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Des Dordognes dénoncent l’état de la route endommagée par la livraison de tonnes de carottes

“We proposed renaming the Route de Bellevue, Avenue de la Carotte”dit Pascale Bouskela en riant, à moitié jaune. Depuis la terrasse de sa maison, cette Parisienne venue s’installer il y a près de 45 ans dans le hameau de Puyrénier à Mareuil-en-Périgord, montre l’écurie et les vaches : “C’est où les camions livrent des carottes pour engraisser les vaches depuis presque 15 ans. »

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Détour de huit kilomètres en raison d’une route endommagée

Du haut de votre jardin, vous pourrez apercevoir les ornières et grandes flaques d’eau du chemin municipal de Bellevue, endommagées par le passage d’engins. « Quand je vais à Angoulême par exemple, Je dois faire un détour de huit kilomètres car je ne peux pas prendre la route. Cela ne semble pas grand-chose, mais je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas emprunter cette route. “Ce n’est pas normal.” Tranche Pascale Bouskela.

A deux kilomètres à peine, à l’autre bout du chemin, Lætitia Godet vit dans une ferme près des vaches et des carottes. L’agricultrice partage le sentiment de son voisin. Nous ne pouvons plus emprunter la route car elle est trop dégradée. Les camions passent tout le temps, c’est dangereux avec nos enfants. Durant la grande saison des carottes, il peut y avoir jusqu’à dix camions par jour. Ce matin par exemple, en l’espace d’une heure, deux camions sont passés par là. » explique Lætitia en désignant la route qui passe devant sa maison.

« La terre est saturée de carottes »

“A certains endroits, il y a des ornières de 50 centimètres de profondeur, il n’y a plus d’accotements, et surtout, on sent cette odeur !”dit la paysanne depuis la cour de sa maison. Dans l’air, il y a une légère odeur de légumes pourris. Lætitia Godet poursuit : « Il y a l’état de la route bien sûr, mais aussi toutes les autres nuisances. L’agriculteur reçoit beaucoup trop de carottes par rapport à la taille de son troupeau de vaches. Il distribue ses carottes par terre, elles pourrissent parce que les vaches ne les mangent pas toutes. Il y a l’odeur, les insectes, c’est vraiment infernal. Le jus de carotte s’écoule dans la rivière. Mes enfants ne savent même pas nager dans la rivière en contrebas. la maison. La terre autour de nous est saturée de carottes.

A quelques kilomètres de là, François Damour, l’agriculteur qui fait livrer les carottes, travaille dans son bureau. « L’odeur de quoi ? Des carottes ! Attends, c’est une ferme. Si c’était du lisier, ça puerait encore plus !dérange l’opérateur. « Les carottes devant eux étaient là, dans la cour, devant mon bureau, route de Nontron. C’est la mairie qui m’a demandé de les déplacer à Puyrénier car ça sentait trop mauvais. Ils m’ont déjà fait le déplacer une fois, c’est bon maintenant !s’exclame François Damour. Et d’ajouter : « de toute façon, je suis dans une installation agricole classée. Une enquête a été menée par la préfecture avant que j’obtienne ce classement en 2011, le problème des routes n’a jamais été évoqué.

Près de 200 000 euros de travaux selon la municipalité

Et quand on parle de l’état de la route, l’agriculteur écarte les accusations : « Je n’ai pas dit que j’avais quelque chose ou rien à voir avec ça, j’y suis allé, c’est vrai, mais maintenant je n’y suis pas allé depuis un an. Si les routes étaient en bon état, elles ne seraient pas endommagées

Depuis plusieurs mois, la communauté de communes de Dronne et Belle, en charge de l’entretien de cette route communale ; la mairie de Mareuil-en-Périgord ainsi que François Damour se renvoient la balle. La communauté de communes demande à l’agriculteur de payer une partie des travaux de réfection de la route. Elle estime le coût des travaux à environ 200 000 euros. Mais l’agriculteur refuse de payer un seul centime. « Si la municipalité n’a pas les moyens, ce n’est pas de ma faute. Ce n’est pas à moi de payer alors qu’en 15 ans la municipalité n’a jamais réalisé de travaux sur cette route »says François Damour.

Un huissier est venu vérifier l’état de la route

Le maire de Mareuil-en-Périgord, Alain Houiste, explique le positionnement des élus : “Nous estimons les travaux à 200 000 euros minimum, ce n’est pas une dépense négligeable, même pour une collectivité comme la communauté de communes de Dronne et Belle.” Et d’ajouter : « Nous avons fait passer un huissier il y a un an pour constater l’état de la route. Nous avons engagé un avocat et Nous envisageons une conciliation avec l’opérateur. Et si ça ne marche pas, nous pouvons aller plus loin.»conclut l’élu.

Les carottes sont stockées à proximité de l’étable avant d’être distribuées aux animaux. © Radio-
Alexandra Lagarde
 
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