Par
Guillaume Laurens
Publié le
5 novembre 2024 à 20h30
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Les travaux du Occitanie Tour va pouvoir commencer.
Le Conseil d’État vient en effet de rejeter, mardi 5 novembre 2024, le pourvoi en cassation opposants au projet : il n’y a donc plus d’obstacle juridique à la création de l’immense bâtiment prévu dans le Matabiau district a Toulouse. Sept ans après être sorti du chapeau à la surprise générale, le Gratte-ciel de 150 mètres — et son promoteur — pourront sortir de l’ombre.
Le complexe de la dernière chance évacué
En février dernier, la cour administrative d’appel de Toulouse avait déjà confirmé la légalité du permis de construire de la Tour Occitanie, délivré cinq ans plus tôt par le maire. Jean-Luc Moudenc à la compagnie Compagnie de Phalsbourg -, et a rejeté les opposants à ce projet hors du commun, qui ont exigé son annulation.
Ce dernier a cependant déposé un recours devant le Conseil d’Etat en avril : le recours de la dernière chance devant la plus haute juridiction administrative française, qui ne juge que de l’application de la loi, et non du fond des affaires.
Quels étaient les arguments des opposants ?
« Nous estimons que cette délibération de la cour administrative d’appel de Toulouse inclut irrégularités dans la forme et est mal basé sur neuf points», avait expliqué à Actualités toulousaines Richard Mébaoudjspokesperson for “No to the skyscraper of Toulouse”, one of the applicant associations, alongside “Friends of the Earth Midi-Pyrénées”, “France Nature Environnement Occitanie Pyrénées”, “Le Droit au Logement 31” , as well as three local residents.
Examiné jeudi 10 octobre, le dossier a été mis en délibéré. Sans surprise, le Conseil d’Etat a rejeté le dernier recours des opposants. En ce sens, il s’ensuit les conclusions du rapporteur public qui avait estimé lors de l’audience que le permis de construire de la Tour Occitanie était régulier.
Que va-t-il y avoir dans la Tour Occitanie, le premier gratte-ciel de Toulouse ?
Soutenue par la Compagnie de Phalsbourg, promoteur privé, la Tour Occitanie a été annoncée à Cannes (Alpes-Maritimes) lors du MIPIM, le plus grand salon de l’immobilier au monde, début 2017. Ce projet consiste à ériger à côté du Matabiau gare, sur le terrain de la SNCF, un immeuble très haut. LE premier gratte-ciel de Toulouse.
Et « construction de la ville d’environ 30.000 m² », selon les termes du promoteur lui-même, conçu par les architectes Daniel Libeskind (à l’origine de la reconstruction du World Trade Center à New York) et Kardham Cardete Huet Architecture, qui comprendrait selon la Société sur 38 niveauxquelques 11 000 m² de bureaux, plus que 100 logements, et hôtel 4 étoiles, 2 000 m² de commerces et 1 500 m² de locaux SNCF, sans oublier un restaurant et un bar panoramique au sommet de la tour.
La Compagnie Phalsbourg préparait
Depuis le printemps, la Compagnie Phalsbourg préparait ce planning. Intervenant lors d’une soirée toulousaine dédiée à l’urbanisme fin avril 2024, Eric Paillot, vice-président de la Compagnie de Phalsbourgaffichait alors sa sérénité. Il a dit ceci :
« Cela fait cinq ans que nous gérons différentes procédures. Nous arrivons lentement à la fin des appels. Cette histoire devrait s’achever en septembre et octobre de cette année 2024, ce qui pourrait permettre de démarrer les travaux.
“Un projet qui reste très d’actualité”
Le soir même, il explique au public présent pourquoi malgré le tunnel judiciaire, la Compagnie de Phalsbourg maintient son cap :
« Ce projet, très opportun il y a cinq ans, l’est encore plus aujourd’hui. L’immobilier a progressé à Toulouse. La métropole a une vraie ambition et le maire de Toulouse a fait preuve d’un vrai courage politique (par rapport à notre projet). De plus, Matabiau demeure une merveille de localisation.
Les grands axes du projet confirmés
Elle a également confirmé les grands axes du projet : un bâtiment de 150 mètres de haut, la création d’un « bâtiment de ville » d’environ 35 000 m² sur 38 niveaux comprenant notamment un bar-restaurant panoramique au sommet de la tour, des logements « en hauteur à profiter de la vue magnifique », bureaux et commerces au pied de la tour, « qui répondra aux besoins de la tour, mais aussi du quartier ».
L’immobilier “parmi les plus chers de Toulouse”
Sur les questions financières, le porteur du projet a estimé le prix au m2 dans la Tour d’Occitanie, entre 10 et 12 000 euros le m2, sans vraiment préciser le coût de construction du futur bâtiment. Il a détaillé :
« Nous ferons partie de l’immobilier le plus cher de Toulouse. Nous serons dans la fourchette de 10 à 12 000 euros le m². Ce sera une opération où l’immobilier coûtera cher car les charges seront lourdes, avec des réglementations pour ce type de bâtiment qui génèrent des charges élevées.
Pour les entreprises du luxe ?
Il précise néanmoins :
“Nous n’avons jamais lancé de marketing autour du projet.” Concernant la demande future pour ce type de logement, il s’est voulu confiant et a dévoilé une stratégie possible.
« Y aura-t-il 120 foyers à Toulouse à acheter à ce prix (10 à 12 000 euros le m2) ? Probablement pas… Mais nous avons une autre vision. Nous avons des fonds d’investissement, souvent germaniques, qui investissent dans l’immobilier, puis mettent ces biens sur le marché locatif pour les louer à des entreprises qui y logent leurs cadres de passage. Nous le savons à Paris et cela nous permet de répondre à une demande précise. Le public cible est exigeant. Elle a l’habitude de vivre dans ce genre de tour à l’étranger.
Une stratégie que l’entreprise pourra affiner dans les prochains mois.
Sollicitée à de multiples reprises par, la Société Phalsbourg n’a jamais répondu à nos sollicitations.
Un projet soutenu par Jean-Luc Moudenc… et Carole Delga
S’il fait 150 mètres de hauteur, presque trois fois l’Hôtel Pullmansur les Ramblas voisines — ne passera pas inaperçu dans un paysage urbain dominé par des immeubles de 30 mètres, ce gratte-ciel est le souhait du maire (diverse droite) de Toulouse Jean-Luc Moudencmais aussi d’autres personnalités politiques, comme le président (PS) de la Région Occitanie Carole Delgaqui a indiqué début 2024, lors de l’inauguration de la future Halle des Mobilités, qui sera située en face du bâtiment, qu’elle était favorable aux « logements verticaux » à Toulouse et aux « nouveaux signaux architecturaux ».
Le quartier de tous les chantiers
Dans un quartier en plein big bang, censé accueillir la ligne C du métro en 2028, et en 2032 la LGV Bordeaux-Toulouse, la construction de ce bâtiment XXL ajoutera-t-elle un chantier de plus à Matabiau avant les élections municipales ? de 2026 ?
Ces dernières semaines, le Tri Postal, un ancien bâtiment ferroviaire situé le long des voies de la gare de Toulouse, où doit être construite la Tour d’Occitanie, a été démoli.
« Les opposants » prennent acte de la décision et lancent un appel aux Toulousains
Ce mardi soir, le collectif des opposants au Tour d’Occitanie à l’initiative du recours devant le Conseil d’Etat prend acte de la décision rendue : « Bien que ne comprenant pas cette décision au vu des nombreuses aberrations et risques sécuritaires et sécuritaires que ce projet pourrait causer à la population pendant les 2 à 3 années de construction et pendant les décennies d’existence de ce gratte-ciel s’il était confirmé par le promoteur, nous devons agir ».
Mais pour elle, « le débat sur le projet de Tour Occitanie ne fait que commencer compte tenu de la grande complexité du dossier et des zones d’ombre du premier permis de construire de la Tour Occitanie ».
L’association poursuit : « Nous lançons aujourd’hui un appel aux Toulousains pour qu’ils continuent à se mobiliser pacifiquement contre ce projet de gratte-ciel. Nous assurerons une veille événementielle et une veille juridique dont l’avenir probable permettra de modifier le permis de construire et ses caractéristiques. Permis modificatif que nous contesterions en justice s’il s’écartait du permis de construire initial de la tour Occitanie de juillet 2019.
Elle conclut : Nous n’avons pas changé d’avis ! Ce gratte-ciel serait une véritable « usine à gaz » en étant à la fois un triple désastre environnemental, esthétique et financier avec un budget qui devrait à terme s’élever à un demi-milliard d’euros.
(Avec David Saint-Sernin)
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