Après 33 ans de carrière militaire, un retraité des Forces armées canadiennes (FAC) déposera, avec beaucoup d’émotion, une couronne pour la première fois lors de la cérémonie du jour du Souvenir, le 11 novembre.
Chaque année, ce devoir de mémoire est extrêmement important pour tous les anciens combattants.
« Pour la première fois, je vais pouvoir le faire. Il y avait plusieurs étapes à franchir. Je digère ma retraite, mon dernier jour du Souvenir en uniforme, mon premier jour du Souvenir en civil. Je me sens prête», explique Julie Grandmaison.
L’ancien adjudant de 51 ans a le sentiment de vivre un deuil et de perdre une famille. Engagé à 17 ans, ce n’est pas qu’un chapitre qui se tourne, mais toute une vie à réapprendre. Impossible de retrouver l’adolescente qu’elle était alors.
Perdre une famille
« C’est une belle carrière, mais c’est vraiment une perte. C’est comme perdre une famille. Avant l’armée, quelle était ma vie ? Je ne sais pas. Je suis en train de devenir la nouvelle version 2.0 de moi-même ! ajoute celle qui est présidente du conseil d’administration du Centre de ressources pour les familles militaires de Valcartier.
DIDIER DEBUSSCÈRE/JOURNAL DE QUÉBEC
Dès le début de la vingtaine, Julie a connu trois missions et plusieurs transferts à travers le pays. La Croatie et la Bosnie à deux reprises, mais pas l’Afghanistan par décision familiale, le père de son fils étant également militaire.
« C’est difficile de revenir d’une mission, de rattraper le rouet. J’ai perdu des amis en mission et par suicide. C’est à eux que je vais penser. Certains ne reviennent pas, mais d’autres ne reviennent pas psychologiquement. Pour ma part, c’est une bataille éternelle. Je suis toujours suivi mais ça se passe bien. Je peux dire que c’est le sprint final.
Même si le niveau de reconnaissance des gens a augmenté, un simple remerciement n’est pas encore automatique. Les soldats portent un bagage de traumatismes pour le reste de leur vie et la valise est souvent très lourde.
Photo fournie par Julie Grandmaison / FAC
Changer la culture
« Nous sommes tous concernés. C’est le seul lien qui nous rassemble. Nous allons presque tous au jour du Souvenir. La vie est belle et elle ne doit pas s’arrêter là », dit-elle avec un élan d’optimisme.
Julie Grandmaison est particulièrement touchée par le rôle des femmes dans les Forces. À son arrivée, les années 1990 marquent un changement majeur pour le recrutement et l’intégration des femmes dans l’infanterie et ailleurs. L’accès à tous les postes militaires a été ouvert aux femmes en 1989, à l’exception du service à bord des sous-marins.
En 2024, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé la nomination du lieutenant-général Jennie Carignan au poste de chef d’état-major de la Défense. Le lieutenant-général Carignan est la première femme de l’histoire du pays à diriger les FAC. La chef de cabinet a du pain sur la planche, notamment en matière de transformation de la culture au sein du personnel.
« Il est temps que la culture change. Cela aurait dû être fait avant. Nous devons arrêter de vivre dans un monde de licornes.
« La machine est grande à changer et cela prendra une génération », estime-t-elle.
Bien consciente des horreurs de la guerre, Julie accueille depuis plusieurs mois un jeune hockeyeur ukrainien de 13 ans. “Je redonne.”
Deux grandes cérémonies du jour du Souvenir, le 11 novembre, dans la région de Québec
- Haute-Ville de Québec
Cénotaphe de la Croix du Sacrifice
La cérémonie commence à 10h45 - Valcartier military base
Base Valcartier Cenotaph
La cérémonie commence à 10h45
*Les deux cérémonies comprendront un hommage aérien avec un survol d’un hélicoptère militaire à basse altitude vers 11 heures.
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