L’avenir de ce port de plaisance du Val-d’Oise en question

Voir mon actualité
Follow La Gazette du Val d’Oise

C’était il y a un an. La quinzaine de plaisanciers habitant Port Cergy (Val-d’Oise) craignaient la fermeture du port de plaisance de Cergy. Douze mois plus tard, le spectre d’un naufrage plane toujours dangereusement. Comme un mauvais refrain pour cette communauté de l’anneau qui refuse de larguer les amarres et de voir s’éloigner Port Cergy, son Eldorado aux faux airs de cité balnéaire nichée dans la boucle de l’Oise, à l’abri du bruit et de la fureur.

“C’est une situation très anxiogène”

Le 15 décembre prendra fin la prolongation d’un an de la concession confiée par la Cci Paris Ile-de-France à Sodeports pour la gestion du port de Cergy. Et jusqu’à présent, l’horizon est dégagé de tout acheteur, ce qui laisse présager un avenir incertain pour la marina sortie des eaux en 1990.

« S’il n’y a plus de gérant, il n’y a plus d’eau potable, plus d’électricité… C’est une situation très anxiogène », révèle un plaisancier.

L’entretien du port ainsi que tous les services rattachés à la capitainerie ont également été réalisés : boîtes aux lettres, machines à laver, toilettes, douches.

Le port de Cergy sera bientôt sans capitaine, navire fantôme plongé dans une mer d’incertitude. Face à la saturation et freinée par une rentabilité fragile, la marina aux 60 anneaux peine à attiser les convoitises. L’abandon en 2019 de Port Cergy 2, l’extension du domaine nautique, sur fond de vives contestations, n’a pas arrangé les choses.

Tant du côté de la Sodeports qui confiait en décembre 2023 que « le port Cergy n’était pas assez grand » et admettait « regretter l’abandon du port Cergy 2 ». Comme du côté de la Chambre de Commerce et d’Industrie (Cci) Paris Ile-de-France, propriétaire du port de plaisance Cergyssoise. « Le port de Cergy ne fait pas partie des atouts stratégiques de la CCI », confiait sans équivoque l’organisation l’année dernière. Depuis le Covid, l’incertitude règne sur le fleuve et depuis quelques temps le Port Cergy n’a pas le rendement espéré, il est naturel de s’interroger sur son avenir. »

Depuis, le vent n’a pas changé. « La Cci l’a mis en vente, confirment les plaisanciers. Sauf qu’il n’y a pas d’acheteur. Le groupe Suez s’est montré intéressé mais a décliné. L’agglomération de Cergy-Pontoise pourrait potentiellement reprendre Port Cergy, nous l’avons demandé mais nous n’avons pas eu de réponse. C’est très compliqué d’avoir des informations… »

La reprise par l’agglomération ? Le scénario tiendrait la corde. Selon nos informations, elle sera au cœur des discussions entre les trois acteurs du dossier lors d’une réunion prévue la semaine prochaine. Pour quel résultat ? « Rien n’est décidé », affirme Jean-Paul Jeandon, le président Ps de l’agglomération de Cergypontaine et maire de Cergy. « Nous travaillons activement avec l’agglomération sur une solution pour assurer la continuité du service », commente-t-on auprès de la Cci Paris Ile-de-France. La vente de Port Cergy est une des pistes sur laquelle nous travaillons mais en attendant que l’agglomération ait délibéré… »

Vers une reprise en main par l’agglomération ?

En attendant, les plaisanciers devront être patients. Continuer à vivre sans savoir ce que l’avenir proche leur réserve. Une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Rosie et Steve partagent leur vie depuis dix ans entre Port Cergy et l’Australie, leur pays d’origine. Six mois ici, six mois aux antipodes. « Nous devons bientôt partir en Australie mais nous aimerions repartir rassurés… » Ayant la certitude qu’à leur retour, Port Cergy sera toujours Port Cergy. Responsable du bateau-école O’Permis, Tého s’inquiète de la pérennité de son activité économique. « Je distribue 600 à 700 permis bateau par an, je ne sais pas ce qu’on nous réserve… ».

Tout le monde pense à la fermeture du Port Cergy. Mais tout le monde rejette le pire des cas. « C’est inconcevable ! Nous sommes une famille, une amitié s’est créée entre nous. Port Cergy est très important pour nous mais aussi pour l’immobilier et les entreprises. On ne veut pas aller au port de plaisance de l’Isle-Adam ou celui qui va ouvrir à Cormeilles-en-Parisis, c’est trop loin. Ici, il y a le village, les 3-Fontaines, Paris à 30 minutes en RER… ».

Pourtant, face à la cruelle réalité d’un port de plaisance cergynais à l’attractivité économique précaire, ils s’interrogent. « Port Cergy est à peine rentable. Qui va l’acheter ? D’autant qu’il faut faire de lourds investissements comme son désenvasement, la mise aux normes des pontons et de l’électricité ou encore les sanitaires de la capitainerie qui sont insalubres. » Avis de tempête pour Port Cergy.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actu.