Au-delà du choc ressenti de ce côté de l’Atlantique par le triomphe revanchard d’un ancien président inculpé de complot contre les Etats-Unis, pour avoir tenté de renverser le résultat de l’élection il y a 4 ans. La victoire d’un Trump débridé qui promet d’utiliser l’armée contre ses adversaires politiques, de purger l’État fédéral, de placer la justice sous son contrôle direct. Et qui envisage de soumettre l’Ukraine à une paix russe.
Au-delà des bouleversements économiques et géopolitiques à venir, certains vertigineux, le vote d’au moins 75 millions de citoyens américains – ce sera en gros le score de Trump – considéré comme un vote – on n’ose pas dire éclairé – non pas pour un inconnu, mais pour une personnalité qui a qui a écrasé le débat public pendant 9 ans, et qui a gouverné pendant 4 ans… ce vote envoie un message au monde et à toutes les démocraties occidentales. Donc le nôtre.
Les électeurs trumpistes nous parlent-ils ?
Ils ne nous parlent pas directement, ils ne se soucient pas de l’Europe, refusent les guerres lointaines et ne veulent plus que leur pays se comporte comme une superpuissance.
Mais comme je l’ai dit, ce qui s’est produit n’est pas une exception américaine : alors que les populistes du monde entier puisent aux mêmes sources, nous devons examiner les causes communes qui sont à la base de leur succès électoral.
D’abord la haine des élites, un rejet viscéral des dirigeants habituels, des figures du système, des journalistes – disons-le – et de tout ce qui peut incarner une gauche morale qui dicte aux citoyens leur façon de vivre.
L’incapacité de cette gauche à se réinventer, à se faire entendre des classes populaires qui l’ont abandonnée. Cela ressort très clairement du vote d’hier soir, bien plus diversifié qu’il n’y paraît : si l’Amérique a une nouvelle fois choisi un président d’extrême droite, indéniablement d’extrême droite, ses électeurs sont loin d’être réduits à cette étiquette. Pour faire simple, les Trumpistes ne sont pas seulement des suprémacistes blancs masculins. Nous savons déjà que les Latinos se sont largement tournés vers Trump.
Inflation, immigration. Problème économique et inquiétude ou panique identitaire. Deux questions auxquelles la gauche démocrate, même modérée comme Kamala Harris, n’a pas su apporter de réponse.
Autre enseignement à venir du vote américain : le poids du mensonge, nous en parlions hier. Les études d’opinion permettront de quantifier les convictions forgées par les mensonges de Trump, par ses relais médiatiques, par les fausses nouvelles amplifiées par Elon Musk, désormais l’homme le plus puissant du monde. Par le poids écrasant des émotions dans l’accès à l’information, produit des algorithmes du réseau X.
Vu de France, il faudra donc considérer à la fois le rationnel et l’irrationnel dans ce vote.
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