Ils ont reçu 14 000 appels en six jours. Le centre de traitement des alertes des pompiers de la Manche a été particulièrement sollicité début novembre 2023, lorsque la tempête Ciaran a traversé le département. Une tempête qui était sur les radars de Météo France depuis quelques temps. Cela a permis aux pompiers de la Manche de s’organiser pour y faire face. « Ce phénomène était très attendu. Six jours à l’avance, nous étions prévenus d’une situation qui se dégradait, ce qui vient seulement d’être confirmé. Nous n’avons pas été surpris, ce qui n’était pas le cas en 1987 et 1999. » souligne le lieutenant-colonel Guillaume Quétier, chef du groupe de gestion opérationnelle des pompiers de la Manche.
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« Pouvez-vous m’aider avec du carburant ? »
Anticipation qui a permis de vérifier le matériel et poster des hommes dans des endroits clés. A la fois pour surveiller les installations, réagir en cas de coupure de courant et éviter que trop de pompiers ne prennent le volant en cas d’urgence la nuit. Parmi ces personnels postés, l’adjudant-chef Alexandre Groucy. Comme lui, ils étaient huit à passer la nuit du 1er au 2 novembre 2023 au centre de secours de Lessay. « Le vent a vraiment commencé à souffler vers la fin de la nuit. Cela a duré presque toute la matinée. On a attendu que ça se calme pour commencer à aller voir ce qui se passait. »explique le livreur professionnel d’une trentaine d’années.
Les appels se succèdent vers la caserne. « C’était du genre ‘j’ai une partie de mon toit qui est parti’, ‘il y a des arbres sur la route à tel endroit’… On a aussi eu des appels un peu plus insolites du genre ‘il faut absolument que j’emmène ma femme. à l’hôpital pour des tests, je suis en panne d’essence, les stations-service ne fonctionnent pas, pouvez-vous m’aider avec du carburant ? Cela a duré près de deux semaines. Notamment auprès des personnes qui ont découvert les dégâts quelques jours plus tard, en arrivant dans leur résidence secondaire.»confie l’adjudant-chef.
Les pompiers de Lessay ont traité plus de 500 interventions en deux semaines. « Le problème que nous avions à Lessay, c’était que nous étions coupés du monde par rapport à l’état-major. Nous n’avions plus d’électricité, ni d’internet, et nous avons même fini par perdre le réseau téléphonique fixe traditionnel. Au final, seuls deux collègues étaient joignables par le Codis via le réseau Bouygues Télécom. Entre les alertes lorsque le système informatique fonctionnait plus ou moins, et les personnes qui venaient directement au centre d’urgence, en fait, à l’ancienne, a-t-on noté sur un tableau. Il fallait aussi assurer nos missions actuelles »souligne le pompier qui s’y essaie.
4 300 interventions liées à la tempête dans la Manche
Le vendredi 3 novembre, un véhicule doté d’une liaison satellite a été envoyé sur place pour effectuer les interventions. Et permettre également aux renforts du Centre Val de Loire de se rendre directement sur le terrain durant le week-end. Mais un an plus tard, plusieurs enseignements ont été tirés par les pompiers de la Manche. Notamment sur la question du matériel, souligne le lieutenant-colonel Guillaume Quétier. « La même chose s’est produite en 1987 et en 1999 : on s’équipe, le matériel devient obsolète à cause de son âge et non à cause de son utilisation. Et lorsque l’événement survient, il manque. Nous avons mis en place les mesures pour corriger cela : c’est un peu plus de stock de lattes, de bâches, de tronçonneuses ».
En six jours, du 1er au 6 novembre, les pompiers de la Manche ont réalisé près de 5 000 interventions, dont 4 300 liées à la tempête. Parmi eux, 3.000 sur les toits, 700 pour le déblaiement de la voie publique et 300 pour les inondations.
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