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les syndicats agricoles du Gard prêts à se mobiliser à nouveau

Différents syndicats agricoles du Gard sont prêts à repartir comme l’hiver dernier pour faire entendre leurs revendications. On parle des accords du Mercosur mais aussi de la prime à l’arrachage de la vigne, des agriculteurs en grande difficulté, de l’utilisation de produits phytosanitaires et de l’assurance calamités agricoles avant la mobilisation du lundi 18 novembre.

Les syndicats agricoles sont prêts à se mobiliser à nouveau après la colère qui a débordé l’hiver dernier, notamment dans le Gard. La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Gard annoncent déjà une action lundi 18 novembre au soir, l’opération « sympa ».

David Sève (FDSEA du Gard)

Figure de la contestation agricole de l’hiver dernier sur l’autoroute A9 à hauteur de l’échangeur de Nîmes ouest, le président de la FDSEA du Gard David Sève est prêt à revenir sur le terrain lundi 18 novembre avec, à son actif, les revendications de son syndicat : « Au niveau national, il y en a 120. J’en ai identifié quinze très importants parmi eux. Et j’ajoute à cela les accords du Mercosur et le problème de la fièvre catarrhale. Pour nous, c’est un casus belli.

David Sève est très préoccupé par l’état d’esprit actuel des opérateurs du département. « L’hiver dernier, il y avait de la colère mais là, c’est du désespoir et c’est bien plus grave. Nous avons beaucoup de doutes sur la parole publique donnée. Il existe des mesures qui ne nécessitent pas de financement mais seulement une volonté politique.» L’arboriculteur de Beaucaire, qui a qualifié l’opération de lundi soir de « sympa », veut rappeler aux pouvoirs publics quatre revendications sur lesquelles il ne transigera pas.

Il évoque les primes d’arrachage de la vigne qui doivent être défiscalisées pour les retraités. « aussi digne que possible. A quoi ça sert s’ils perdent la moitié du prix ? David Sève met en avant des produits phytosanitaires dont l’usage est de plus en plus restreint « sans avoir de produits de substitution. Nous perdons une partie de nos récoltes à cause des nouveaux parasites favorisés par le changement climatique et le commerce mondial. Je vous rappelle que la a perdu la moitié de sa cerisaie en cinq ans.»

La FDSEA du Gard souhaite la mise en place d’une commission pour accompagner les agriculteurs les plus en difficulté par des mesures fiscales et bancaires. Elle souhaite une révision du nouveau système d’assurance contre les catastrophes agricoles qui mettent en danger l’activité agricole. Autant d’enjeux qui devraient être mis en avant dès le 18 novembre.

Romain Angelras (Jeunes agriculteurs du Gard)

Romain Angelras, président des Jeunes Agriculteurs du Gard, annonce une nouvelle mobilisation.
Midi Libre – MIKAËL ANISSET

Président des Jeunes Agriculteurs du Gard et vigneron des Costières de Nîmes, Romain Angelras aime rappeler le slogan qui dictera les actions agricoles cet automne : “Vous n’encaissez pas tant que nous n’encaissons pas.” Lui-même perd patience même s’il prône des manifestations responsables et sans excès.

Il voit cependant clairement que les choses n’avancent pas, ou du moins pas assez vite, par rapport à ce qui avait été promis après la première crise du début de l’année : « Depuis la crise de l’hiver dernier, il y a eu beaucoup d’annonces qui n’ont pas été faites. Le mécontentement grandit à nouveau. […] Nous vivons une crise sans précédent par son ampleur. Nous ne constatons pas de perte de soutien. Il y a eu une explosion des dépenses qui nous a mis encore plus en difficulté, notamment en termes de rentabilité. On a vraiment eu une année compliquée pour les traitements.»

Romain Angelras compte sur l’Etat pour changer la donne, souhaite qu’il y ait aussi une reconnaissance des spécificités du Gard avec des cultures très diverses selon les secteurs, du littoral aux Cévennes. « La colère est énorme aujourd’hui. Quand on parle d’action, l’État est clairement visé.»

Didier Doux (Rural Coordination of Gard)

A la tête de la Coordination rurale du Gard, Didier Doux, céréalier aux Angles, annonce dans toute la France une mobilisation de son syndicat devant les préfectures et sous-préfectures à partir du mardi 19 novembre. Il dénonce les produits « qui arrivent de l’étranger et qui ne sont pas issus de la même agriculture que la nôtre »c’est à dire sans les mêmes contraintes. Il reconnaît que les mobilisations de l’hiver dernier ont permis « l’absence de taxe sur le diesel non routier. Mais à part ça, peu de choses ont changé depuis. Il y a encore tellement de normes, de textes qui nous rendent la vie difficile. Nous n’écoutons pas la logique des agriculteurs. Le fameux bon sens paysan.

Didier Doux est prêt à se mobiliser à nouveau, conscient des grandes difficultés rencontrées par la filière vitivinicole : « Depuis quelques années, le vin se vend très difficilement alors que de nombreux produits vinicoles étrangers sont importés. Je peux vous dire qu’il y a des caves au bord de la faillite dans le Gard avec des cuves pleines. C’est particulièrement compliqué pour les Côtes-du-Rhône.»

Didier Marion (Confédération paysanne du Gard) : « Loin du libre-échange total »

La FNSEA tire la sonnette d’alarme et préconise de nouvelles actions, dix mois après le grand mouvement d’occupation des autoroutes. Que dit la Conf’ ?

Nous devons aussi nous rassembler pour organiser des actions. Le mouvement a été lancé en janvier par la Coordination rurale et la FNSEA s’est accrochée aux antennes pour sauver le système. On repart avec la même course au saule, à l’approche des élections professionnelles (31 janvier 2025, NDLR).

Quelle est la situation, selon vous, dix mois après le vaste mouvement de contestation dans le monde agricole ?

La situation est pire que l’année dernière. Quels que soient les secteurs, c’est difficile. Sauf pour les très grandes fermes comme en Beauce…

Qu’est-ce qui a empiré ?

L’accord de libre-échange du lait (avec la Nouvelle-Zélande, entré en vigueur au printemps, ndlr), non dénoncé par la FNSEA, est catastrophique. Lactalis, beau temps, mauvais temps, nous perdrons nos derniers producteurs laitiers. Au niveau du vin, c’est un désarroi terrible, avec des caves qui ne paient plus. En gros, on produit 40 millions d’hectolitres en France, pour une consommation de 21 ou 22. Quelque chose ne va pas. Et la Coordination rurale ne veut aucun déracinement !

Que recommandez-vous?

Des mesures fortes sont nécessaires, avec un soutien pour permettre aux agriculteurs de se diversifier. Il faut aussi s’éloigner du libre-échange total, en instaurant un prix minimum d’entrée sur le territoire. Ce que reçoit l’agriculteur doit lui permettre de couvrir le prix de revient, de gagner un salaire et d’obtenir une protection sociale. Actuellement, les tarifs pratiqués ne le permettent pas. Nous avons besoin d’une régulation de la production et des marchés.

Commentaires recueillis par Adrien Boudet

 
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