« Un de nos électeurs qui est motocycliste a failli tomber et s’enfoncer dans un fossé. Il était très en colère parce qu’on ne l’avait pas prévenu qu’il y avait de la boue. » Maire de la commune de Cours, Catherine Gourmelon a publié un post sur la page Facebook municipale « à l’attention de nos amis agriculteurs » pour vous alerter de la situation.
Comme dans tout le département des Deux-Sèvres, la petite commune de Gâtine est confrontée depuis un mois à un problème de dépôt de terre sur les routes, les rendant dangereuses pour les usagers, notamment les deux-roues. En cause : les travaux agricoles saisonniers en cet automne 2024 particulièrement pluvieux. Au moment de l’ensilage, les champs sont gorgés d’eau et les récoltes sont difficiles pour les agriculteurs. Conséquence : en sortant des champs, les tracteurs laissent des dépôts de terre rendant la route très glissante par endroits.
« Un lac de boue extrêmement glissant »
« Les gens se sont plaints cette année. Après avoir reçu des appels de riverains, j’ai publié ce message. Je comprends les agriculteurs. Ils doivent travailler et ils n’ont pas été gâchés par la météo. reconnaît Catherine Gourmelon. « Mais il y a des lois. Une route était monstrueusement sale. C’était un lac de boue extrêmement glissant. » Le maire a donc contacté les agriculteurs concernés : « Ils ont très bien compris. Nous leur avons demandé de nettoyer et au moins de mettre des panneaux pour avertir la population et pour que chacun puisse adapter son comportement, comme lorsqu’il y a du brouillard. »
« Des gens de tout âge nous insultent »
Côté agricole, certains ont également exprimé un certain agacement cette année : « C’est la première année que nous sommes interrogés ainsi, dans les Deux-Sèvres comme dans la Vienne. Des gens de tous âges nous insultent, nous font des queues de poisson ou klaxonnent. Plus nous sommes proches des grandes villes, plus nous avons de problèmes. » fustige Éric Retailleau, le président du syndicat des entrepreneurs agricoles des territoires poitevins. « Pour l’ensilage, nous faisons beaucoup d’allers-retours. Nous installons des panneaux et nettoyons avec des lames qui grattent la route et des brosses. Mais pas à chaque fois. Le ménage est effectué deux à trois fois dans la journée. Nous essayons de faire le plus possible, de prévenir, de nettoyer. Nous sommes conscients du risque, de la gêne, mais il faut aussi travailler et ne pas se laisser insulter. »
« Nous ne pouvons pas nettoyer à chaque tour »
Agriculteur près de Mauléon, Christophe Godet explique que pendant cette période de récolte du maïs pour en faire du fourrage, « on sort une remorque du champ tous les quarts d’heure » avec donc un taux d’allers et retours élevé. « Nous avons des balayeuses et des tonnes à lisier qui envoient de l’eau sous pression pour nettoyer, mais nous ne pouvons pas le faire à chaque tour. » Cependant, la circulation continue pendant cette période. « Il y a des voitures qui passent et compactent la terre. Le système de balai rotatif démange mais pas suffisant pour bien nettoyer », dans les cas où la terre a été écrasée. L’éleveur bio assure qu’il s’agit là d’un souci : « Nous, les agriculteurs, ne sommes pas fiers »entendent « pas rassurés » car ils doivent travailler mais sont conscients du risque engendré et “En cas d’accident, nous sommes responsables”.
La meilleure manière de partager la route avec le moins de risques et la plus compréhensive à ses yeux reste la prévention. Déjà, “nous mettons des panneaux” avertissant du risque de glissade. Mieux encore, il salue les informations fournies localement en amont : « Ma municipalité a bien joué le jeu. Elle a envoyé un message aux habitants pour leur expliquer qu’il y avait des travaux agricoles et que compte tenu des conditions météorologiques, les routes allaient être sales. » Le maire de La Petite-Boissière, Joël Barraud, qui a commandé des panneaux supplémentaires, confirme cet envoi de mails « rendre service et prévenir ». Message reçu et apprécié, selon Christophe Godet : « Mes voisins qui ne sont pas issus de l’industrie se sont arrêtés pendant que je balayais. Ils ont compris pourquoi nous salissions les routes. Nous avons échangé. C’est agréable, ça réconforte le cœur. »
Que dit le règlement ?
Interrogés, les services préfectoraux ont répondu que « il n’existe pas de réglementation spécifique destinée aux agriculteurs, la réglementation concerne tous les usagers de la route (particuliers, entreprises de travaux publics, etc.) ».
En cas de tels dépôts de terre, il existe une obligation de « signaler la zone dangereuse aux usagers de la route afin de les inciter à ralentir ; l’installation de cette signalisation relève de la responsabilité du responsable des dépôts de boue. Avec cette précision : « Une signalisation temporaire est mise en place dans les deux sens de circulation (distance d’environ 150 mètres en amont et en aval de la zone souillée) de manière à être bien visible, et à renouveler tous les 500 mètres si nécessaire. »
Quant aux panneaux eux-mêmes, « réglementaires, elles doivent être rétroréfléchissantes »désignant une chaussée glissante et de la « boue », « lesté et judicieusement situé sur l’épaule pour être visible et éviter d’être sali ».
Attention, l’obligation de signaler la boue sur la route ne vous exonère pas de toute responsabilité, celle-ci doit également être supprimée. « L’installation de panneaux de signalisation ne dégagera pas toute responsabilité ; les tribunaux, en cas d’appel, pourront apprécier si les moyens mis en place étaient adaptés au danger créé. »
Les contrevenants s’exposent à des amendes comprises entre 1 500 et 3 000 € en cas de récidive. En cas d’accident, ils s’exposent à des dommages et intérêts bien plus élevés, voire à une peine d’emprisonnement dans les cas les plus graves.
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