Café, jeux d’argent, restaurants du midi… Les bistrots et les cafés sont les marqueurs de la culture française. Le ministère de la Culture a annoncé le 27 septembre leur entrée au patrimoine culturel immatériel français. Dans les villes et villages du Nord-Pas-de-Calais, ces bars sont de formidables lieux de convivialité.
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« Puis-je vous donner deux paquets de cigarettes ? »» précise Dominique Foulon, propriétaire du bar tabac Le Royal à Bruay-la-Bussière (Pas-de-Calais). Boissons chaudes au comptoir, jeux de grattage, journaux, à toute heure, voilà ce que viennent chercher les habitués de cet établissement.
Depuis vendredi 27 septembre 2024, des bistrots ou cafés comme celui de Dominique Foulon sont classés au patrimoine culturel immatériel français. Cet art de vivre unique au monde vient d’être reconnu afin d’être protégé.
« Les gens viennent ici pour créer du lien social et se remonter le moral avec un café »confie le manager de 58 ans. C’est précisément pour le « contact humain » que le gérant du bar tabac a quitté son ancien poste d’enseignant en 2015. L’ambiance n’est pas toujours au beau fixe du côté du commerçant. « En ce moment, les temps sont difficiles, nous tenons bon. Les gens ont changé leur façon de consommer depuis le covid », dit-il.
L’inscription au patrimoine culturel immatériel, l’assurance de sauvegarder les 40 000 cafés et bistrots qui subsistent dans les villes et villages de France ? Pour Audrey Parent, qui a repris le café il y a deux ansElisée à Anor (Nord), la réponse est oui. « Ôn est la dernière âme du village. Aujourd’hui, il ne reste qu’un seul café, avant la Seconde Guerre mondiale, il y en avait une cinquantaine ici.»
Audrey est une ancienne employée de supermarché, son mari travaillait comme boucher-charcutier-traiteur. Au caféÉliséeouvert toute la journée, l’ambiance est familiale. Clients de passage ou fidèles viennent déjeuner, tripes à la caennaise ou poulet waterzoï, à des prix abordables. « L’après-midi, certains clients jouent même à la belote »dit le gérant.
Le « convivialité »l’ADN des cafés et bistrots, selon la fiche d’inventaire du patrimoine culturel immatériel de France, longue de 22 pages. « Nous allons au café pour rencontrer des personnalités notables. Les gérants savent souvent tout de la vie du village »explains Julie Patte, sales representative for a brasserie, who visits cafes and bistros in Nord-Pas-de-Calais. « Chaque établissement est unique par son ambiance. Notre région se distingue par sa culture des estaminets, café-restaurant populaire typique de la Flandre française. Dans ce type d’endroit, au programme : repas généreux, bière à volonté et jeux flamands.
« Une chose est sûre, le Nord-Pas-de-Calais n’est pas en reste en matière de cafés et bistrots »assure Alain Fontaine, président de laassociation pour la reconnaissance de l’art de vivre dans les bistrots et cafés en France.
Le restaurateur parisien se bat, depuis six ans, pour l’inscription des cafés et bistrots à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français. Son constat : les cafés et les bistrots disparaissent. Selon l’INSEE, ils étaient 500 000 en 1900 contre à peine 40 000 en 2024. « La déruralisation et la désindustrialisation ont provoqué la fermeture de nombreux cafés et bistrots »analyse Alain Fontaine.
Nous devons tout faire pour éviter la fermeture des cafés, notamment dans nos villages.
Alain Fontaine, président de l’association pour la reconnaissance de l’art de vivre dans les bistrots et cafés en France
« Nous devons tout faire pour éviter la fermeture de cafés, surtout dans nos villages. Aide aux récupérations ou transmissions, rétablissement de la mention « bistro-café » à l’école, aux conférences ou encore aux expositions, l’association d’Alain Fontaine aspire à faire “l’art visible de vivre. Si aujourd’hui ces propositions sont encore embryonnaires, les patrons de bistrots et de cafés espèrent que l’inscription de leurs lieux de travail au patrimoine culturel immatériel français pérennisera leur métier. Le dossier sera soumis à la reconnaissance de l’UNESCO.
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