans arrière-pensées… » tente Kévin, qui le martèle au fil des questions des parties civiles qui lui relisent ses SMS menaçants.
L’arme qu’il cherchait à acquérir à tout prix ? « C’était pour me protéger, j’ai vu qu’ils étaient 3 dans l’appartement et j’avais peur des représailles à Lavelanet. » Le public rugit bruyamment à ces mots. La douzaine de coups portés à Aurélie ? « J’avais bu, fumé, j’étais en colère… Je n’étais plus moi-même, c’est mes nerfs qui m’ont frappé et c’est quand je vois Léo (le fils d’Aurélie, NDLR) que je prends conscience de ce que je fais. » Des raisons de blâmer David ? « J’étais jaloux, mais je n’avais aucune animosité envers lui. Je m’en suis pris à elle, pas à lui. » « C’est surprenant, vous rentrez dans votre chambre, et dans le lit conjugal vous voyez votre partenaire avec un autre homme, et cette image ne vous inspire pas de haine », ironise Maître Puig.
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Kévin propose même un début d’explication pour expliquer pourquoi c’est Gaspard qui a frappé David. « Il m’a dit qu’il avait été victime de lui et de ses amis quand il était petit. C’est ma pensée personnelle, mais c’est presque comme s’il avait vu l’opportunité. C’était trop beau pour qu’il le laisse passer… » Un grognement s’échappe des Lavelanètes sur le banc ; Gaspard reste les yeux fixés devant lui.
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