Dernière ligne droite pour l’entreprise mosane Le Bras Frères sur le chantier de Notre Dame. La cathédrale se libère peu à peu des gigantesques arceaux de bois qui la soutenaient. Une grande fierté pour toute l’équipe.
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Alors que les cloches ont recommencé à sonner ce vendredi 8 novembre 2024, moins d’un mois avant la réouverture de Notre Dame de Paris, l’entreprise Le Bras Frères dans la Meuse se rapproche “la dernière ligne droite» de sa mission, comme nous le confie Julien Le Bras, président du groupe familial : «nous nous sentons soulagés. Nous sommes passés par de nombreuses étapes, véritable ascenseur émotionnel permanent qu’a été ce projet. Pour reprendre l’image utilisée par Philippe Jost, chef de l’établissement public chargé de la restauration de la cathédrale, c’est une course de haies. Vous devez les parcourir un par un, en vous concentrant sur chacun d’eux. Nous venons de dépasser le dernier. La ligne d’arrivée est ici.
Nous sommes soulagés que tout se soit bien passé. Nous avons atteint nos objectifs. Le chantier s’est déroulé de manière exemplaire en termes de sécurité. Julien Le Bras est très fier de ses équipes : « Je salue leur dévouement, leur implication, leur sérieux. Le site doit beaucoup à eux, mais aussi à leur famille. Le dévouement et les sacrifices consentis au fil du temps ne seront possibles que si les familles acceptent de sacrifier les week-ends et de partir. »
Il y a quelques jours, la cathédrale a été débarrassée d’une partie de ses arches en bois. Ils ont été installés il y a cinq ans pour «soutenir les arcs-boutants et sécuriser la cathédrale », affaibli par l’incendie de 2019.
Cela avec la permission de « contrebalancer le poids qu’exercent la voûte et la charpente sur les murs, en créant une poussée équivalente.“
Cintres fabriqués sur mesure en Lorraine, pour ce projet hors du commun, par l’entreprise. Il fallait aussi imaginer et construire un outil spécifique.un palonnier» pour réaliser cet exploit. Les éléments des cintres pèsent 10 tonnes et leur positionnement a nécessité une précision de l’ordre du millimètre. Toute une équipe a été mise en ordre de bataille : étude, fabrication et pose de suspentes en bois pour tous les arcs-boutants.
Le bureau d’études de l’entreprise dispose de « cconçu et calculé une charpente en bois qui épouse parfaitement la ligne pure de chaque arc en pierre de la cathédrale« .
Damien Brisson est directeur général de la société Le Bras Frères. Il a supervisé cette partie des travaux : « Le retrait des cintres se poursuit. Nous avons commencé par la Nef, puis le côté sud. Pour le côté nord, il faudra attendre début 2025 et on en finira avec le cœur.» Interrogé sur la partie la plus difficile, il a répondu : «tout est difficile. Techniquement, c’est du jamais vu. C’est une œuvre unique aux dimensions uniques. Il a fallu s’adapter.»
Les lendemains de Notre Dame ne lui font pas peur, bien au contraire : «nous avons grandi de cette expérience. Nous avons appris à gérer la pression et à rester humbles.“Et si je devais lui résumer cette grande aventure en un mot, il se souviendrait de ce mot.”partage« . « Nous avons essayé de partager le travail sur ce chantier avec les écoles même si nous avions des contraintes de temps, car il est important de donner envie aux jeunes de comprendre le savoir-faire qu’on peut transmettre avec un tel projet. Il y a aussi du partage entre professionnels.
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La société Lebras Frères a développé un outil spécifique « un palonnier ».
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©Lebras Frères
Il y a des jours où nous étions 300 à travailler ensemble au même endroit. Il y avait des jours où nous devions mélanger des équipes avec d’autres entreprises et nous pouvions avoir des compagnons de menuisiers et des apprentis menuisiers dans un groupe. Tout le monde avait exactement le même état d’esprit, l’esprit d’équipe, la même envie de bien faire ; compagnons ou charpentiers avec un C majuscule.“
Ainsi, après Notre Dame, Damien Brisson est déjà dans d’autres aventures, des châteaux, la cathédrale de Beauvais, mais aussi un gymnase. Il n’y a pas que le patrimoine qui peut déplacer des montagnes…
De juillet 2019 à février 2020, 28 cintres ont été installés sous les arcs-boutants de Notre-Dame de Paris. La pose était spectaculaire. « Installer chaque cintre est un défi renouvelé : définitivement assemblé au sol, il est fixé à un palonnier, destiné à le soulever en équilibre complet. En effet, il doit être soulevé parfaitement droit et placé en douceur à son emplacement. Il n’y a qu’un écart de 6 mètres entre chaque arc, ce qui évite les hésitations.
Le cintre est érigé sur les semelles de béton coulées sur les terrasses de la cathédrale pour le maintenir droit et répartir le poids qu’il devra supporter. Des cordistes attachés à l’arc-boutant ont placé des couchis (longs blocs de bois) entre celui-ci et l’arc-boutant. Celle-ci est désormais neutralisée et ne risque plus de provoquer l’effondrement des voûtes. »
La réouverture de Notre Dame de Paris au public est prévue le 8 décembre 2024.
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