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Portrait – Pierre Bochaton (Bordeaux-Bègles), Ain (connu) frappe à la porte du XV de

Forfait de dernière minute avec les Bleus pour cause de lumbago, il est arrivé à Bordeaux-Bègles dans un certain anonymat. Originaire de Bourg-en-Bresse, celui qui était passé sous tous les radars de détection a rapidement réussi à s’imposer en Top 14.

Pierre Bochaton ne retrouvera donc pas Marcoussis tout de suite. Convoqué dans un groupe de 42 joueurs pour préparer la Coupe des nations d’automne avec le XV de , il s’est dans un premier temps déclaré forfait. Mais ce n’est que partie remise. Il avait déjà franchi les imposantes grilles du CNR, c’était en 2021. Il avait alors 19 ans et seulement quelques matches de National dans les jambes avec son club de Bourg-en-Bresse. C’était en mars, au cœur d’une saison improbable et d’un Tournoi des 6 Nations joué dans des conditions sanitaires. “Fabien Galthié recherchait alors des joueurs ayant déjà eu le Covid pour être partenaires d’entraînement du XV de France. C’est tombé sur moi.« Pierre Bochaton n’est pas du genre à tresser ses lauriers ou à se mettre en avant, lui qui était passé sous tous les radars avant cet hiver 2021 et cette invitation surprise.

Depuis, Norbert, son papa, doit se pincer pour y croire. Ancien deuxième rang, reconverti pilier sur le tard, il n’avait jamais imaginé une telle carrière pour son fils. « Il avait pratiqué le judo et joué au football avant de venir au . Il était alors plus grand que tout le monde, ce qui lui donnait un avantage. Mais j’ai toujours pensé qu’il jouerait au rugby à proximité pour s’amuser avec ses amis. Même lorsqu’il est parti à Bourg-en-Bresse à 14 ans, je ne me suis jamais dit qu’il serait professionnel. On a évidemment envie d’y croire et de soutenir notre enfant en tant que parents, mais on se dit qu’il y a tellement d’enfants qu’il ne faut pas fermer les yeux. » Le papa est d’autant plus prudent que les débuts de son fils à Bourg-en-Bresse ressemblent à un long chemin de croix. “Il n’a pas pu courir pendant dix-huit mois à cause d’une ostéochondrite.“Un terme médical un peu barbare qui revient à dire que la croissance va mal.”Lorsqu’il peut enfin revenir, il joue quelques matches en Espoirs. Le club souhaitait lui faire signer un contrat avec le centre de formation. Avec sa mère, nous étions bluffés puisqu’il avait à peine joué.“Après avoir été ralentie pendant un an et demi, la machine va ensuite accélérer de façon spectaculaire.”Il était hors de tous les radars de haut niveause souvient Thomas Choveau alors entraîneur des avants de Bourg-en-Bresse, aujourd’hui à la Section de Pau. Je l’avais vu jouer dans Espoirs. Il était dominant et très intéressant. Il ne pouvait pas s’entraîner quotidiennement avec l’équipe première car il n’avait pas un cursus adapté. Il venait avec les pros pendant les périodes de vacances scolaires, c’était une manière de l’intégrer. Nous avons senti le potentiel et nous l’avons intégré au centre de formation la saison suivante pour qu’il puisse s’entraîner avec nous toute l’année. Il a fait la pré-saison et quand on a senti qu’il était prêt, on l’a lancé en National contre Chambéry en octobre. Il prend une place de plus en plus importante dans l’effectif au point qu’il dispute la promotion en Pro D2 en fin de saison. Mais dès ces premiers matches d’avant-première, plusieurs clubs le contactent.

Il voulait être paysagiste

Un stage en équipe de France U20 de développement à Bastia et un match contre l’Italie ont confirmé le ressenti de Thomas Choveau : «Nous avions des données sur son entraînement à Bourg et nous avons constaté qu’il bougeait très bien mais nous ne connaissions pas les attentes au niveau des moins de 20 ans avec des enfants qui s’entraînent depuis longtemps et qui sont tous dans des équipes de haut niveau. 14 ou Pro D2. Après ce stage, les préparateurs physiques, désormais en équipe de France, nous ont dit qu’ils avaient été émerveillés et que Pierre avait les gènes du haut niveau. Un monde inconnu s’ouvre à ceux qui jouent en deuxième ligne. Norbert doit encore se pincer : «C’était surprenant. On se demande ce qui se passe. Nous rencontrons Mignoni, Urios, des gens que nous voyons à la télévision et nous nous retrouvons à discuter avec eux autour d’une table. C’est bizarre. Nous ne savions pas ce qu’était un agent. Pierre souhaitait devenir paysagiste et Laurent Marti était très intéressé et lui a trouvé un stage chez un partenaire du club.

Pierre Bochaton (en haut, deuxième à gauche) a rendu visite à Marcoussis avec son club du Rugby Trévoux Châtillon.

Le président de l’UBB a vite compris qu’il n’avait pas commis d’erreur en donnant sa chance à un jeune joueur de Nationale. Pierre Bochaton a rapidement trouvé sa place dans la rotation, ce qui n’a pas surpris son ancien entraîneur à Bourg-en-Bresse : «Je n’ai pas vu ses limites car il est capable de stocker beaucoup d’informations et il a cette capacité à élever son niveau par rapport à son environnement. Tout est allé très vite à Bordeaux où il a su se montrer même lorsque l’équipe était un peu moins dominante. Il a su devenir un joueur indispensable sans jamais vouloir se mettre en avant, s’efforçant de briller dans des tâches obscures. “Il a un grand gabarit mais il tacle très bien, très bas avec une grande capacité d’échouement. Il accomplit de nombreuses tâches obscures avec une grande qualité pour répéter les efforts de course. Il arrive donc souvent en premier dans les zones de ruck, apportant ainsi un appui offensif. C’est précieux. En défense, il est là, il s’explique, il met la pression sur l’adversaire même s’il n’est pas un spécialiste du jeu au sol. Il est également bon dans les poursuites après avoir donné des coups de pied pour bloquer les redémarrages adverses. Il ne cherche pas vraiment beaucoup à toucher le ballon mais il fait des efforts pas forcément visibles qui sont précieux pour une équipe.

« Cutter » dès le plus jeune âge

Des qualités qui lui sont naturelles selon son premier éducateur Stéphane Morel au club Rugby Trévoux Châtillon : «Il courait partout et c’était un gros plaqueur. Il avait toujours la tête dedans et c’était difficile de le faire sortir et de jouer dans les groupements. Il a toujours voulu y aller (rires). Surtout, il s’attaquait à tout ce qui bougeait et rien ne passait. C’était notre coupeur. Cependant, il n’était pas le plus fort, même s’il avait l’avantage de la taille. Il n’a pas abandonné, il s’est toujours entraîné quelle que soit la météo. Il avait une colère incroyable. Toujours envie de bien faire et très exigeant. Il fallait le gérer parce que lorsqu’il échouait dans certaines choses, il ne l’acceptait pas.« Un personnage qui fait de lui un vrai emmerdeur sur le terrain, le genre de joueur dont on a du mal à se débarrasser, toujours présent de ruck en ruck. Celui sur lequel on compte se battre, quel que soit l’adversaire en face, comme lors de la victoire à Toulouse en début de saison où il a fait perdre son sang-froid à Emmanuel Meafou.J’aime travailler en défense, explique Pierre Bochaton, toujours un peu mal à l’aise pour parler de ses performances personnelles. Maintenant, tu ne peux plus être chiant sur le terrain, sinon tu ne joueras plus au rugby. Nous en arrivons à oublier l’essentiel, comme être solidaire, réactif. Il vous suffit de donner tout ce que vous pouvez. Après, Yannick (Bru) veut qu’on travaille beaucoup dans les mêlées pour ralentir tout le monde car c’est toujours difficile de défendre contre une équipe qui avance.» Un sens du combat et du sacrifice qui a aussi convaincu Fabien Galthié de le convoquer avec les Tricolores qui doivent remettre le bleu d’échauffement après une année qui a ramené le XV de France à l’humilité. C’est certainement la première qualité du troisième ou deuxième ligne de l’Union Bordeaux-Bègles Norbert devra encore se pincer : «Même maintenant, quand j’allume la télévision pour regarder ses matchs, j’ai du mal à y croire. C’est encore beaucoup de fierté et d’incrédulité.» D’autant que Pierre Bochaton est toujours surprenant quand le niveau monte, quand les matches comptent, lui qui n’a marqué que deux essais dans toute sa carrière professionnelle. C’était au Matmut Atlantique à Bordeaux. La première fois face au Stade toulousain lors d’un match phare de la saison régulière. La deuxième fois, face au Stade français, en demi-finale du Top 14. Pierre Bochaton est un joueur de l’ombre qui profite de prendre la lumière.

 
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