Face à la flambée de violences dans le département, le procureur général près la Cour d’appel de Basse-Terre était l’invité de Christelle Théophile, dans Guadeloupe Soir, le 4 novembre. Il est revenu sur les principales affaires et dossiers qui font l’actualité. .
Depuis le début de l’année, l’actualité guadeloupéenne prend une tournure inquiétante. Les violences sur le territoire ont connu une hausse spectaculaire avec 27 homicides enregistrés depuis janvier, dont plus de la moitié par arme à feu.
Cette situation remet en question les autorités locales et met en lumière des enjeux fondamentaux concernant la sécurité sur l’île.
Les tribunaux sont le théâtre de nombreuses affaires de violences : vols à main armée, violences conjugales, atteintes aux biens et aux personnes. La montée en flèche de ces infractions est un constat partagé par Eric Maurel, procureur général près la cour d’appel de Basse-Terre. “La Guadeloupe fait face à toutes les formes de violence», souligne-t-il, tout en reconnaissant le manque flagrant de moyens pour la police et la justice, qui peinent à répondre à cette situation d’urgence.
Chaque année, l’opération « Déposez les armes » incite la population à rendre les armes sans risque de poursuites. Si cette initiative permet aux services de l’État de récupérer certaines armes, elle ne semble pas cibler les armes en circulation, qui permettent de nombreux actes criminels sur le territoire.
La récente agression d’un gardien de prison, brûlé à l’eau chaude par un détenu, a mis sur le devant de la scène la question de la surpopulation des établissements pénitentiaires de l’île. Eric Maurel a exprimé sa solidarité avec le personnel pénitentiaire tout en évoquant des soucis de dignité : «On a vraiment des problèmes de dignité dans les établissements pénitentiaires guadeloupéens.»
Face à cette situation, des instructions ont été données aux procureurs pour réduire le nombre de détenus dormant sur des matelas à même le sol, afin d’assurer des conditions de détention plus respectueuses.
Pour Eric Maurel, il est essentiel de travailler sur les aménagements de peines afin de réduire l’incarcération en Guadeloupe, quand d’autres solutions sont possibles.
Nous assistons à des évolutions extrêmement positives. La Guadeloupe est très bien placée, notamment pour les libérations forcées, les aménagements de peine comme le maintien à domicile sous surveillance électronique dite du bracelet électronique. Il y a un vrai travail de fond qui donne des résultats positifs.
Eric Maurel, procureur général près la Cour d’appel de Basse-Terre
Le 29 novembre, la Cour d’appel de Basse-Terre organise, en partenariat avec la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) et l’École nationale de la magistrature, une conférence intitulée « Une justice qui résout les problèmes ». Cet événement vise à présenter les dispositifs d’accompagnement pour sortir de l’addiction et de la délinquance, afin de proposer des alternatives à la justice punitive.
Outre les violences, le territoire a également subi une panne d’électricité les 25 et 26 octobre, qui a plongé l’île dans une situation de crise. Suite à cet événement, une enquête a été ouverte sous la direction du procureur de la République de Pointe-à-Pitre.
Eric Maurel a confirmé que la panne pourrait être liée à un décès et les investigations se poursuivent pour faire la lumière sur les causes et les conséquences de cette panne.
Il y aura un très grand nombre de personnes à entendre, que ce soit du côté des salariés, de la direction de l’établissement et, bien sûr, de nombreuses victimes, y compris sur le plan économique.
Eric Maurel, procureur général près la Cour d’appel de Basse-Terre
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