La semaine dernière encore, une foule d’aficionados s’est rassemblée à sa porte pour rencontrer Riad Sattouf et obtenir son dernier titre, Moi, Fadi, le frère volé (Livres du futur). La routine de la librairie nancéienne La Parenthèse, où tous les grands noms de la bande dessinée,Émile Bravo a Voyagearrêté. Fondée en 1974 par un couple de fans de BD, Jacques Pierre et Luce Vincentl’enseigne est la deuxième plus ancienne librairie de BD de France.
« À l’époque, il fallait se battre pour que la bande dessinée soit considérée comme un art à part entière » rappelle Stéphane Godefroid, à la tête de la librairie depuis 2010 avec son associé, Mirko Claudot. Désormais, les deux collaborateurs sont ravis de pouvoir célébrer le demi-siècle d’existence de cette institution du 9ème art. Et pour marquer le coup, samedi 9 novembre, lors d’une journée rythmée par diverses animations et la venue des sept auteurs Romain Dutreix, Thierry Martin, Baru, Benoumais aussi Jeff Pourquié, Thibaud de Rochebrune et Laetitia Coryn. Pour remercier sa fidèle clientèle, l’équipe de la librairie, forte de sept salariés, prévoit également d’offrir le livre La Parenthèse, 50 ans de bande dessinée, spécialement conçu pour l’occasion.
Pionnier du 9ème art
Il faut dire qu’au numéro 19 de la Cour des Arts, où la librairie a définitivement élu domicile en 1989 après deux déménagements, le choix est vaste. De la BD au franco-belge en passant par le roman graphique, plus de 15 000 références ornent les rayons, répartis sur 300 m2 surface. « Les fondateurs voulaient distribuer tout ce qu’on ne trouvait pas dans les librairies traditionnelles, comme des fanzines ou des titres de petits éditeurs. La Parenthèse est devenue par exemple le premier vendeur des éditions Futuropolis. »détaille Stéphane Godefroid.
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A quelques encablures, une deuxième adresse, ouverte en 2005, Atout Manga, constitue une succursale pour compléter l’offre initiale de quelque 5 000 références japonaises. Une preuve supplémentaire, s’il en était besoin, de l’esprit pionnier de la marque. Mais alors que le monde du livre s’inquiète constamment de l’avenir des librairies indépendantes, comment La Parenthèse a-t-elle réussi à atteindre l’âge canonique de 50 ans ?
Fidèle à elle-même
« Il ne faut pas oublier que la loi du prix unique n’existait pas dans les premières années de la vente de livres. Par ailleurs, au début des années 1980, la Fnac s’est installée à proximité et a fait beaucoup de dégâts au commerce. Les libraires de l’époque n’ont pas été payés pendant deux ans ! “, se souvient le propriétaire du magasin. Malgré des débuts difficiles, La Parenthèse a su tenir tête aux mastodontes du secteur et intégrer ainsi le réseau de librairies indépendantes Canal BD. Surtout, elle n’a jamais dérogé à son ADN originel.
« Nous sommes restés militants puisque nous sommes toujours une bibliothèque de fonds. Il s’agit d’une pratique qui va à l’encontre des manœuvres courantes de nos concurrents, où la rentabilité se concentre presque exclusivement sur les nouveaux produits. précise Stéphane Godefroid. Aujourd’hui encore, la librairie recèle de nombreux trésors, dont L’Angélus publié chez Dupuis ou la fable de Martin Veyron chez Dargaud, devenus quasiment introuvables dans la plupart des autres points de vente. Ce qui ne manque pas de rendre fier le libraire : « Là où un titre restera 15 jours à Paris, le nôtre peut rester trois mois, voire un an. Après tout, en tant que grand indépendant, vous faites ce que vous voulez.
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