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Un 2e week-end sans football, “la situation est grave” pour Pascal Tranquille

Alors que les actes de violence se multiplient sur les terrains de football amateur de la Somme, la commune a pris une décision rare : tous les matches du week-end sont annulés. Déjà, en 2022, la Région de la Somme avait pris une telle décision. A l’époque, il ne s’agissait pas d’une accumulation de dossiers, mais d’une agression contre un jeune arbitre.

2486 avertissements depuis le début de la saison, 214 exclusions. Alors que nous n’en sommes qu’au tiers de la saison dans la Somme, le nombre de dossiers traités par la commission de discipline du district de la Somme est déjà, presque, la moitié du niveau des saisons précédentes. Une situation intenable pour Pascal Tranquille, président de la structure. “Et cela concerne les catégories U9 jusqu’aux vétérans”, précise le district de la Somme. Son président, Pascal Tranquille, s’en explique.

Pour commencer, qu’est-ce qui vous a poussé à annuler tous les matchs de football du week-end dans la Somme ?

C’est là toute la gravité de la situation car les incivilités ne cessent de croître en fréquence et en intensité, ce qui est inacceptable. C’est simple, l’année dernière nous avions 4 instructions sur toute la saison, et là nous en sommes déjà à 17… Le plus dramatique c’est qu’à part les U7, cela touche toutes les catégories, des U9 aux vétérans. Donc si quelqu’un trouve ces chiffres normaux, faites-le moi savoir. Enfin, je précise que cette décision n’a aucun rapport avec ce qui se passe en Occitanie (cette dernière a d’ailleurs décidé d’organiser un week-end de matchs sur sable pour dire la fin des comportements inappropriés et des agressions contre les éducateurs).

Tout le monde a des problèmes qu’il essaie de résoudre de la manière qui lui semble la meilleure ; De notre côté, nous avons déjà actionné plusieurs leviers et nous n’hésiterons pas à avancer dans tous les sens. En tout cas, ce n’est pas une décision que nous avons prise avec joie du cœur, mais nous ne pouvons pas nous reprocher d’avoir attendu qu’un drame arrive pour faire quelque chose parce que nous ne cessons de sonner la cloche. ‘alarme.

Comment penses-tu que nous en sommes arrivés là ?

Je ne vous dis rien en disant que c’est le reflet de la société actuelle. Quand on voit qu’il y a eu récemment une attaque à la hache sur le RER, ça devient grave. Tout cela est le reflet d’un mal-être général et si pour les uns la terre est un exutoire, elle est une zone de sans droits pour d’autres… Nous n’avons pas besoin d’eux et je les encourage à aller ailleurs.

Après, faut-il encore rappeler que perdre un match n’est pas une fin en soi ? Dans ce cas bien souvent les premières cibles sont les arbitres, puis le District qui est accusé de protéger tel ou tel club… Il est toujours plus facile d’attaquer les autres, et dans ce cas il n’y a plus de discussions possibles, on se retrouve face à murs.

De la même manière, on nous demande de sanctionner et d’être plus sévères ; mais lorsque la suspension d’un joueur est trop longue, les clubs viennent nous voir pour la baisser… et certains n’hésitent pas à reprendre un joueur expulsé par un autre pour des problèmes de comportement. Peut-être qu’une partie du problème vient aussi de là ; même si cela ne sert à rien de pointer du doigt tel ou tel club, car rien n’exclut que la prochaine fois ce soient eux qui soient à leur tour confrontés à un historique de violence. Personne n’est en sécurité.

Enfin, nous sommes dans un pays de droits où il faut des éléments pour accuser, des choses difficiles à recueillir car j’ai déjà entendu plusieurs fois des clubs me dire qu’ils n’avaient tout simplement pas le courage d’écrire pour dénoncer tel ou tel acte, qui est finalement resté impuni. Une chose est sûre, chacun a sa part de responsabilités et doit assumer la responsabilité de ses actes.

Même si la période est compliquée, avez-vous de l’espoir pour l’avenir ?

Bien sûr, le jour où j’en aurais plus, je resterais à la maison et je dirais à tout le monde de se débrouiller. Ce qui est sûr, c’est que l’environnement a changé. J’étais éducatrice il y a une quarantaine d’années quand j’ai commencé, je suis toujours avec des petits, et les enfants ne sont plus les mêmes. Aujourd’hui il y a plus de discipline à faire et je me demande encore comment ils peuvent connaître certains mots à 6 ans…

Pour finir, quel dernier message souhaiteriez-vous faire passer ?

Il faut vraiment qu’il y ait une prise de conscience collective de la situation actuelle, sinon nous connaîtrons des larmes et du malheur. Il faut retrouver ce vivre ensemble, cette envie de jouer ensemble, car n’oublions pas que s’ils sont adversaires sur le terrain, chaque équipe a besoin de l’autre pour jouer ; et que c’est cette envie de jouer qui doit avant tout animer chacun. Le football doit rester amusant.

 
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