Le projet a été lancé à la Climate Academy (4e) au printemps dernier par Roofscapes, une start-up qui crée des plateformes en bois permettant de recouvrir des toitures en zinc, génératrices de forte chaleur. Et les résultats sont impressionnants.
100 mètres carrés de toit vert
Reconnaissables au premier coup d’oeil, les toits de zinc de la capitale évoquent aujourd’hui bien plus que le panorama parisien et les Aristochats. Lors des canicules, ils sont synonymes d’une amplification de la chaleur, car ils la retiennent, rendant insupportable la vie des habitants des immeubles haussmanniens. Roofscapes propose une alternative : recouvrir ces toitures d’espaces verts.
L’idée s’inspire de projets déjà réalisés à Zurich et à Venise. À la Climate Academy, ils ont transformé leur vision en réalité : 100 m² de toit ont été transformés en une plateforme en bois, comprenant des bacs à plantes et des capteurs pour mesurer la température et observer les effets de la chaleur.
Jusqu’à 40 degrés de différence !
Aujourd’hui, la lutte contre le changement climatique ne se limite pas aux seuls sols. L’espace horizontal de Paris est couvert à 38 % par des toitures, hors Bois de Vincennes et Bois de Boulogne. Il s’agit d’un espace important et donc potentiellement exploitable.
De plus, le zinc est un matériau mal adapté aux fortes températures. Une surface de zinc au soleil peut atteindre 80°C lors de canicules de 40°C. La surchauffe créée par ces toitures en zinc contribue à augmenter la chaleur globale des villes. Au niveau des bâtiments, la chaleur se disperse dans les combles et surchauffe le sommet des bâtiments. Dans cette expérimentation réalisée par Roofscapes, il s’agit donc de les recouvrir.
Les études réalisées par les trois architectes à l’origine de la start-up ont permis de mesurer l’impact de cette innovation. Le 30 juillet 2024, le mercure atteint 35,8°C à 17h21 à Paris. Sur le zinc situé sous la plate-forme en bois, la température atteignait 35,7°C, tandis que sur la partie non protégée, elle était de 67,6°C.
En dessous du zinc, le constat était similaire : la plateforme permet de réduire la chaleur. La température mesurée sous le zinc protégé était de 29,7°C, contre 47°C sous la surface non protégée.
Promouvoir la conservation de l’eau
Sur ces plateformes, la start-up propose d’installer dans un premier temps des bacs à plantes à des fins de verdissement. Ceux-ci sont conçus avec un système d’auto-irrigation. L’eau de pluie est captée et stockée au fond des cuves. Des boules d’argile nourrissent ensuite les plantes. C’est une solution qui favorise la conservation de l’eau lors des périodes de fortes chaleurs.
A terme, ces espaces pourraient également assumer d’autres fonctions : espaces de détente, terrasses et espaces communs pour les résidents des immeubles concernés. Les possibilités sont nombreuses.
Allier innovation et résilience
Ce projet répond à plusieurs facettes de la résilience parisienne de manière low-tech (c’est-à-dire en mettant en œuvre des technologies simples, durables et économes en énergie). Dans un premier temps, l’idée est de transformer le rôle passif actuel des toitures en un rôle actif dans la lutte contre le changement climatique.
C’est aussi un premier pas vers la démocratisation de l’accès aux toitures, qui ont donc un potentiel social. La création d’espaces verts, loin des rues et à l’abri du bruit, peut également contribuer à préserver et soutenir la biodiversité parisienne. Un bel exemple de l’association entre innovation et résilience.
Related News :