Par
Julien Berrier
Publié le
13 novembre 2024 à 12h00
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Après une première série de convocations le vendredi 8 novembrel’inspecteur d’académie Fabien Ben doit recevoir vendredi 14 novembre les autres enseignants jurassiens réfractaires aux évaluations des classes primaires demandées par le ministère de l’Éducation nationale.
Ce sont en effet quatorze Jurassiens qui ont refusé de proposer des évaluations à leurs élèves en septembre.
Je n’ai pas à interpréter la décision de ces professeurs. A partir du moment où je constate que la prestation attendue n’a pas été fournie, je dois demander des explications.
Et de préciser que les sanctions pour les enseignants peuvent aller de point d’ordre au sanction disciplinaire en passant par le retenue sur salaire (1/30e).
Des évaluations qui suscitent le débat
De leur côté, les enseignants convoqués expliquent avoir d’abord répondu à une consignes syndicales.
Dans août 2024les syndicats Snuipp-FSU, CGT Éducation et Sud Éducation s’est prononcé contre les évaluations et a appelé les enseignants à bloc. « Je n’ai pas vraiment été surpris. Nous savons que ces évaluations nationales sont la cible de nombreuses critiques et oppositions. D’ailleurs, j’avais déjà convoqué des professeurs l’année dernière pour la même raison. Mais il ne faut pas oublier que 98% des enseignants jurassiens ont réalisé ces évaluations », assures Fabien Ben.
Une méthode d’évaluation « robotisée » ?
Au-delà du respect des consignes syndicales, les enseignants réfractaires défendent une autre approche de la nécessaire évaluation des élèves.
Du CP au CM 2, tous les élèves sont désormais évalués chaque année. Le premier problème est d’organiser ces évaluations à un moment où les connaissances des étudiants sont fragilisées puisqu’en septembre, ils reviennent après deux mois de vacances. Ces évaluations sont chronométrées, ce qui désavantage les élèves qui sont plus lents dans leur réflexion même s’ils possèdent les connaissances. Cela place les enfants dyslexiques ou dyspraxiques dans une situation particulièrement difficile.
Comme ses collègues, elle souligne le caractère systématique de ces évaluations nationales qui ne semblent pas prendre en compte les cas particuliers. « Cela ne répond pas aux besoins de l’étudiant ; cette méthode d’évaluation est comme la robotique. Il s’agit de classer les enfants dans des catégories. »
Chacun a son propre choix
Refusant de mettre en œuvre les instructions ministérielles, les enseignants réfractaires proposent néanmoins des évaluations à leurs classes. « Nous ne sommes pas restés les bras croisés sans rien faire. Nous avons conçu nos propres évaluations selon les besoins de nos élèves et selon nos choix pédagogiques», explique Odile, assurant avoir reçu le soutien des parents d’élèves dans sa démarche.
Selon elle, ses collègues ont fait de même, non pas dans le cadre d’une action pédagogique concertée, mais « chacun selon sa pédagogie. »
Un malentendu ?
Pour la direction départementale de l’éducation nationale, ces arguments ne sont pas nouveaux et proviennent d’une incompréhension des objectifs de ces évaluations nationales.
Il est reproché à ces évaluations d’être organisées en septembre. Mais c’est justement en les réalisant après les vacances que l’on peut voir si les connaissances ont été correctement enregistrées, si elles se sont automatisées. J’ajoute que la réalisation de ces évaluations nationales n’empêche pas les enseignants de réaliser des évaluations locales.
Et l’inspecteur d’académie d’insister : « L’avantage de ces évaluations est justement qu’elles sont réalisées selon la même méthode et simultanément sur tout le territoire. Il ne s’agit pas de stigmatiser ou de mettre les étudiants dans des cases mais de disposer d’un outil qui nous aide à identifier les situations fragiles. »
*Le prénom a été modifié pour garantir l’anonymat du témoin.
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