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« Atteindre les objectifs fixés nécessite de disposer d’une capacité de litière suffisante »

Finance News Weekly : A fin septembre 2024, le Maroc a accueilli 13,1 millions de touristes, un record historique. Comment lisez-vous ce chiffre et quels sont, selon vous, les facteurs clés qui ont permis d’atteindre une telle performance ?

Tahiri dit : Ce qui est sûr, c’est que ces performances ne sont pas le fruit du hasard. Ce chiffre record illustre la résilience et l’attractivité du Maroc en tant que destination touristique. Pour comprendre cette performance, il faut d’abord rappeler que le tourisme au Maroc a a connu des moments difficiles depuis les années Covid. Une pandémie qui a frappé le monde et qui n’a pas épargné notre pays. Heureusement, un travail de fond a été réalisé, d’abord par le gouvernement, le ministère de tutelle et la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), qui a mis en place plusieurs programmes évalués à plusieurs milliards de dirhams, dans lesquels se sont inscrits des professionnels, notamment des hôteliers. Cela nous a permis de moderniser notre produit, de rénover les hôtels, de maintenir la qualité de l’hébergement et, surtout, de ne pas perdre l’expertise et le savoir-faire de ceux qui travaillaient dans le secteur et qui risquaient de partir vers d’autres terres. Cette performance est également le résultat d’une stratégie de promotion efficace gérée de main de maître par les équipes de l’ONMT qui, malgré des ressources limitées, ont lancé des campagnes marketing ciblées. Souvenez-vous de la campagne « Maroc, terre de lumière », lancée le 22 avril 2022, simultanément dans 22 pays, pour corriger les effets de la pandémie. Elle a permis de mettre en valeur la diversité de l’offre touristique, et le Maroc a pu se positionner comme une destination sécurisée et variée, allant du tourisme culturel et balnéaire à l’écotourisme et à l’aventure, attirant ainsi des profils de visiteurs divers. L’ONMT a également fait un immense travail sur le terrain, pour voir les clients là où ils se trouvent, pour les rassurer, pour confirmer la stabilité et la notoriété de notre destination. Ce travail local était particuliertout à fait concluant avec plusieurs compagnies aériennes qui ont multiplié les liaisons desservant notre pays et développé le point à point, facilitant ainsi l’accessibilité aérienne à notre destination. Les professionnels participent également à cette dynamique et n’hésitent pas à prendre leur bâton de pèlerin, et à sortir les dernières économies qui leur restent pour aller voir les clients des différentes foires et expositions internationales. Ils étaient également très bien représentés par la Confédération nationale du tourisme (CNT) et leurs fédérations professionnelles, notamment la Fédération nationale de l’hôtellerie (FNIH) et la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM). Ceux-ci ont assuré accompagner les autorités de tutelle dans la mise en place de cette dynamique vertueuse dans le secteur touristique, à travers une feuille de route bien étudiée pour 2026-2030. A tel point que pour la première fois dans l’histoire de notre pays, nous dépasserons en 2023 les seuils de 14,3 millions de touristes et de 105 milliards de dirhams de recettes en devises. Cette dynamique se poursuit et les résultats sont là : Plus de 13,1 millions de touristes à fin septembre, et plus de 76 milliards de DH de recettes en devises à fin août. C’est tout simplement exceptionnel et cela confirme l’énorme potentiel du tourisme pour accompagner le développement économique et social de notre pays.

FNH : Augmenter la capacité d’accueil à plus de 13 000 lits d’ici 2026 est une priorité pour le ministère. Quels sont les principaux défis à relever pour atteindre cet objectif et comment les acteurs privés du secteur hôtelier peuvent-ils y contribuer ?

ST : Atteindre les objectifs fixés dans le cadre de la feuille de route nécessite de disposer d’infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires et hospitalières de qualité, mais aussi de capacités de déchets suffisantes, afin d’absorber le flux de touristes souhaitant se rendre dans notre pays. Nous sommes donc confrontés à plusieurs défis. Tout d’abord, cela concerne le financement et les investissements. Les acteurs privés doivent investir massivement dans la construction de nouvelles capacités, mais aussi dans la rénovation et l’adaptation des structures existantes aux standards internationaux. Autre défi : celui de la formation et du développement du capital humain, car nous ne vendons pas de marbre à nos clients, mais plutôt une expérience de vie qui met en valeur notre culture, notre histoire, notre gastronomie, nos messages de paix et notre patrimoine plusieurs fois millénaire. Cette richesse ne peut être partagée que par des femmes et des hommes bien formés à l’excellence et disposant d’un confort de vie suffisant pour leur permettre d’exercer leur métier et d’élever en capacité la qualité de leur service. Parmi les défis figure également le soutien réglementaire, car les procédures administratives liées aux permis de construire et d’exploitation devront être simplifiées et les incitations fiscales renforcées pour encourager l’investissement privé.

FNH : L’Office national marocain du tourisme (ONMT) a récemment relancé sa campagne « Ntla9awfbladna » pour promouvoir le tourisme intérieur. Comment ces dernières peuvent-elles contribuer à l’atteinte des objectifs touristiques du Royaume ?

ST : Le tourisme intérieur est un levier essentiel pour assurer une croissance durable et résiliente. Il contribue à la stabilité des flux touristiques, et représente un coussin permanent pour les opérateurs, puisqu’il permet de compenser la baisse des flux internationaux en période de crise. Aussi, la promotion du tourisme interne incite les Marocains à découvrir des régions moins fréquentées, ce qui favorise un développement territorial plus équilibré. La campagne « Ntla9awfbladna » a joué un rôle central en encourageant les citoyens à redécouvrir leur pays et à stimuler l’économie locale. D’autres propositions pourraient également favoriser le développement du tourisme interne. Cela concerne notamment l’étalement des périodes de vacances sur trois régions administratives pour réduire la pression de la demande sur les établissements classés. On parle également de l’instauration de chèques vacances détaxés, une proposition discutée avec les autorités de tutelle et qui pourrait, si elle est appliquée, relancer la consommation touristique des Marocains dans leur pays. FNH : En termes de qualité de service, le ministère envisage de former de nombreux professionnels du tourisme dans les années à venir. Comment cela peut-il influencer l’expérience touristique globale au Maroc ? ST : La formation continue et la montée en compétences des professionnels du tourisme ont un impact direct sur la qualité de l’expérience client à travers l’amélioration du service. Des employés mieux formés peuvent fournir un service plus personnalisé et attentif, ce qui améliore la satisfaction des visiteurs. Il faut aussi miser sur l’innovation et la créativité, car les formations axées sur les nouvelles technologies et les tendances mondiales permettent d’innover dans les services et les offres touristiques. Aussi, un personnel qualifié et multilingue renforce la réputation du Maroc comme destination haut de gamme, capable de répondre aux exigences des voyageurs les plus exigeants. En formant un plus grand nombre de professionnels, le Maroc veille à ce que sa montée en gamme ne se fasse pas au détriment de la qualité du service.

FNH : Les programmes d’incubation lancés par la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) pour accompagner les PME innovantes dans les domaines de la gastronomie, du jeu et de la digitalisation semblent prometteurs. Comment ces initiatives peuvent-elles transformer l’écosystème touristique marocain ?

ST : La SMIT a clairement joué un rôle central dans la dynamique positive de notre secteur, puisque les programmes d’incubation ciblant les PME innovantes dans les domaines de la gastronomie, du jeu et de la digitalisation ont assuré une transformation considérable du secteur. Grâce au suivi et à l’accompagnement qu’elle apporte aux professionnels, la SMIT a grandement contribué à la diversification de l’offre touristique, avec des initiatives encourageant la création de nouveaux produits touristiques, notamment autour des nouvelles technologies et des expériences culturelles, enrichissant ainsi l’offre marocaine. Elle a réussi à valoriser les savoir-faire locaux, à mettre en valeur les produits locaux et à aider les professionnels à offrir aux touristes des expériences uniques et authentiques. Ces programmes d’incubation ont également contribué à renforcer l’écosystème numérique, permettant ainsi une meilleure gestion des flux touristiques, de nouvelles plateformes de réservation et une expérience plus fluide pour les visiteurs. Nous ne pouvons, en tant que professionnels, que saluer la performance de la SMIT et ses efforts déployés dans un contexte international très compétitif et difficile.

 
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