C’est une personnalité guyanaise décédée. Jean-Pierre Drelin, agriculteur et chef d’entreprise, décédé lundi 27 octobre à l’âge de 72 ans, avait consacré sa vie professionnelle à l’agriculture. Roland Delannon se souvient d’un pionnier visionnaire, un exemple pour la nouvelle génération d’agriculteurs.
Les hommages ont été nombreux à l’annonce du décès de l’agriculteur Jean-Pierre Drelin décédé chez lui entouré de ses proches. Il était très apprécié du monde agricole pour ses engagements décisifs en faveur du développement de la souveraineté alimentaire en Guyane.
Jean-Pierre Drelin entretient une longue et amicale amitié avec Roland Delannon, l’un des dirigeants du mouvement indépendantiste guyanais dans les années 1970. L’évocation de la mémoire de Jean-Pierre Drelin a provoqué une très forte émotion chez son ami.
« Nous nous sommes croisés au cours des années de lutte pour l’indépendance, de lutte sociale, agricole et économique. M. Drelin était de la même génération que mon jeune frère, Christian Delannon. J’ai ensuite marché avec lui d’une manière différente. D’abord professionnellement comme technicien alimentaire, notamment dans la coopérative où il était président « La coopérative fruitière agricole » et même pendant la période de clandestinité, j’ai beaucoup discuté avec mon frère et lui de leurs engagements. Ils étaient à l’époque leaders du monde agricole guyanais dans le cadre du Plan Vert. Leurs fermes étaient magnifiques et étonnantes, les ministres de passage ne manquaient pas de passer chez eux car ils avaient des fermes exemplaires de plusieurs centaines d’hectares avec des centaines de bœufs, mais ils ont tout perdu… »
« Le système n’est pas fait pour nous Guyanais, poursuit Roland Delannon. Le Plan Vert a profité à ceux qui viennent de l’extérieur, de France avec des dons de terres, des prêts bonifiés. Jean-Pierre Drelin et mon frère ont dû hypothéquer leur propriété pour intégrer le Plan Vert. Ils avaient cette audace comme les autres Guyanais mais ce n’était pas fait pour nous. Ils l’ont payé cher en perdant leurs terres. Jean-Pierre Drelin a dû tout reconstruire. Il est reparti de zéro. Ceci est un exemple, peut-être unique. Il a reconstruit sa ferme après avoir tout perdu et aujourd’hui, son fils possède la première usine alimentaire de Guyane. Son départ est une perte très forte qui me touche très profondément. »
Et de souligner la résilience de l’agriculteur qui a su se relever avec une ténacité sans faille et monter une exploitation viable. Jean-Pierre Drelin était un travailleur acharné, ce qui lui a permis d’occuper une position de leader dans l’industrie. Il fut président de la Chambre d’Agriculture mais pas pour longtemps car il fut démis de ses fonctions. Il est à l’origine de la seule entreprise avicole de Guyane qui assure une production d’œufs suffisante pour la population.
« Jean-Pierre avait l’amour du travail, de son pays. Il a été la réponse vivante au mythe qui circule concernant la paresse des Guyanais, notre incapacité à nous développer et à prendre soin de nous-mêmes. Il a répondu à ces mythes. J’espère qu’un jour, s’il y a une école supérieure agricole, on étudiera son parcours, ses actions pour qu’il y ait une filière agroalimentaire viable qui se mette en place en Guyane. Il y a contribué et j’espère que son exemple servira au développement de ce secteur… C’est un combat qui continue. »
Les obsèques de Jean-Pierre Drelin ont eu lieu cet après-midi dans sa ville d’adoption, Montsinéry-Tonnégrande.
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