Le moment « scénario ». A la fin de chaque séance à haute intensité, Fabien Galthié propose à ses joueurs une séquence susceptible d’être reproduite en match. Un cadre pour négocier avec la fatigue et, bien sûr, une composition d’équipe profondément retravaillée par le coaching. Les ingrédients de la (presque) réalité.
Quatre jours avant le choc contre les All Blacks, samedi (21h10) au Stade de France, le sélectionneur les a projetés dans le contexte suivant : La France mène d’un point (21-20), le chronomètre indique 77 minutes et 30 secondes, le licenciement profite aux Néo-Zélandais… Peato Mauvaka joue en numéro 8 et Antoine Dupont revient en ouverture pour être associé à Nolann Le à la charnière Garrec.
La science-fiction? Absolument pas. Depuis que le staff des Bleus a décidé d’opter pour un 6-2 sur le banc, dans lequel Nolann Le Garrec et Émilien Gailleton devraient avoir pour mission de couvrir les lignes arrières, et que Fabien Galthié a libéré Matthieu Jalibert mercredi après-midi, le demi de mêlée des Bleus est désormais la deuxième solution prioritaire en 10 si Thomas Ramos devait quitter le terrain prématurément ou revenir à sa position préférée en défense.
Jalibert déclassé
Affirmer un tel constat revient évidemment à tirer sadiquement sur les nerfs optiques des plus fidèles supporters de Matthieu Jalibert, dont le moral a forcément été mis à rude épreuve par ce choix, inexorablement dégradé dans la hiérarchie du sélectionneur. Plutôt que de faire appel au meilleur ouvreur du Top 14 en début de saison, Fabien Galthié a donc décidé de sonder la capacité d’adaptation de son capitaine.
Farfelu? Selon que l’on pose cette question dans la capitale de la Nouvelle-Aquitaine ou à Toulouse, la réponse pourrait être différente. S’il n’a jamais été amené à jouer en 10 au niveau international, on se souviendra probablement en Occitanie qu’Antoine Dupont a occupé ce poste à plusieurs reprises – avec un certain succès – lors de matchs à enjeu sous le maillot du Stade. Toulouse.
En mars dernier, contre l’UBB, son repositionnement en ouverture avait inspiré son manager du club, Ugo Mola, à faire le commentaire suivant : « J’aime quand les gens m’expliquent que c’est le meilleur 9, mais il n’est pas mal non plus au 10. » Un poste pour lequel, faut-il le rappeler, il a été formé avant de s’installer derrière la mêlée.
“Je ne suis pas inquiet”
Malgré son immense talent, le choix n’est-il pas risqué avant d’affronter les All Blacks ? « C’est vrai qu’il joue très rarement à 10, précise le centre Gaël Fickou. « Mais c’est un excellent défenseur avec un très bon jeu au pied. C’est complet, je ne m’inquiète pas pour ça. L’adaptation à avoir, c’est de bien défendre ensemble, d’avoir le maximum de connexions à l’entraînement pour être bon dans les matchs. Honnêtement, il a les qualités pour jouer à tous les postes. »
Une polyvalence que le staff compte bien exploiter. “Nous avons la chance d’avoir de grands joueurs”, observe William Servat, responsable des avants. Et quand on a de bons joueurs, c’est toujours agréable de les avoir sur le terrain, quel que soit le poste. ” Soit.
À ce stade, vous vous demandez peut-être quel a été le résultat du scénario présenté en introduction ? La France a conservé son avantage sur le fil. Mais cela ne tient qu’à une pénalité de près de 50 mètres manquée par Matthieu Jalibert.
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