Bruno Retailleau s’alarme d’une « mexicanisation » du pays. Il faut dire que la semaine a été particulièrement violente. Cela a commencé avec cet enfant de 5 ans qui a reçu une balle perdue dans la tête à Rennes. Puis une fusillade entre bandes rivales a impliqué des dizaines de personnes vendredi à Poitiers. Le même jour, un jeune homme de 18 ans a été abattu dans le centre de Valence. La piste des règlements de compte est évoquée par l’AFP.
Pouvons-nous être d’accord avec le ministre de l’Intérieur sur ce point ? Pas encore. Il faut comparer ce qui est comparable. Au Mexique, les violences liées à la drogue ont causé plus de 450 000 morts en 20 ans. Alors pourquoi Bruno Retailleau utilise-t-il ce terme ? Sans doute parce qu’en mai dernier, dans une note confidentielle que franceinfo a pu consulter, la police judiciaire s’inquiétait des similitudes entre les profils des jeunes Français impliqués dans des règlements de comptes liés à la drogue et des sicarios, ces tueurs à gages venus d’Amérique latine.
Quant à savoir si la France est en train de devenir un narco-État, où toutes les institutions sont infiltrées par des cartels ? « On est loin d’en être là »» rassurait à l’époque la procureure de la République de Paris Laure Beccuau, toujours sur les ondes de nos confrères.
S’il y a une offre aussi importante, c’est parce que la demande suit
Pourtant les faits sont là. Alors, de quelles armes disposent les pouvoirs publics pour lutter contre ce fléau ? Des magistrats mexicains en visite en France cet été ont proposé d’établir «des sanctions plus sévères». Un argument repris par Bruno Retailleau, qui en a fait son cheval de bataille.
Mais les personnes qui participent à ces trafics et aux règlements de comptes qui en découlent ne se soucient pas des lois. Les renforcer ne les intimidera pas.
Le gouvernement va lancer une campagne de communication très « cash » pour « mettre les consommateurs face à leurs responsabilités ». Parce que le problème est là. S’il y a une offre aussi importante, c’est parce que la demande suit. Reste à savoir s’ils arrêteront de consommer parce qu’ils ont vu un spot à la télé ou une affiche sur un abribus…
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