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Les chiffres de l’économie gersoise sont loin d’être excellents, mais le territoire n’a pas touché le fond. Explications avec Alain Soler, président du tribunal de commerce d’Auch.
Les pages d’annonces légales de La Dépêche du Midi en témoignent : le Gers va connaître une augmentation significative des faillites d’entreprises en 2024. Il y en a eu 120 sur les 11 derniers mois. Pour autant, le président du tribunal de commerce du Gers garde confiance dans le tissu économique local.
« Ce chiffre est élevé si on le compare aux chiffres d’avant la crise sanitaire », explique Alain Soler, le président du tribunal de commerce. A la fin de l’année, on atteindrait 130 procédures collectives, toutes confondues. »
Le Gers a connu une hausse des défaillances de 20 % par rapport à 2023, sur 11 mois. Mais Alain Soler a un souvenir. Et les dossiers sortent : en 2015, il y a eu 146 procédures engagées ! “On a vu bien pire, même s’il y a encore trop d’entreprises qui disparaissent”, ajoute Alain Soler.
Le marqueur de litige
Face aux crises actuelles, les entreprises déjà implantées doivent s’adapter. « La filière Armagnac le voit avec les problèmes fiscaux. »
Les litiges liés au recouvrement des comptes clients – première cause de défaillance – sont à nouveau en hausse, tout comme les procédures d’injonction de payer. « Il existe des procédures amiables et confidentielles avant d’être en cessation de paiement, comme le mandat ponctuel et la conciliation, qui sont trop peu demandées dans le Gers. »
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Les tableaux de bord de la Banque de France reflètent également une hausse des défaillances entre 2023 et 2024. « Mais il faut la relier aux mesures de soutien à l’économie Covid, qui ont maintenu un peu plus longtemps l’activité pour certaines entreprises », précise le directeur de l’établissement du Gers. , Aude Ayroles. À mesure que ce soutien s’estompe, les échecs recommencent. « Le niveau est en train de dépasser celui d’août 2019, mais si on compare à la moyenne de la décennie pré-Covid, on observe un peu plus de ratés. »
Effet de la hausse des taux, les coûts des matières premières, l’immobilier, la construction et l’agriculture sont les plus touchés, selon la Banque de France. Le tribunal note que les activités les plus touchées sont les boulangeries, la restauration, le bâtiment et le bien-être personnel (coiffure, esthétique). « En général, le nombre de liquidations correspond au nombre de pertes de salariés : 75 % d’entre elles sont des entreprises individuelles. »
Des réactions trop tard
Quand ces entreprises en mauvaise posture arrivent devant le tribunal de commerce, “ce sont des entrepreneurs qui ne se sont pas adressés aux bonnes personnes et n’ont pas voulu regarder la réalité et s’en accommoder”, regrette Alain Soler. Alors que 80 % des entreprises bénéficiant d’une démarche de prévention trouvent un résultat positif.
Le président du tribunal de commerce rappelle que l’économie n’a jamais été pavée de roses. « Je ne suis pas inquiet : pour moi, l’économie gersoise est dans les normes. Cela pourrait être mieux, mais rappelez-vous simplement le choc pétrolier ou la crise de 2008. Ou encore une inflation à 12%, des taux d’emprunt qui tournaient autour de 15% à 10 ans contre 25 ans aujourd’hui ! »
Il exhorte les comptables à encourager les chefs d’entreprise à s’adresser au tribunal plus tôt. « Il n’y a pas de honte à s’adresser au tribunal de commerce : son aide peut être décisive ! Les chefs d’entreprise sont parfois dans le déni… »
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