Elle aura lieu, malgré les polémiques. Le gala « Israël est éternel », organisé par des personnalités d’extrême droite franco-israéliennes, se tiendra mercredi 13 novembre à Paris, à la veille du match de football France-Israël. Cet événement, dont le lieu est tenu secret, est présenté par ses organisateurs comme « la mobilisation des forces sionistes francophones au service du pouvoir et de l’histoire d’Israël ». Son organisation a provoqué un tollé d’une partie de la classe politique, mais aussi de plusieurs syndicats et associations.
Pourquoi une telle opposition ? D’abord parce que le gala, dont l’entrée coûte 260 euros, est organisé par des personnalités d’extrême droite. L’association « Israël est éternel », fondée par Jacques Kupfer, militant sioniste radical, est aujourd’hui présidée par sa fille, l’avocate Nili Kupfer-Naouri, membre du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahu. En décembre 2023, elle avait notamment déclenché une polémique en estimant qu’il n’y avait pas de « pas de population civile innocente à Gaza » dans un article sur X.
Mais la polémique est née surtout de la promesse de la présence du ministre israélien Bezalel Smotrich. Le ministre des Finances, âgé de 44 ans, est connu pour ses positions extrêmes. En 2015, il a déclaré “proud homophobe” en s’opposant à l’égalité du mariage, rapporte Le Parisien. Il fait partie « de l’aile radicale et suprémaciste de la coalition gouvernementale » par Benyamin Netanyahou, souligne Le Figaro.
Lors d’un discours à Paris en 2023, il estimait même que «Les Palestiniens n’existent pas.. En août dernier, Bezalel Smotrich avait défendu le blocage de l’aide humanitaire à Gaza. Lui-même colon, il a affirmé lundi lors d’un discours devant le Parlement israélien que “la création d’un Etat palestinien (…) mettrait en danger l’existence de l’Etat d’Israël” et ça “la seule manière d’éliminer cette menace (…) est d’appliquer la souveraineté israélienne sur les colonies de Judée et de Samarie”le nom biblique de la Cisjordanie occupée.
Malgré la promesse des organisateurs, la présence du membre du gouvernement israélien n’est pas garantie. “A ce stade, je n’ai aucune confirmation de sa venue en France”a répondu mardi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à RFI. Plus tard dans la journée, un porte-parole de Bezalel Smotrich a déclaré à l’AFP que“Aucun déplacement à Paris n’était prévu”. On ne peut toutefois pas exclure qu’il participe virtuellement.
L’annonce du gala a provoqué la colère de plusieurs organisations, dont la Ligue des droits de l’Homme et la CGT. Dans un communiqué publié le 4 novembre, ils ont dénoncé un « gala de la haine et de la honte »dont la tenue “constituerait une insulte au droit international.. Un avis partagé par plusieurs députés de gauche, dont Thomas Portes, élu LFI de Seine-Saint-Denis. « La France ne peut accepter la présence d’un criminel de guerre sur son sol »écrivait-il sur X à la mi-octobre, ajoutant qu’il avait demandé au préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, d’annuler l’événement.
Cette dernière n’a pas donné suite, jugeant que le gala ne présentait pas de risque de trouble à l’ordre public. “important”a-t-il déclaré mercredi sur RTL. Même son de cloche chez le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui s’est exprimé sur le sujet sur TF1 mardi soir. Saisi par la Coordination des Appels pour une Paix Juste au Moyen-Orient EuroPalestine, “La justice a donné raison à notre commissaire qui n’a pas interdit cette manifestation, pas plus que nous n’allons interdire d’autres manifestations auxquelles on s’opposera”a-t-il expliqué, en référence à une décision du tribunal administratif de Paris en date du 8 novembre.
En réaction à la poursuite de la manifestation, une manifestation lancée à l’initiative de partis politiques (LFI, EELV, NPA) et d’associations est organisée mercredi soir. Elle aura lieu entre la gare Saint-Lazare et la place de la République à Paris. D’autres organisations, dont SOS Racisme, prévoient de se rassembler dans le 8e arrondissement de la capitale.
Une contre-manifestation, en soutien au gala, est également attendue. Le mouvement de droite juif Betar, qui compte de nombreuses branches à travers le monde et compte dans ses rangs des membres radicaux, envisage de se rallier aux côtés du Mouvement des étudiants juifs français. Le lieu et l’heure sont inconnus à ce stade.
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