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“Ce que nous voulons, c’est avant tout une vision”, affirme le numéro 2 de la FNSEA, en visite dans l’Indre

Les élections aux chambres d’agriculture auront lieu en janvier 2025, partout en . La campagne bat son plein dans l’Indre. La FDSEA et la JA, qui présenteront une liste commune, ont ainsi reçu Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA, mercredi 16 octobre 2024, lors d’une réunion à l’auditorium du Crédit agricole de Châteauroux. Entretien.

Hervé Lapie, quel est l’objectif de votre visite dans l’Indre ?

« Il y en a deux. Tout d’abord, écoutez les agriculteurs et évaluez la situation dans laquelle ils se trouvent. Les récoltes sont catastrophiques, en Indre comme partout en France, et la situation sanitaire est préoccupante, notamment avec la propagation de la fièvre catarrhale (BFT). Et puis, il y a tout un volet de soutien, à l’heure où il faut remettre du cash dans les exploitations agricoles pour financer le cycle agricole de 2025, où les résultats d’exploitation sont mauvais, voire très mauvais un peu partout. »

“Produire est un acte noble”

Quels leviers comptez-vous actionner pour y parvenir ?

« Si nous voulons que l’agriculture reste un pilier de notre souveraineté alimentaire, nous devons être capables d’offrir de nouvelles perspectives aux agriculteurs d’ici trois à cinq ans. Nous demandons donc un soutien sanitaire autour du FCO et une compensation pour les pertes directes et indirectes. Une première enveloppe de 75 millions d’euros a été annoncée lors du Sommet de l’élevage, mais elle ne sera certainement pas suffisante… D’autant que nous souhaitons qu’elle inclue les vaccins contre les FCO de types 4 et 8, ainsi que la maladie hémorragique épizootique (EMH) ; cependant, pour l’instant, on ne nous dit cela que pour le FCO 3.

Le deuxième volet consiste à obtenir des prêts à un taux bonifié de l’État, de 1,5 ou 1%, notamment pour les agriculteurs qui viennent de s’installer. Nous travaillons avec les banques pour refinancer des prêts à court terme de trois ou cinq ans, et des actions prises en charge par l’agriculteur, l’État et la banque. »

Près d’un an après le mouvement de contestation agricole, qu’avez-vous obtenu et qu’attendez-vous encore ?

« Nous avons le sentiment d’avoir été entendus, écoutés, mais que les faits ne se sont pas concrétisés. Nous demandons au gouvernement de reprendre ce qui avait été entrepris par le gouvernement Attal avant la dissolution. C’est ce que nous négocions pour l’élevage, la précarité, l’épargne de précaution… Mais ce que demandent aujourd’hui les agriculteurs, c’est avant tout une vision. Nous avons travaillé tout l’été sur la loi Entreprenariat dans l’Agriculture, qui remet l’agriculture sur un cap stratégique. Quand on sait qu’on va avoir 40% de nos managers opérationnels à renouveler, il faut fixer un nouveau cap, c’est indispensable. »

Vous plaidez également pour « redonner de la compétitivité » à vos exploitations…

« Il faut oser parler de produits phytosanitaires, de stockage d’eau… Produire est un acte noble et aujourd’hui, on a l’impression que moins on produit, mieux on se porte… Sauf qu’on importe de plus en plus de produits qui ne respectent pas nos normes sanitaires, environnementales et sociales. À un moment donné, il faut freiner. Nous remettons une pression assez forte sur le gouvernement dans les départements pour que cette loi voie le jour. »

Quel dossier espérez-vous voir aboutir à court terme ?

« Le grand sujet du moment qui nous intéresse est la simplification des normes. Apparemment, une personne a été embauchée à cet effet au sein du gouvernement et le premier ministre s’y est engagé. Mais tout le monde s’y engage à chaque fois que nous avons un nouveau gouvernement. Il faut maintenant que ce soit efficace et nous n’allons pas abandonner. Par exemple, aujourd’hui, un agriculteur qui demande l’entretien de ses fossés et cours d’eau reçoit sa réponse entre dix et douze mois plus tard ! Mais nous avons un rythme de business : ce dont nous avons besoin, ce sont des réponses dans un délai de deux semaines ! »

Que demandez-vous pour l’élevage, qui représente une activité importante dans l’Indre ?

« Il y a des contraintes bien trop fortes sur l’élevage, alors qu’il faut consolider notre souveraineté alimentaire. Toutes les nouvelles normes constituent un frein au développement de nombreuses productions. Nous sommes plutôt favorables à la protection de l’environnement et à la pérennité de notre profession, mais trois piliers doivent être réunis : l’économique, l’environnement et le social. Et quand l’un prend le pas sur l’autre, c’est souvent au détriment de la production. Il faut donc arrêter de se contraindre toujours plus, et mettre en place des directives européennes plus égalitaires, notamment sur les produits phytosanitaires. Certains de nos confrères européens disposent de ressources que nous n’avons plus en France ; il s’agit là d’une distorsion de concurrence qui n’est pas tolérable. »

En Indre, 50% de réduction sur le TFNB

Mélanie Soulas-Barrault, présidente de la JA de l’Indre, et Jérôme Tellier, président de la FDSEA de l’Indre, saluent le « réactivité » services locaux de la préfecture, de la Direction territoriale (DDT) et de la Direction générale des finances publiques (DGFiP). Les deux syndicats agricoles et la Chambre d’agriculture se félicitent d’avoir obtenu une réduction de 50% sur la Taxe sur les Terrains Non Bâtis (TFNB) 2024 pour les agriculteurs ayant subi des pertes de récoltes, suite aux intempéries exceptionnelles de ces dernières semaines. Cet allègement, qui représente une enveloppe d’environ 5 à 6 millions d’euros pour le département, sera mis en œuvre par les services de l’Etat, sans action particulière de la part des bénéficiaires. Elle sera appliquée sur tout le département, et à toutes les catégories de cultures (terres, prairies, vergers et vignes). “Mais si un opérateur estime que sa perte est supérieure à 50%, il peut formuler une demande individuelle qui sera étudiée”précise Nicolas Pailloux, président de la chambre d’agriculture. “On a même des réductions de 100% pour les cas critiques”adds Mélanie Soulas-Barrault.

 
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