Selon nos informations, un énorme malentendu a provoqué une suspension de paiement aux nombreuses imprimeries qui produisent, pour la mairie, le magazine « À Paris », ses équivalents dans les quartiers, les affiches, les tracts, mais aussi les fiches de paie. des 55 000 agents municipaux. Tout a fini par revenir à la normale, après une grosse frayeur. Explications.
Ils sont allés jusqu’à menacer de ne pas livrer “À Paris”, le magazine City, s’ils n’étaient pas dûment payés. Les nombreux imprimeurs qui travaillent pour la mairie se sont dit que, décidément, la situation financière était grave, les caisses complètement vides, la municipalité prise en flagrant délit de non-paiement, et donc au bord de la faillite. Selon nos informations, leurs factures n’étaient pas payées depuis la mi-septembre, malgré leurs plaintes et menaces.
Le magazine municipal trimestriel « À Paris » – qui deviendra bimestriel en janvier – est distribué gratuitement dans les boîtes aux lettres, les mairies d’arrondissement ou les bibliothèques ; le numéro spécial Jeux Olympiques et Paralympiques de cet été a été tiré à 800 000 exemplaires ! En complément de cette publication, la communauté parisienne imprime les gazettes d’arrondissement (« À Paris Centre », « Cinf Magazine », « Treize », « Paris Quinze Mag », « M18 »…). Ainsi que, chaque mois, une quantité considérable d’affiches pour le mobilier urbain, de flyers, de dépliants (pour les crèches, les Ehpad, tous les services municipaux, etc.). Sans oublier, sujet sensible, les fiches de paie des quelque 55 000 agents. Tous ces tirages ont été suspendus pendant un mois.
Un fonctionnaire trop zélé
La situation s’est finalement résolue à la mi-octobre. Ce qui s’est passé? Un fonctionnaire nouvellement arrivé, zélé et minutieux, de la Direction régionale des finances publiques d’Île-de-France et de Paris (DRFiP 75), un service de la préfecture de région, s’est penché sur le processus de commande publique de la Ville avec l’imprimerie, via une société de services unique chargée de centraliser les achats. Ce mécanisme atypique ne lui semble pas réglementaire, voire carrément illégal. D’où le blocage d’un mois.
En 2019, la mairie de Paris a opté pour ce système, peu répandu dans les collectivités territoriales, appelé « gestion de l’impression ». La Ville a cessé de payer directement les imprimeries – elle n’est même plus en contact avec elles désormais – mais l’entreprise sous-traitante Chaumeil, qui fait office de maître d’œuvre pour la gestion des imprimés. Ce « print manager » passe lui-même les commandes et se charge d’honorer les factures. La Ville y voit une manière d’optimiser ses achats d’impression, afin d’économiser l’argent public.
« Le comptable de la DRFiP 75 ne connaissait pas ce système de « marchés innovants », il voulait consulter tous les devis, toutes les factures, soupire-t-on à la Mairie. Nous avons pris deux semaines pour lui expliquer le fonctionnement, et lever ses doutes, ses inquiétudes, ses soupçons. » Après vérification, tout est finalement revenu à la normale, sans scandale ni publicité. Plus de peur que de mal, donc. Problème : cette « période flottante », pendant laquelle les paiements étaient suspendus, a provoqué des problèmes de trésorerie pour les imprimeurs concernés. Ils ne sont pas prêts d’oublier cette mésaventure.
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