En mars dernier, Nizar Touihri avait déjà attiré l’attention des médias, notamment LyonMag, en révélant des dysfonctionnements au sein de la Métropole de Lyon. Le responsable avait dénoncé des pratiques qu’il considérait illégales, appuyant ses accusations par un constat d’huissier.
Ses révélations avaient mis en lumière plusieurs dérives, ce qui lui avait valu d’être perçu comme un “bête noire” par ses collègues et ses managers.
«Le moindre geste que je fais, boum, enquête administrative»déclare-t-il. Selon lui, ces enquêtes répétées ne seraient qu’un moyen pour la direction de lui faire payer son audace.
Nizar Touihri, agent technique à la Métropole de Lyon, a été sanctionné le 4 novembre, de 6 mois d’exclusion temporaire de fonctions, dont 2 avec sursis (soit 4 mois fermes).
Nizar Touhiri estime avoir été puni uniquement pour avoir dénoncé ce qu’il considère comme des actes islamophobes.
Cette nouvelle sanction fait suite à des faits remontant à 2013. En effet, il y a plus de 10 ans, l’agent technique explique qu’un gestionnaire de la Métropole a utilisé un «liste» ddes salariés soi-disant musulmans pour leur demander de ne pas souhaiter « Joyeux Ramadan » dans des mails échangés à la Métropole.
« Un jour, j’ai reçu « Joyeux Ramadan » sur ma messagerie professionnelle. Je ne connais pas cette personne, donc je n’ai pas répondu. Derrière, Lise Fournot-Bogey (directrice adjointe des ressources humaines, ndlr) reprend toute la liste pour laquelle personne ne nous avait contactés et elle nous a envoyé à tous un mail : ‘Vous avez un devoir de neutralité, etc.’ Je réponds : ‘excusez-moi madame, je me retrouve dans une liste, mais je n’y suis pour rien, vous devriez régler ça avec la personne qui a envoyé le mail, car je ne comprends pas pourquoi je suis dans cette liste ”», explique-t-il. “C’est celui qui m’a reproché d’avoir fait ce listing de tous les noms de personnes appartenant ou censées appartenir à la religion musulmane, pour leur dire d’éviter de souhaiter via des mails de groupes professionnels un ‘bon Ramadan'”.
Si ce dernier comprend bien le devoir de neutralité, il s’est alors permis d’envoyer des preuves, notamment des emails avec lesquels «la direction souhaite chaque année un joyeux Noël sans réaction, tandis qu’un simple bon Ramadan suscite la désapprobation. Je lui ai envoyé tous les mails, et depuis aucune réponse.
Nizar Touihri a ainsi dénoncé ces faits à Anne Jestin, la directrice générale des services, qu’il a informée de ce qu’il considère comme un acte de discrimination.
C’est finalement en septembre 2024, après avoir relancé la question, que Nizar Touihri a reçu une citation à comparaître devant le conseil de discipline. « C’est à la suite de mon mail du 4 septembre 2024 pour m’interroger sur l’état de ma dénonciation concernant l’islamophobie que j’ai reçu un mois plus tard une convocation m’informant que j’étais déféré devant le conseil de discipline pour être sanctionné.
La sanction repose en grande partie sur son non-respect des circuits hiérarchiques. En novembre 2023, l’agent a envoyé un mail à plusieurs managers, dont le directeur des ressources humaines et le chef de cabinet, malgré les avertissements déjà reçus précédemment pour avoir outrepassé son supérieur direct. La convocation fait également état d’une menace que Nizar Touhiri aurait proférée lors d’une conversation téléphonique. Ce dernier assure n’avoir jamais menacé personne.
L’agent de Métropolis voit cette sanction comme une forme de répression liée à ses dénonciations. “Les raisons de la sanction sont fausses, mais j’ai dû être puni pour ma témérité.” Il critique également la procédure disciplinaire, qu’il juge partiale. «Le magistrat du conseil de discipline s’est entretenu de manière informelle avec les délégués syndicaux qui étaient là pour m’écraser», dit-il.
Pour l’heure, Nizar Touihri se retrouve sans salaire depuis quatre mois, une situation qui accroît encore davantage son sentiment d’injustice.
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