(Sainte-Marthe-sur-le-Lac) Alors que l’on constate de plus en plus de refoulements d’égouts et d’inondations dues aux pluies extrêmes, les citoyens deviennent des survivants de l’eau. Comment ? En récupérant des milliers de litres d’eau de pluie grâce à un système audacieux relié à une citerne souterraine.
Publié à 1h05
Mis à jour à 6h00
Dans un quartier de Sainte-Marthe-sur-le-Lac devenu tristement célèbre en 2019 après la rupture d’une digue, la maison de Martin Pelletier n’a rien d’exceptionnel. En apparence, du moins. Car à l’intérieur, il est équipé, de la cave jusqu’aux combles, pour ne pas perdre une seule goutte de pluie.
Toute l’eau est dirigée vers un réservoir cylindrique d’une capacité de 2000 litres à travers 8 canalisations reliées à des gouttières qui montent jusqu’au toit. Le propriétaire l’utilise pour remplir sa piscine, arroser et entretenir son terrain. Il s’équipe également d’un tonneau et d’un puits sec.
Le plus ironique, dit le policier du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) en nous dévoilant l’emplacement des installations souterraines, c’est que son idée de récupération d’eau est née bien avant l’inondation de 2019. , qui a touché un quartier voisin.
Il y a une dizaine d’années, vers 2010, la rivière des Mille Îles voyait son niveau baisser au point de menacer de priver d’eau potable une douzaine de villes de la banlieue nord de Montréal. Des travaux d’aménagement des bas-fonds du lac des Deux Montagnes ont ensuite été réalisés sous la supervision du ministère de l’Environnement.
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« À ce moment-là, je me suis dit qu’on se dirigeait vers une pénurie d’eau, qu’on allait en manquer », raconte la résidente des Basses-Laurentides. Je venais d’acheter un terrain pour y construire une maison et j’ai regardé ce qui se faisait ailleurs, en France. En Europe, ils doivent payer leur consommation d’eau. J’ai trouvé un installateur. Aujourd’hui, ma maison, mon cabanon et mon gazebo sont reliés à cette citerne. »
« J’ai bien dormi lors des fortes pluies du mois d’août », ajoute M. Pelletier.
Un intérêt croissant
Au Québec, l’engouement pour la récupération des eaux de pluie est tel qu’il y a deux ans, le gouvernement a mandaté un groupe d’experts-conseils composé de spécialistes en eau et plomberie et d’ingénieurs, en plus d’un expert médical. L’eau de pluie peut être utilisée pour chasser les toilettes, les machines à laver, nettoyer les éviers.
Directeur chez Premier Tech, spécialiste des systèmes de récupération d’eau de pluie, Régis Michaud explique qu’il est possible de récupérer entre 10 000 et 50 000 litres, selon le modèle. À Beloeil, en Montérégie, les 17 toilettes et 2 urinoirs du centre de loisirs sont alimentés par un récupérateur d’eau de pluie installé par Premier Tech.
En plus de prévenir les inondations, la collecte des eaux de pluie peut réduire la consommation d’eau potable jusqu’à 70 %, estime Régis Michaud.
« Je pense que nous regarderons en arrière dans 20 ans et cela nous semblera insensé d’utiliser de l’eau potable pour nos toilettes. Nos nappes phréatiques diminuent. En Allemagne, l’eau de pluie est récupérée depuis longtemps. Ici, il y a un intérêt, mais le coût est un gros obstacle », commente-t-il.
De 5 000 $ à 12 000 $
Une installation souterraine clé en main peut coûter entre 5 000 $ et 12 000 $, selon le modèle.
Source : Premier Tech
Des subventions… mais pas pour l’eau de pluie
Depuis les fortes pluies qui ont provoqué des inondations et même entraîné des fermetures de tronçons de route l’été dernier, les municipalités ont multiplié les appels pour protéger les habitations et les bâtiments. Des programmes de subventions pour installer des clapets anti-retour, des siphons de sol, des gouttières et des pompes font leur apparition. Dans la Ville de Montréal, les citoyens peuvent également obtenir, depuis le 27 août et grâce au programme RénoPlex, du financement pour installer une porte de garage étanche ou ajouter un dos d’âne à une entrée en pente.
«C’est du cas par cas», explique le conseiller en urbanisme du service de l’eau de la Ville, Dominic Beaudry.
Le financement peut être d’environ 20 000 $.
À ce jour, 161 demandes de subvention ont été déposées, dont 26 directement liées aux inondations.
Il n’existe cependant pas d’enveloppe pour la récupération des eaux pluviales. Au printemps, l’administration Plante a adopté un Plan d’action sur la résilience aux inondations lors de fortes pluies. Ce plan comprend une dizaine de mesures à destination des citoyens. Sur le territoire public, 400 trottoirs en éponge, des parcs adaptés et des infrastructures dites « vertes » sont prévus.
Par exemple, on ne verra plus de parking plat. Le nouveau Plan d’Urbanisme et de Mobilité 2050 sera adopté l’année prochaine. Il faut s’adapter. Nous avons une responsabilité collective.
Dominic Beaudry, conseiller en développement au Service des eaux de la Ville de Montréal
« Ce qu’il faut retenir à propos de l’eau, c’est qu’il faut la retenir, la détourner et pouvoir l’infiltrer », poursuit le conseiller. En ce qui concerne la récupération des eaux de pluie, nous ne pouvons pas nous prononcer pour le moment. Installer un baril semble intéressant. »
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