Ce dimanche 10 novembre commence tôt : il faut rejoindre les pontons du village de Vendée Globe aux Sables d’Olonne avant 7h30. Le défilé des skippers est précis : un départ toutes les trois minutes et un protocole de 45 minutes par marin. Conformément au tirage au sort, le premier à s’élancer est le marin basé à Concarneau, Charlie Dalin. Jean le Cam est 25ème. Sa fille Thaïs l’attend près du bateau pour lui dire au revoir. “Encore une fois, ça fait 20 ans, on va dire que c’est habituelelle a souri. C’est un peu comme un charme, c’est le départ, on a évidemment envie de se dire au revoir”.
Comme les autres, Jean le Cam passe à côté du trophée, répond aux questions des médias avant de s’élancer sur le ponton. Les mains dans les poches, le marin finistérien, reconnaissable à ses cheveux bouclés, s’approche de son Imoca noir et jaune. Tout commence dans Finistère Armor Lux. Il prend le temps de discuter avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, accompagné du président du Conseil départemental de Vendée, Alain Leboeuf. En quelques secondes, le roi Jean résuma ses pensées : «Nous devons penser à l’avenir de Port Olona (Editor’s note: the departure port of the Vendée Globe in Les Sables d’Olonne), nous avons presque atteint le point de saturation de l’événement.» Pas le temps d’en dire plus, il est temps de monter à bord.
Le marin qui passait la soirée avec ses proches sur un petit voilier restaurant du port, admet avoir mal dormi. Et quitter le port est délicat : il faut sortir du ponton en marche arrière, en évitant un poteau d’un côté et le foil d’un de ses concurrents de l’autre. Après une petite frayeur, l’Imoca est prêt à descendre le chenal. C’est un moment que le marin de Port-la-Forêt attend avec impatience, d’autant que lors du précédent Vendée Globe en 2020, l’épidémie de Covid obligeait les gens à rester chez eux au moment du départ. Massés sur les quais, les passerelles, partout, des centaines de milliers de personnes acclament le roi Jean. Debout à l’avant du bateau, les bras levés, il les invite à faire un ola. “Avez-vous vu ça ?», s’exclame-t-il, des étoiles plein les yeux. “C’est un engouement extraordinaire des gens pour ce Vendée Globe, il y a des fous, il y a du monde sur la plage, du monde partout, ce sont des moments exceptionnels.“
A ses côtés, sa femme Anne filme la scène. C’est aussi sa sixième chaîne, sa dernière, promet-elle, et elle ne cache pas son émotion : «Je ne sais pas si on se rend compte de l’intensité de tout ce qu’ils reçoivent là-bas avec ces centaines de milliers de personnes le long de la Manche, c’est hallucinant. C’est une énergie folle qui sort de là, c’est complètement fou.“
« Cela fait trois ans et demi que nous travaillons pour cela »
Une fois sorti du canal, revenez au calme. Il reste trois heures avant le départ, il est temps de se mettre en configuration course. Son équipe hisse la grand-voile. “Nous travaillons là-dessus depuis trois ans et demi, nous devons donc nous concentrer sur le début. Là je vais regarder la météo, quand on sera un peu au clair de tout ça.« Jean doit notamment choisir quelle voile utiliser pour franchir la ligne. Le vent est léger, entre quatre et huit nœuds. Ce sera le spi.
Une heure avant coup d’envoi de la 10ème édition du Vendée Globeil est temps de quitter le navire. Anne Le Cam embrasse une dernière fois son mari avant de sauter dans un bateau semi-rigide. L’équipe technique finit également par descendre. Ça y est : Jean est seul à bord pendant toute la durée de la course.
“Top start Vendée Globe 2024» : les 40 bateaux s’élancent, à petite vitesse. Le spi de Jean le Cam a du mal à se gonfler mais la marie ne dévie pas de sa route. Le zodiaque le suit un instant pour s’assurer que tout va bien avant de faire demi-tour vers Les Sables Anne demande à se rapprocher pour un dernier au revoir : «On vous laisse», crie-t-elle à son mari. Ils échangent tous deux un geste de la main. Le couple restera en contact étroit tout au long de la course. En cas de problème, c’est Anne que Jean le Cam appelle à toute heure du jour et de la nuit. Premier contact le jour même à 17h30 : «Tout va bien», sourit-elle en raccrochant.
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